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Le bouddhisme theravada, la violence et l'état. Principes et réalités

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par Jacques Huynen
Université de Liège - DEA Histoire des religions 2007
  

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Philosophie et mythologie politique du bouddhisme theravada

La philosophie politique du bouddhisme theravada est principalement énoncée dans trois textes dont nous traduirons de larges passages dans la première partie de ce travail. Il s'agit de l'Agañña Sutta où est décrite par la bouche du Bouddha, la genèse de l'état et de la monarchiedu début du Mahâparinibbâna où beaucoup ont voulu voir le Bouddha exprimer ses préférences pour un système républicain, et du Cakkavattî Sutta35(*) où est dessiné le profil du souverain universel idéal.

Certains aspects, corollaires ou conséquences de cette philosophie sont illustrés dans plusieurs Jâtaka. Nous traduirons les passages les plus pertinents de trois d'entre elles : Bhikkhâparampara, Sumangala, et Mûgapakkha.

On s'est étonné qu'en dépit de ses préférences « républicaines » suggérées dans le Mahâparinibbâna Sutta, le Bouddha ait non seulement « accepté » les états monarchiques où il a passé un grande partie de sa vie, mais qu'ils ait fréquenté ces rois, leur ait prêché et ait refusé, à la demande de Bimbisâra, roi du Magadha d'admettre les déserteurs ou autres personnes liées à l'état par contrat36(*). On a aussi noté qu'en dépit de l'idéal démocratique, incarné d'ailleurs dans l'organisation du sangha, c'est finalement le modèle du cakkavatti, despote éclairé bouddhiste, paternaliste et bienveillant qui a fini par dominer l'histoire des royaumes de tradition theravada à Ceylan et en Asie du Sud-Est.

Ce qui précède appelle un certain nombre de précisions et de remarques. En premier lieu dans l'Agañña Sutta le premier roi est élu--même s'il peut aussi être le premier d'un lignage dynastique, ce qu'il est en fait dans les mythes dynastiques des chroniques nationales des différents pays de tradition theravada. Il est donc choisi par les hommes pour mettre fin à une situation de violence endémique. Cette monarchie partage avec le modèle républicain des Vajji/Vriji (et d'autres tribus sub-himalayennes dont le propre clan du Bouddha, les Sakya) la caractéristique d'être fondée sur un « contrat social » et non sur la force. Les chefs de ces tribus républicaines (ganasangha) étaient par ailleurs décorés du titre de râja que l'on traduit habituellement par « roi » mais cette « monarchie élective » même si elle pouvait rester dans le même clan pendant plusieurs génération n'était pas à proprement parler héréditaire ; dans ces oligarchies républicaines la succession était probablement le résultat d'une négociation, d'un concensus entre les clans nobles de la tribu, d'un processus de cooptation, et le râja n'y était que le primus inter pares. Il y s'agissait donc d'un « roi élu » représentant autre chose que sa force de frappe ou une légitimité sacrée de droit divin.

L'adoption par le bouddhisme theravada de l'idéal du cakkavatti37(*) est sans doute postérieure à l'adoption du bouddhisme par le despote éclairé que devint Asoka après sa conversion au Dhamma38(*). Mais cet événement, ajoutant une dimension sacrée à l'idée de contrat social devait affecter profondément le bouddhisme theravada indien, puis singhalais et « indo-chinois » comme on verra dans la deuxième partie de ce mémoire39(*). C'est cette combinaison de conceptions, relativement antagonistes, les unes--celles de l'Aggañña et du Mahâparinibbâna Sutta --pouvant être qualifiées de réalistes, positivistes, ou pré-scientifiques, les autres--celles qui apparaissent dans le Cakkavatti Sutta--plus idéalistes voire utopiques, évoquant l'image platonicienne du philosophe-roi, que Collins englobe dans le concept de « imaginaire pâli ».

* 35 Que nous traduisons presqu'intégralement.

* 36 Cf. Vin., Mahâvagga, I ; Il prit par contre moins de précautions vis-à-vis des prétentions de la caste des brahmines qui cherchait à imposer leur pouvoir rituel et religieux dans le Nord-Est gangétique. Cf. St. COLLINS, op.cit., p. 65.

* 37 L'image du cakkavatti, souverain universel idéal, existait dans le védisme. Ibidem (citant GOMBRICH) p. 66.

* 38 Ibidem, p. 66

* 39 La préférence démocratique des débuts comme l'idéal du cakkavatti sont d'ailleurs exploités par les régimes contemporains tant de Ceylan que d'Indochine qu'ils soient pluralistes, libéraux, dictatoriaux ou marxistes, Ibidem, p. 436.

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