WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le corps mis en scène dans une médiation théâtrale

( Télécharger le fichier original )
par Farida Amiou
Université Paris Denis Diderot, Paris VII - Master 1 de psychologie 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2) Eros et Thanatos : « Attraper quelque chose du vivant Chez Martine »:

-2.2.1) Pulsion de vie et de mort : « Que se passe t-il dans la salle des machines » ?

En Comparant la situation clinique de Martine (dans le service et à l'atelier théâtre) il apparait très nettement deux scènes, deux « montrer ».

Aussi il y a une différence entre ces deux espaces dans ce que Martine donne à voir.

Ce qui est troublant, c'est le nombre de relectures (pour la correction de fautes de frappe ou de syntaxe), qu'il m'a fallu pour déceler des éléments du côté du vivant.

Il s'agit là, d'un vrai travail d'anamorphose où la mise en perspective donne un autre visage de la situation. Francis Bacon regarde par le haut ses peintures, aussi, ce recul donne à voir un corps en son ensemble (Cf. la couverture). En me décalant de ma fonction d'infirmière pour aller vers celle de la psychologue clinicienne en devenir, mon regard s'est porté sur cette autre scène. Autre scène qui se joue, probablement, de manière plus visible en situation d'improvisation théâtrale ?

Effectivement, bien qu'encore en formation, le travail de clinicienne, selon moi, consisterait en un travail de fouille où l'idée serait de trouver ces fragments de diamants tapis sous un charbon noir et salissant.

Est-ce que ces petits diamants seraient des ruines de quelque chose qui a existé et fut détruit ? Ce quelque chose à l'intérieur de Martine qui brille derrière une chape charbonneuse de symptômes, peut-il être exhumé à des fins thérapeutiques, à des fins de survie, tout simplement ? Le symptôme peut aussi relever de la pulsion de vie et les moyens thérapeutiques ne visent pas à démonter le symptôme, mais davantage à en passer par le sujet (via un processus de subjectivation), en l'amenant à dire ou éventuellement faire dans le dire, comme sur une scène de jeu de l'improvisation par exemple.

Martine, semble conserver ces petits diamants comme des traces mnésiques de moments structurants dans ses premières relations à l'objet, moments qui n'auraient pas pu jouer leur fonction subjectivante car trop irréguliers, trop rares.

Ce quelque chose est bien présent puisqu'il fait saillie dans l'improvisation, il voit le jour. Alors, pourquoi ne tient-il pas au-delà du jeu, pourquoi cette liaison ne tient-elle pas après l'atelier ?

Cette mise en perspective me permet de recueillir ces éléments « vivants » qui m'aide à apporter quelques éléments de réponse à ma problématique.

Ces tout petits diamants trouvés dans la noirceur du symptôme de Martine sont, me semble t-il, sa capacité à susciter la rêverie chez le spectateur, l'identification à son père en tant qu'artiste donc du côté de la création, puis son désir de grossesse.

Le père en tant qu'artiste transforme quelque chose du vivant, en tant qu'identification qui vient faire séparation d'avec la mère.

Chez Martine, ce rideau de « faire »31(*) rend invisible le vivant pourtant présent. La situation théâtrale révèle cette autre scène telle une levée de rideau sur une scène habitée, animée, lumineuse.

Dans la scène mortifère, Martine, semble vouée à une destinée tragique comme les héroïnes de la Tragédie Antique, tant elle court après la mort en permanence (par ses multiples conduites à risques). L'atelier théâtre viendrait, ici, arracher temporairement Martine prise dans une loi folle, à cette destinée tragique.

En rédigeant ces quelques lignes la question de la pulsion de vie et de la pulsion de mort m'apparait en tant que mise en tension de celles-ci.

Il m'est difficile d'imaginer un règne absolu de la pulsion de mort chez Martine. Pulsion de mort à laquelle Martine serait condamnée à obéir, jusqu'à en mourir (destinée tragique). D'autant plus difficile à concevoir qu'il existe chez elle des éléments du vivant.

Pour tenter de comprendre ce qui peut s'animer comme conflit entre Eros et Thanatos, il faut se référer à Freud (1920) : Au delà du principe de plaisir où il déplie sa théorie sur pulsion de vie et pulsion de mort. Freud, dans cet ouvrage, explique que l'individu est régi par un conflit fondamental entre pulsion de vie et pulsion de mort.

Il évoque la pulsion de mort comme une dérive du besoin biologique de tout organisme vivant, d'un retour à son état initial (par exemple l'apoptose cellulaire). A la pulsion de mort, s'oppose la pulsion de vie dont la libido fait partie.

Pour que la pulsion de vie garde sa valeur, encore faut-il qu'elle dépasse et maitrise la pulsion de mort, en partie.

Quelques années plus tard, Freud affine sa théorie en montrant que lorsque la pulsion de mort domine le conflit, la destructivité de la vie psychique est en marche. C'est-à-dire que la fonction du symbolique qui fondamentalement est ce travail de liaison entre deux représentations, mais qui à défaut de celle ci engendre un gel du processus psychique. Quand la pulsion de vie a le dessus, la composante destructrice est en partie neutralisée et l'agressivité vient se mettre au service de la vie et du Moi.

Chez Martine, il y a cette incapacité à se lier, de façon permanente, à la pulsion de vie. Cette liaison se déroule au moment des improvisations, mais ne semble pas pouvoir tenir au-delà de celle-ci.

Ces petits bouts de vivants que Martine possède pourraient appartenir à la pulsion de vie, mais insuffisamment opérant pour se lier à elle afin de faire barrage à la pulsion de mort.

