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Techniques de droit commun applicables à la rupture du concubinage et du PACS

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par Audrey MELLAC
Université Robert Schuman Strasbourg - Master II recherche droit privé fondamental 2007
  

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A: EN PRÉSENCE DE LA REMISE D'UNE SOMME D'ARGENT

Les tribunaux considèrent qu'un concubin a l'obligation naturelle d'assurer l'avenir de l'autre lorsque le concubinage prend fin, ce qui permet de valider les dons de somme d'argent faits en exécution d'une telle obligation233.

En effet, lorsque ces dons sont contestés en justice par celui qui les a effectués, les tribunaux relèvent l'existence d'une obligation naturelle résultant d'un devoir de conscience pour les faire échapper à la qualification de libéralité ou de simple prêt234.

L'exécution d'une obligation naturelle est étrangère à la notion de libéralité, c'est la contrepartie d'un avantage unilatéral déjà obtenu, qui répond à un devoir de conscience235. Ainsi, si le concubin ou le partenaire regrette sa générosité, le fait qu'il ait exécuté un devoir de conscience l'empêchera d'obtenir la restitution de ce qu'il a versé, en application des dispositions de l'article 1235 du Code civil.

Les juridictions de fond doivent alors effectuer un travail de qualification, pour déterminer si la somme remise l'avait été au titre d'une donation, ou de l'exécution d'une obligation naturelle.

Bien que les libéralités entre concubins soient valables quel qu'en soit l'objet depuis un arrêt de la Cour de cassation rendu le 3 février 1999, la qualification de donation ou d'exécution d'une obligation naturelle diffère.

En effet, s'agissant d'une donation, le donateur peut réclamer sa révocation selon les cas d'ouverture de l'article 953 du Code civil, ou invoquer sa nullité si elle n'a pas été réalisée par acte authentique.

La première chambre de la Cour de cassation, dans un arrêt rendu le 19 février 2002, a été amenée à se prononcer sur la qualification juridique d'un document manuscrit236.

Lors de la rupture, un concubin avait fait don de sa maison, par un document manuscrit, à son ex-concubine.

Quelque années plus tard, il demande l'expulsion de cette dernière, arguant de la nullité de sa donation en l'absence d'acte authentique.

La Cour de cassation a confirmé le raisonnement des juges du fond, refusant d'accéder à la demande de l'ex-concubin, au motif que le don de la maison ne constituait pas une libéralité.

232 A. PROTHAIS, art. préc., JCP N 1991, doctr. p 87.

233 M. MULLER, art. préc., D. 1986, chron. p 328.

234 M. MULLER, art. préc., D. 1986, chron. p 328.

235 M. MATHIEU, art. préc., jurisclasseur nouveaux couples nouvelles familles, fasc. 120, 2005.

236 J. MASSIP, « Chronique de jurisprudence générale », Defrén. n° 10/2002, art. 37548, p 681.

En effet, les juges ont considéré qu'en l'absence d'intention libérale, l'acte ne pouvait être qualifié de donation et constituait pour partie la rémunération de la concubine pour sa participation au remboursement de l'emprunt souscrit pour cette maison.

Pour l'autre partie, l'acte devait être considéré comme l'exécution d'une obligation naturelle tendant à réparer le préjudice résultant de l'abandon de la concubine après une longue vie commune237.

Force est de constater que l'interprétation, faite par les juridictions de fond, de la volonté de l'auteur du manuscrit va dans le sens de l'équité.

En effet, les juges ont considéré le don de la maison comme étant l'exécution d'un devoir de conscience, afin de refuser l'expulsion de l'ex-concubine.

L'appréciation par les juges de l'intention de celui qui s'est engagé est en partie morale, afin de rendre une décision équitable en présence de la rupture d'un concubinage ou d'un PACS. Aucun arrêt jusqu'à présent ne rend compte de l'application du mécanisme de l'obligation naturelle aux partenaires d'un PACS. Pourtant, il convient de raisonner par analogie avec la situation des concubins, les partenaires ne bénéficiant pas non plus d'une réglementation des conséquences de leur rupture.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand