Des radios libres à Radio libre
Revenir sur la libéralisation des ondes du début
du septennat de François Mitterrand... l'histoire aura retenu que sans
doute avant que le politique ne soit dépassé par
l'évidence de l'émergence d'une nébuleuse de médias
radiophoniques dussent-ils être « pirates », il fallait bien se
résoudre à jouer la carte de la garantie de la liberté et
du pluralisme... quitte à canaliser ces jaillissements en les
introduisant dans une légalité qui permettent de les
contrôler. L'appareil législatif créa ainsi un cadre dans
lequel faire évoluer le projet (qui faisait partie des `'110
propositions pour la France''). La loi Fillioud du 29 juillet 1982
prévoit ainsi, dans son article premier, que « les citoyens ont
droit à une communication audiovisuelle libre et pluraliste ». Mais
si le monopole public est aboli -dans une France où les rapports entre
politique et médias s'entrelacent- l'usage des fréquences de
diffusion est soumis à autorisation, et une haute autorité de
régulation est créée. Elle prendra d'ailleurs
différents noms et s'attribuera ses compétences légitimes
au fur et à mesure des évolutions techniques et des gouvernements
successifs.
Fini donc le temps d'un paysage radiophonique comptant trois
radios publiques (France inter, France culture et France musique) et quatre
périphérique (Europe N°1, Radio Luxembourg, Radio
Monte-Carlo et Radio Andorre) émettant de l'étranger1.
Les radios qui s'étaient développées clandestinement
post-1968 peuvent prétendre à pignon sur rue et arrêter les
parties de cache-cache de leurs émetteurs. Leur développement
serait néanmoins freiné par leur obligation d'un statut local et
de type associatif. « Serait », car les réseaux se
développent et dans cette mouvance -où la France traîne
plutôt en Europe2- il ne saurait tarder de voir s'affirmer de
véritables industries radiophoniques.
L'interdiction de la publicité, dans un premier temps
soutenue par les socialistes contre la proposition du ministre de la
communication Georges Fillioud -ancien
1 Jean-Noël Jeanneney, Une histoire des médias,
Paris, Points-Seuil, 2001, p256.
2 Jean-Noël Jeanneney, idem, p255.
journaliste d'Europe N°1- qui en serait garante est
vécue par certains protagonistes et aujourd'hui au regard de nombreux
historiens comme une parfaite hypocrisie1. Comment subsister sans un
budget de fonctionnement auquel l'Etat ne peut subvenir ? Le président
Mitterrand changera brusquement d'avis, sous la pression de l'école
privée qui aboutit à une manifestation à Paris le 24 juin
19842. La France digère la libéralisation de ses
ondes.
Parmi cette multitude de radios devenues commerciales, NRJ se
distingue. Son patron Max Guazzini désavoue la Haute autorité,
qui avait suspendu la station pour son niveau sonore de diffusion largement
abusif, en orchestrant six mois plus tard une grande manifestation d'auditeurs
et d'artistes pour sauver « leur » radio. La réaction
politique sera de laisser défiler et NRJ re-émettra.
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