Dans l'atelier, Martine tente d'attraper quelque chose du vivant avec un filet à papillon qui arrive à capturer ce quelque chose du vivant mais qui le laisse s'envoler tout de suite après l'improvisation.

Avant de parler de pulsion de vie et pulsions de mort, il convient de s'entendre sur la signification du mot pulsion.

Dans Métapsychologie, Freud définit la pulsion comme une poussée dynamique ayant une source, un but, et un objet. Elle agit comme une force constance et est comparable à un besoin qui ne peut être supprimé que par la satisfaction. Il existe deux sortes de pulsions : la pulsion du Moi ou d'autoconservation et le groupe des pulsions sexuelles. Ces pulsions s'étayent sur les pulsions d'autoconservation qui leur fournissent une source organique, une direction et un objet. Il s'agit d'un travail de réflexion hypothétique à partir du dire de patients. Les notions de besoin, d'autoconservations restent insatisfaisantes pour penser le processus thérapeutique.

Freud remplace, par la suite, l'opposition de pulsion sexuelle et pulsion du Moi, par l'opposition de pulsion de vie et de mort.

La pulsion donne à l'humain la force de vivre.

Il précise que l'excitation pulsionnelle ne vient pas de l'extérieure mais de l'intérieure, c'est-à-dire de l'organisme lui-même. Ceci implique que l'appareil psychique est soumis au principe de plaisir et est régulé par des sensations de la série plaisir/déplaisir, c'est ce qu'on peut appeler la notion de représentation.

La décharge pulsionnelle créée un abaissement au plus bas du niveau de tension. Cet abaissement est temporaire.

La pulsion sexuelle est jusqu'ici principalement auto-érotique, elle trouve à présent l'objet sexuel : maintenant un nouveau but est donné à la réalisation duquel toutes les pulsions partielles collaborent, tandis que les zones érogènes se soumettent au primat de la zone génitale.

Le plaisir final est le plus élevé en intensité et diffère dans son mécanisme de ceux qui l'ont précédé. (Freud).

L'anorexie de Martine la place dans un registre d'un renversement dans le contraire de la pulsion (c'est l'un des destins de la pulsion). En effet, ses multiples attaques du corps et ses troubles du comportement alimentaire interrogent du côté du masochisme qui selon Freud tend à un renversement névrotique originaire comme un mélange dans la douleur, de l'intensité sensorielle et de l'excitation sexuelle, se rapprochant aussi d'une pulsion de mort silencieuse. Ceci renvoie au rôle de l'hallucinatoire comme première représentation du sein manquant (objet maternel - pulsion orale) où le masochisme primordiale vient comme première forme d'acceptation de jouer avec la représentation qui résulte de cet hallucinatoire, pour exemple, le jeu du For Da, où le bébé expérimente le manque et va de manière hallucinatoire la combler, par le jeu d'avec la bobine)

Les adolescents, comme Martine, qui prennent le risque de mourir dans leurs conduites semblent espérer trouver une limite à leur angoisse.32(*) Ils vont chercher cet objet primordial du côté de l'oralité d'où le manger « rien » qui est déjà quelque chose.

Ceci interroge sur la fonction de l'improvisation en ce sens qu'elle offre une possibilité de mise en jeu, levant ainsi des défenses destructrices qui emprisonnent Martine. La transformation d'une pulsion en son contraire ne s'observe que dans un cas, celui du passage de l'amour à la haine. L'amour/haine peut être dirigé sur le même objet. En effet, Cet amour/haine vise le même objet parce qu'il y a un travail psychique défensif visant ultérieurement à protéger l'objet maternel en dirigeant la haine vers un autre objet support : c'est le clivage qui précède l'ambivalence et la possibilité du conflit autour du même objet ce qui suppose le passage par la position dépressive, créant ainsi de l'ambivalence (Mélanie Klein)

Freud explique que la pulsion autoérotique implique l'autre dans sa position ; ce qui introduit la dimension d'objet. L'autoérotisme est un mouvement de jouissance qui signe la recherche en soi de cet objet au mieux introjecté.

Il y a ici la création de deux espaces en deux dimensions où va s'inscrire la dimension pulsionnelle et le sujet lui-même.

La trajectoire pulsionnelle dont Martine est la résultante, l'oriente dans la réalité notamment spatiale. Dans cette réalité spatiale, ne serait-on du côté du voir, donc de la maitrise ?En effet, l'image du corps, plus précisément l'image inconsciente du corps il faut des mots, des signifiants qui permettent le passage de l'imaginaire du corps et du spatial à celui du symbolique et d'une possible subjectivation de ce corps qui ne devient plus seulement ce support de jouissance mais peut devenir un lieu de plaisir. En se décalant du corps en tant que tel, les objets de la pulsion invitent à une extension spatiale du corps pulsionnel.

Il n'y a pas la pulsion de mort d'un côté et la pulsion de vie de l'autre. En effet, il y a intrication des deux, où la pulsion de mort se lie à la libido. C'est le principe de la rythmicité sur lequel repose le plaisir qui nécessite l'effet de castration, c'est-à-dire d'arrêt comme dans la jouissance phallique. Le corps de l'anorexique se subjective comme un grand phallus, comme objet venant combler la demande maternel dans le sens où le corps jouit de mourir de faim (ou de fin). Cette intrication se fait par l'intermédiaire de l'objet.

* 31 Jeu de mot pour montrer la force active que déploie Martine pour faire vivre ses symptômes, les rendre tenaces, vivaces.

* 32 RICHARD.F Les troubles psychiques à l'adolescence. « Les Topos » Paris, Dunod, 1998

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo