Première Partie
--- Préliminaires
Comment aborder un domaine de recherche, justifier la
pertinence de ses choix, de son propos... La route qui guide des recherches est
sinueuse, subit parfois des déviations, se divise, se rejoint. Le
parcours emprunté par le chercheur précise son objet, questionne
son approche, le choix de ses outils scientifiques, la méthodologie
qu'il préfèrera adopter.
Nous débuterons ici par cela.
Cette première partie veut rendre compte non seulement
des choix et précisions théoriques de la méthodologie
adoptée, de mes préoccupations pour les présentes
recherches, de la pertinence du propos qui suivra, mais aussi, dans sa forme,
de l'itinéraire vers le travail qui est aujourd'hui ce mémoire,
du chemin luimême qui a été emprunté. Des
éléments déclencheurs aux doutes.
Il en résulte pour le lecteur une immersion dans ce
qu'il pourra percevoir à certains égards comme une sorte de
carnet de bord du chercheur, le partage d'une certaine proximité avec
cette expérience particulière de recherches sur la radio et plus
particulièrement la libre antenne, une entrée en matière
qui suit l'aventure de l'auteur de ces lignes et ce « fil de laine »
que l'on tire, sans fin, cher à l'appréhension de Jacques
Gonnet.
Un chemin de longue date
Avant d'aborder cette première partie et de
découvrir les outils scientifiques, méthodologiques et l'angle
d'attaque des interrogations auxquels soumettre le corpus, il me paraît
important d'expliquer les liens qui m'unissent à l'émission
Radio libre depuis trois ans. Le récit de l'aventure qui suit
permet, je le pense, de comprendre le processus de justification du choix de
mon sujet.
En 2003, intégrant après quelques errances en
économie un cursus en communication, l'université d'Avignon et
des Pays de Vaucluse me demandait d'effectuer un stage dans le cadre d'un Deug.
Loin des préoccupations de mes camarades pour la communication
d'entreprise, je souhaitais connaître une expérience dans un
média, avec une préférence pour la radio. Pour y faire
quoi ? peu importait alors. Une première approche, quelques contacts
à se faire... un si peu de choses pouvait alors éveiller mon
enthousiasme.
Merci aux amis, et amis d'amis, l'étudiant du Sud monta
à Paris, accueilli par la station Skyrock avec pour mission d'effectuer
des « piges précises » de l'émission Radio libre,
première en audience chaque soir de 21 h à minuit.
Précise n'était pas la consigne et libre fut donc mon
appréciation de rendre compte de l'activité de la
solidarité de l'équipe et entre auditeurs -que nous
définirons comme « skysolidarité » - qui est
censée se mettre en branle dans l'émission.
J'établis alors un format de prise de notes qui a
trouvé sa cohérence en un tableau1. Jour après
jour, chaque sujet sollicitant la skysolidarité est
consigné, sobrement intitulé, avec ses références
précisément datées et complété d'un court
résumé des interventions de l'équipe et/ou des
auditeurs.
Cette prise de note est personnelle et appelle d'autres travaux.
Qui peuvent être divers. En elle-même, sa portée est
limitée.
1 Voir annexe
Depuis deux ans Skyrock m'emploie pour continuer cette
mission, je crois savoir que la station l'utilise comme historique pour
renseignement du contenu de l'émission notamment dans ses sempiternelles
argumentations avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).
Dans une optique totalement différente, ces notes sont
très précieuses pour l'appréhension d'un sujet de
recherche, sa justification dans un tout, et comme répertoire
référentiel pour sélectionner des occurrences pertinentes
à développer ensuite par l'écoute et l'analyse des
extraits.
La posture de la recherche universitaire combinée au
travail en entreprise ne s'avère ainsi aucunement gênante, bien au
contraire, comme je tentais de l'expliquer, du point de vue de
l'expérience personnelle, à Laurent Gago1 qui m'avait
demandé ce regard afin de renseigner un de ses articles.
Je lui écrivis ce qui suit.
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