En regardant les systèmes mis en place chez nos
voisins européens, il semble que deux manières de faire se
détachent du principe de sectorisation.
Premièrement, le libre choix total, les familles
choisissent l'établissement scolaire. Cette possibilité offerte,
une combinaison s'opère entre les possibilités de chaque
établissement et le choix des familles. Le risque de ce système,
à l'inverse de ce qu'il laisse penser, est que le choix n'est pas du
côté des parents mais du côté des
établissements18. En effet, de par la compétition
entre établissement et la représentation qu'ils renvoient aux
parents, le choix est dévolu au directeur d'établissement. Ainsi,
pour reprendre une expression de Nathalie Mons, « les familles
choisissent, les établissements disposent ». Dans cette logique, ce
système peut concourir à l'accentuation d'une hiérarchie
des établissements avec, par exemple, des collèges
sélectifs et des collèges de relégation, accueillant les
élèves qui n'ont pas pu accéder aux premiers.
17 La Gazette des communes, 25 juin 2007.
18 Article Carte scolaire : les pièges du libre choix
du journal le Monde, paru le 12 juin 2007.
Si un tel scénario ce met en place en France, les
collectivités territoriales ont tout intérêt à
engager un dialogue avec les directeurs d'établissements.
Deuxièmement, le choix encadré. Le principe est
simple, les familles réalisent des voeux sur un bassin scolaire et une
administration se charge d'y répondre en tenant compte de
différentes considérations, en particulier la mixité
sociale de l'établissement. Proche de la logique des quotas, une part
importante des pays ayant choisi le libre choix total, s'engage maintenant vers
cette voie du choix régulé. Dans ce cadre là, les
collectivités territoriales devront se rapprocher autant que possible de
l'administration en charge de la gestion les dossiers d'inscription.
A ces deux voies critiquables mais claires dans leur logique,
il est possible que la France s'oriente vers un troisième schéma
beaucoup plus flou. En effet, si un bras de fer s'engage entre certains groupes
de parents d'élèves, les syndicats de professeurs d'un
côté et le gouvernement et d'autre parents d'élèves
de l'autre, la réforme peut aboutir à une carte scolaire de
façade qui perdurerait mais serait vidée de sa substance de par
l'importance des dérogations.
Quelque soit la forme du prochain système de
recrutement, la difficulté est de comprendre quels mécanismes
concourent à l'attractivité ou, au contraire, à
l'évitement d'un établissement. Car c'est bien ces
différences d'attraits qui contribuent au déséquilibre des
territoires et de fait à la difficulté de gestion.