WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La République tchèque : analyse de son "retour à l'Europe"

( Télécharger le fichier original )
par Audrey Arnoult
Université Lyon 2 - Master 2 en Sciences de l'Information et de la Communication 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

5. Libération : le PC est un spécificité tchèque

Libération ne consacre qu'un seul article relativement court aux élections européennes232(*). Le traitement médiatique de cet événement est assez proche de celui de L'Humanité. En effet, ce que le quotidien retient de ces élections ce n'est pas la victoire d'un parti eurosceptique, mais le poids du PC dans la vie politique, « une spécificité tchèque ». Cette particularité est mise en valeur dès le titre : « République tchèque : le rouge fait toujours recette ». Le PC est un parti « nostalgique de l'ère stalinienne », « le seul resté orthodoxe en Europe centrale ». Sa position par rapport à l'UE est évoquée par un seul mot : le PC est « très anti-européen ». Nous pouvons souligner que le terme employé diffère de celui utilisé par les autres quotidiens. Libération dénonce ouvertement l'hostilité du PC à l'intégration européenne. Cependant, il ne s'attarde pas sur cette opposition et préfère mettre en avant le score du parti aux élections européennes ; un score qui confirme son « incroyable popularité ». Dans un autre article consacré à la fin de la transition post-communiste, Libération met à nouveau en avant cette spécificité tchèque : le PC est « unique à l'Est, [il] est même le second parti du pays »233(*). En associant ces différentes expressions (« très anti-européen », «incroyable popularité »...), le quotidien nous donne l'impression que la République tchèque est un pays communiste, anti-européen. Cependant, les résultats du scrutin qui figurent à la fin de l'article viennent relativiser le poids du PC. En effet, il arrive en seconde position derrière l'ODS avec dix points d'écart ce qui n'est pas négligeable. En outre, le taux d'abstention s'élève à plus de 70% ce qui nuance cette « incroyable popularité ». La République tchèque n'est donc pas un pays anti-européen, la majeure partie des suffrages exprimés s'étant portée sur un parti eurosceptique : l'ODS.

La victoire de cette formation politique se résume à une phrase : « grand gagnant, le parti démocrate civique va grossir le rang des eurosceptiques à Strasbourg ». Le quotidien ne s'intéresse donc ni à la victoire d'un parti eurosceptique ni à la défaite du ÈSSD, simplement qualifiée de « très sévère camouflet ». Aucun terme ne permet de préciser la position de V. Klaus par rapport à l'Europe. Libération se contente d'ajouter que, pour le président, « la hausse de ses additions au restaurant » constitue « le principal changement » survenu depuis l'intégration. Ce constat d'ordre économique nous rappelle de façon implicite que pour V. Klaus l'intégration était principalement synonyme d'opportunités économiques ; c'est donc logiquement sur une question économique qu'il juge à court terme les bénéfices de l'adhésion. Enfin, Libération mentionne le « bon score d'une nouvelle formation libérale et proeuropéenne » qui constitue « la vraie surprise » de ces élections. Il est difficile d'interpréter cette expression : la « vraie surprise » renvoie-t-elle à la présence sur la scène politique d'un parti proeuropéen ou souligne-t-elle le bon score d'un parti qui remporte d'ordinaire peu de suffrages ?

Cette seconde partie de notre analyse nous permet de conclure sur certaines questions que nous avions posées au préalable. Le traitement médiatique des élections européennes en République tchèque nous a permis de repérer des divergences mais aussi des similitudes entre les quotidiens.

Si le scrutin a bien sanctionné la victoire de l'ODS, celle-ci n'est pas au coeur de tous les discours médiatiques. Ainsi, La Croix et Le Figaro se focalisent sur le ÈSSD, présenté comme un parti pro-européen. Le nom de cette formation politique et plus précisément celui son leader, V. ipdla, est associé à l'intégration de la République tchèque dans l'UE. A l'inverse, L'Humanité, Libération et Le Monde n'en parlent quasiment pas. L'Humanité et Libération préfèrent souligner le poids du PC dans la vie politique tchèque. Quant à Le Monde, il évoque principalement la victoire de l'ODS. Les termes auxquels recourent les quotidiens pour désigner ce parti sont assez révélateurs de leur prise de position. L'Humanité, Le Figaro et Libération le considèrent comme un parti eurosceptique tandis que La Croix et Le Monde sont plus engagés et le désignent comme un parti anti-européen. Seuls ces deux quotidiens soulignent les conséquences de l'élection d'une telle formation politique au Parlement européen. Les autres journaux ne semblent pas alarmés par la victoire d'un parti eurosceptique.

Cependant, quelques soient les termes utilisés et les partis privilégiés par les discours, aucun quotidien ne développe de façon précise les conceptions de la construction communautaire de ces différents partis. Il n'est donc pas étonnant que la question de l'identité nationale, pourtant au coeur des débats dans l'espace public tchèque, n'apparaisse à aucun moment dans notre corpus. Ce silence concernant la question de l'identité nationale et plus généralement la vision de l'Europe défendue par chaque parti politique, s'explique peut-être par la méconnaissance des quotidiens.

* 232 Libération, « République tchèque : le rouge fait toujours recette », 15 juin 2004, p. 8

* 233 Libération, « L'Est dilue dans l'UE son passé communiste », 26 avril 2004, p. 6-7

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera