La République tchèque : analyse de son "retour à l'Europe"( Télécharger le fichier original )par Audrey Arnoult Université Lyon 2 - Master 2 en Sciences de l'Information et de la Communication 2007 |
C. Les « dérives » de la vie politiqueSuite à la démission de V. ipdla au poste de Premier ministre, V. Klaus a désigné S. Gross, un social-démocrate, pour le remplacer234(*). Cette nomination a donné lieu à des discours dans presque tous les quotidiens en raison notamment du parcours atypique de cet homme politique. Il a nous semblé intéressant d'inclure ces articles dans notre corpus puisqu'ils nous donnent des éléments sur le fonctionnement du système politique et sur les pratiques démocratiques. En effet, il est admis que la République tchèque a achevé sa transition politique et répond aujourd'hui aux exigences de la démocratie. Cependant, des dérives existent. La République tchèque doit poursuivre ses efforts pour lutter contre la corruption et satisfaire complètement aux exigences d'un régime démocratique. 1. Le Monde : un Premier ministre dénoncé pour son manque d'intégritéLe Monde consacre un article à la nomination de S. Gross235(*), un discours qui se distingue des autres articles de notre corpus. En effet, le quotidien constate dans un premier temps la popularité de cet homme politique : « il est populaire non seulement au sein du parti social-démocrate mais aussi parmi les citoyens ordinaires », c'est d'ailleurs « l'homme le plus populaire ». Cependant, c'est sur la division que produit le Premier ministre que se focalise le journal, comme l'indique le titre : « la République tchèque se divise sur la personnalité du Premier ministre ». Cette idée de division revient à plusieurs reprises dans l'article : S. Gross « suscite une profonde division du pays en deux camps de taille inégale », « il provoque des réactions tranchées d'adhésion ou de rejet ». D'un côté, il est « honni par les intellectuels et le patronat » ; de l'autre, il « est adulé par le petit peuple dont il est issu ». La popularité de S. Gross ne fait donc pas l'unanimité. Contrairement au Figaro et à Libération qui se focalisent sur sa carrière politique pour expliquer cette popularité, Le Monde construit son article autour de deux thèmes différents : le faible ancrage idéologique et le manque d'intégrité de cet homme. Le quotidien signifie ainsi qu'il se place dans le camp de ceux qui « rejettent » S. Gross. D'ailleurs nous pouvons remarquer que Le Monde ne consacre qu'un court paragraphe à sa carrière politique et ne dit rien de ses compétences, contrairement au Figaro et à Libération. En effet, S. Gross a « été vite propulsé à d'importantes fonctions », un passif qui sous-entend que ces fonctions ne lui ont pas été confiées pour ses compétences. Le Monde semble donc se placer du côté des « détracteurs » de S. Gross qui le taxent de « populisme ». Il s'appuie sur les propos d'un politologue, rapportés au discours direct : S. Gross « est surtout un technicien du pouvoir sans profond ancrage idéologique », une façon de signifier que la popularité dont il fait l'objet n'est pas liée à ses convictions politiques. D'autres éléments confirment ce faible ancrage idéologique. Le Monde parle d'une « imposante campagne de charme » pour les élections législatives et J. Pehe, politologue, souligne que S. Gross « recherche avant tout des solutions pragmatiques et de compromis qui déplaisent à un minimum de gens ». Enfin, il « s'est imposé comme un homme providentiel » aux élections européennes. Le Monde termine l'article en insistant sur les divers reproches adressés au Premier ministre notamment celui de recruter « ses collaborateurs parmi les policiers et cadres moyens de l'ancien régime communiste ». Si Le Monde ne fait pas directement allusion à la compromission de S. Gross, le portrait qu'il brosse de cet homme politique suffit à nous donner une certaine image du système politique et des pratiques démocratiques en République tchèque. Toutefois, le journal se révèle moins pessimiste que les autres quotidiens : la division que suscite S. Gross signifie bien qu'une partie du peuple tchèque entend faire respecter les valeurs de la démocratie. * 234 V. Spidla démissionne de son poste de Premier ministre le 26 juin et V. Klaus nomme S. Gross le 3 juillet 2004. * 235 Le Monde, « La République tchèque se divise sur la personnalité du Premier ministre », 23 septembre 2004, p. 6 |
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