La République tchèque : analyse de son "retour à l'Europe"( Télécharger le fichier original )par Audrey Arnoult Université Lyon 2 - Master 2 en Sciences de l'Information et de la Communication 2007 |
C. Le Figaro : une sanction ambiguë1. La République tchèque, un pays au faible niveau de vieDeux articles du Figaro nous permettent de comprendre la sanction que le quotidien porte sur la transition de la République tchèque. Un reportage265(*) dans la ville de Prague laisse penser que l'économie tchèque est bien une économie de marché. Les impacts du capitalisme et de l'occidentalisation sont visibles dans les rues praguoises : les salles de fitness « se multiplient », de nombreux centres commerciaux sont apparus et la capitale comptent huit multiplexes. Diverses enseignes françaises sont présentes dans ces centres commerciaux, signe de l'ouverture du marché. Ces évolutions sont tangibles et poussent le quotidien à se demander si « le plus intellectuel des pays de cette Autre Europe[ne] serait pas devenu l'Amérique de l'Est ? ». Cette comparaison est en soi révélatrice des changements qui ont affecté les villes tchèques depuis les années 90. Cependant, cette « frénésie consumériste » n'est pour le quotidien qu'« apparente ». La République tchèque demeure en réalité un pays pauvre dans lequel « rien n'est plus banal que le malheur ». Le Figaro procède de la même façon que L'Humanité : la sanction apparemment positive laisse place à une description stigmatisante de la situation économique et sociale du pays. Contrairement à L'Humanité, le quotidien ne recourt pas à des indicateurs macro-économiques mais se focalise sur le niveau de vie. Il insiste sur la faiblesse du salaire et des retraites dont le montant n'excède pas les 550 euros et les 150 euros par mois. Dans ces conditions, c'est sur la solidarité familiale qu'il faut compter pour « survivre ». Le journal ajoute que « la classe moyenne frôle ici la pauvreté », ce qui laisse penser qu'une large partie des ménages tchèques est concernée. D'autres éléments permettent au quotidien d'insister sur la précarité du niveau de vie : seulement ¼ des personnes est équipée en informatique et 9% des ménages possèdent un lave-vaisselle. Ces détails sont donnés par deux experts, un sociologue de l'Institut de sociologie de Prague et la vice doyenne de l'Université d'économie de Prague, dont le statut ne peut que contribuer à renforcer les propos du journal. Ces précisions ne sont pas anodines pour les lecteurs français car elles leur permettent de comparer le niveau vie en République tchèque au leur. Enfin, nous pouvons faire la même remarque que pour L'Humanité, quant à l'utilisation des données chiffrées. Les salaires mentionnés ne sont pas rapportés au niveau de vie ce qui est ne permet pas vraiment de rendre compte du niveau de pauvreté266(*) et donne une vision faussée de la situation sociale des Tchèques. * 265 Le Figaro, 22 juillet 2004, p. 29 * 266 Jiri Vecernik indique dans un article consacré à la réforme sociale tchèque que « si l'on se réfère au seuil de pauvreté mesuré dans l'UE (60% du revenu médian par tête), il y aurait 8% de pauvres en République tchèque contre 15% chez les Quinze », VECERNIK, Jiri, « Quelle réforme sociale en République tchèque ? », Le Courrier des pays de l'Est, n°1040, novembre-décembre 2003, p. 43. |
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