SECTION II: RÉPARATION DU PRÉJUDICE
RÉSULTANT DE LA RUPTURE EN ELLE-MÊME PAR L'OBLIGATION
NATURELLE
Les règles de la responsabilité civile ne
permettent pas de remédier à toutes les inéquités
de la rupture, en l'absence de faute ayant créé un
préjudice. La jurisprudence a dû chercher les moyens de
réparer les conséquences économiques de certaines ruptures
sur d'autres
Dans certaines circonstances, les juges peuvent faire obstacle
à la répétition d'une somme d'argent en la qualifiant
d'expression d'un devoir de conscience, ou exiger l'exécution d'une
obligation naturelle, quand celle-ci a été novée en
obligation civile
.
Avant de préciser les circonstances de mise en oeuvre
d'une obligation naturelle (II), il convient d'étudier ses fondements
(I), pour déterminer l'intérêt que présente
l'application de
ce mécanisme lors de la rupture des concubins ou des
partenaires
.
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I: FONDEMENTS DE L'OBLIGATION NATURELLE
L'obligation naturelle est prévue à l'article 1235
du Code civil, qui dispose que l'on ne peut demander répétition
de celle-ci quand elle a été volontairement acquittée
.
Il convient de définir ce mécanisme (A), avant
d'étudier l'intérêt de son invoquation dans les relations
entre concubins ou partenaires lors de la rupture (B).
A: MÉCANISME CORRECTEUR AU REGARD DE
L'ÉQUITÉ
Quand l'application stricte de la règle de droit conduit
à une solution trop inéquitable, le juge tente de trouver un
fondement juridique permettant de prononcer une décision plus juste
.
Ainsi, l'obligation naturelle constitue un outil d'ajustement
du droit, permettant au juge de s'affranchir de la loi. Elle permet de pallier
l'application d'une règle de droit inadéquate, et supplée
l'absence d'impératif juridique223.
L'obligation naturelle, à l'inverse des obligations
civiles, est dépourvue de sanction.
Elle ne devient une obligation civile que si elle a fait l'objet
d'un engagement volontaire de la part de son débiteur, par une promesse
d'exécution, qui doit pouvoir être prouvée.224
L'exécution spontanée, ou la promesse d'exécution d'une
obligation naturelle lie son auteur. Les juges interprètent alors la
volonté de celui qui s'est engagé, pour y découvrir
l'intention d'exécuter une obligation naturelle225.
Celle-ci permet la consécration juridique d'exigences, non
formulées par le droit, mais imposées par la morale sociale
.
.
Cette technique présente un intérêt non
négligeable pour les concubins ou partenaires, en l'absence de
réglementation des conséquences patrimoniales de leur rupture
223 S. CHASSAGNARD, « L'obligation naturelle au secours du
concubin délaissé », JCP G janvier 2001, II,
10458.
224 A. PROTHAIS, art. préc., JCP N 1991, doctr. p
87.
225 S. CHASSAGNARD, art. préc., JCP G janvier 2001,
II, 10458.
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