L'économie du tourisme de sports d'hiver est
caractérisée par les stations de ski. L'étude du GIEC
(Agrawala Sh., 2007) a examiné la situation particulière des
stations de sports d'hiver de chaque pays alpin par rapport au changement
climatique. Au total 666 stations de ski alpin ont été prises en
compte, la France étant le leader mondial avec trois cents cinquante
sept stations de sports d'hiver, ce qui représente 118 000h de pistes et
est visité par sept millions de skieurs (dont deux millions
d'étrangers).
Aujourd'hui 90% des domaines skiables (609 sur 666) ont un
enneigement naturel suffisant. Mais avec une hausse de la température de
1°C (de 2°C, de 4°C) il resterait que 500 (400, 200) domaines
skiables qui pourraient
fonctionner sans enneigement artificiel.42 Le pays
le plus vulnérable est cependant l'Allemagne dû à la faible
altitude de ses stations.
La limite de fiabilité de l'enneigement naturel n'est
pas la même partout dans les Alpes. Elle est plus basse en Allemagne et
en Autriche (entre 1050m et 1200m) dû à un climat plus froid et
elle monte à 1500m pour certaines parties de la France (la Drôme,
les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence), de la Suisse (le Tessin) et
toute l'Italie. La plupart des études prédisent une montée
de cette limite d'environ 150m pour un réchauffement de 1°C.
En France, les stations atteignent généralement
des altitudes assez élevées pour garantir un bon enneigement.
Notamment les stations ex nihilo ont été aménagées
dans des hautes altitudes. Pour ces stations (surtout en Savoie, en
Hautes-Alpes et en Alpes-de-Haute-Provence) une hausse de la température
de 2°C ramènerait le nombre de domaines skiables disposant d'un
enneigement naturel fiable à 80%. Les plus sensibles au changement
climatique sont les stations dans les Alpes-Maritimes, en Isère et dans
la Drôme.
En Suisse, l'enneigement naturel restera fiable même
pour un réchauffement de 4°C dans la plupart des stations du Grison
(à 83%) et du Valais (à 80%). Mais les autres régions
suisses seraient touchées de manière beaucoup plus forte. Pour un
réchauffement de 2°C seulement environ la moitié des autres
stations garderait sa fiabilité d'enneigement naturel.
En Allemagne, la fiabilité de l'enneigement naturel
actuel est déjà très basse en Souabe avec 47% (en Haute
Bavière: 90%). Pour un réchauffement de 1°C (de 2°C) la
fiabilité descendrait à 16% (11%) en Souabe et à 40% (15%)
en Haute Bavière.
En Autriche, les différences entre les régions
par rapport au réchauffement climatique sont assez frappantes. Une
hausse de la température de 2°C ramènerait la
fiabilité des domaines en Basse Autriche à seulement 8% et dans
le Pays de Salzbourg à 62%.
42 Un enneigement naturel suffisant a été
désigné comme enneigement de 100 jours au minimum pendant une
saison d'hiver et une quantité de neige de 30cm au minimum.
L'Italie garderait grâce à ses altitudes
élevées une fiabilité générale de 68% pour
un réchauffement de 2°C. Cependant, la fiabilité diminue de
l'ouest à l'est, la région Frioul Vénétie Julienne
étant la plus sensible.
Figure 7: Fiabilité de l'enneigement dans les domaines
skiables des Alpes dans les conditions actuelles et avec un
réchauffement de 1°C, 2°C et 4°C
L'hiver 2006/ 2007 avec un enneigement faible a montré
comment la situation pour les différentes stations pourrait être
dans le futur. Selon Météo France l'hiver 2006/2007 a
été le plus doux depuis 1950. Néanmoins, les grandes
stations ont vu baissé leurs recettes seulement de 6% (celles dont le
chiffre d'affaires dépassait 10 millions d'euros lors de l'hiver
2005806). Cette baisse est de 16% pour les stations moyennes (chiffres
d'affaires entre 2 et 10 millions d'euros), de 40% pour les petites stations
(chiffres d'affaires entre 100 000 et 2 millions d'euros) et de 98% pour les
très petites stations (moins de 100 000 euros). (cf. Léger M.,
2007) Donc, la différence de l'impact d'un hiver peu enneigé est
très différente selon la taille et l'altitude de la station.