Les enquêtes en tourisme négligent souvent la
demande touristique et regardent seulement l'offre existante.43 Cela
rend difficile la détection des évolutions de la demande
touristique dans l'avenir. Notamment, pour le cas des stations de sports
d'hiver face au changement climatique il est important de
43cf. Isabelle Frochot, Université de
Chambéry, Maître de conférences en management du
tourisme
voir comment la demande touristique va évoluer. Cette
évolution doit être anticipé pour que les stations aient du
temps pour adapter leurs offres. En France, aucune étude sur la demande
touristique prenant en compte le changement climatique n'a pu être
identifié. Un dossier de la Mission d'Ingénierie Touristique
Rhône-Alpes (MITRA) avec des références bibliographiques
sur les ouvrages divers existants concernant le «tourisme en
montagne» a été publié en juin 2007 (cf. annexe 2).
Ce dossier documentaire cite treize articles, dossiers, ouvrages, rapports et
études sur la demande touristiques en montagne en hiver dont aucun
n'évoque l'enjeu du changement climatique. Cela illustre bien le besoin
de la mise en oeuvre des enquêtes traitantes ce sujet.
Cependant, un petit nombre d'études sur cette question
ont pu été identifié en Allemagne (cf. Harrer B., 1996),
en Australie (cf. König U., 1998), en Suisse (cf. Bürki R., 2000) et
en Autriche44 (cf. Frey Thomas et al., 2006, p. 138). Les
résultats de ces études ont en commun qu'un des principaux
critères de choix pour les touristes de sports d'hiver sont les
conditions d'enneigement. Donc, cela signifierait généralement la
fin du tourisme hivernal pour les stations dans une altitude inférieure
à 1200m (jusqu'à 1500m selon les conditions climatiques locales)
dû au manque de neige.
Mais l'interprétation des résultats n'est pas
si simple. Dans l'analyse du bureau d'étude MANOVA sur 6300
enquêtes dans 20 stations de ski autrichiennes, neuf groupes de touristes
de sports d'hiver avec des exigences différentes et fréquentant
des types de stations différents ont été
identifiés. Le groupe le plus important en nombre sont les pratiquants
de sports d'hiver orientés sur le divertissement (19%). Ce groupe
cherche l'activité sportive et le «fun ». Ce sont plutôt
des hommes qui sortent souvent à plusieurs et qui ont des fortes
exigences pour une bonne qualité de restauration dans le domaine
44 Concernant l'étude en Autriche a été
trouvé seulement la littérature secondaire. Cependant, le
chargé d'étude en Autriche était l'Institut pour le
développement et l'aménagement du paysage, des zones naturelles
protégées et de loisirs de l'université des sciences de la
vie appliquées et des ressources naturelles de Vienne. Une autre
étude en Autriche a été analysé par MANOVA, un
bureau d'étude de marché. Ici, un communiqué de presse est
disponible gratuitement en document pdf.
skiable. Ce groupe est suivi par les pratiquants qui
cherchent l'activité sportive et le repos (13%). Ces derniers sont des
pratiquants plus âgés que la moyenne et ils ont un bon niveau de
pratique. Egalement représenté à 13% sont les pratiquants
qui viennent aussi pour la nature. Cependant, pour eux le sport reste la
motivation centrale mais le paysage fait parti des facteurs les plus importants
pour le choix de destination. Les skieurs classiques sont
représentés à 12% sur les pistes autrichiennes. Le ski est
pour eux l'activité principale mais l'offre des remontées
mécaniques, de la restauration et l'état des pistes jouent des
rôles importants aussi. Toutefois un touriste (des stations de sports
d'hiver) sur dix n'est pas motivé par le sport et le «fun ».
Il vient pour savourer la nature. Egalement représenté à
10% sont les «après-skieurs» qui cherchent le «fun»
et le divertissement. Pour eux, l'offre des pistes joue qu'un rôle
secondaire. Représenté à 9% sont les adeptes à la
nature qui pratiquent toutes les différents formes de sports d'hiver. Ce
sont surtout des femmes plus âgées que la moyenne dans les
stations. Les skieurs «sun and fun» (7%) mettent l'importance sur les
pistes et l'offre de restauration. Ce sont surtout des groupes de jeunes femmes
étrangères. Un dernier groupe est représenté par
les «snowboarder» (également à 7%). C'est le groupe le
plus jeune qui cherche surtout des offres complémentaires comme les
«half-pipes» et des pistes bien accessibles. Toutes ces
activités et exigences différentes aux services résultent
également dans des exigences différentes à la neige.
L'étude de Harrer (1996) constate qu'environ 45% des
vacanciers de la station de Langgries en Allemagne viendront même s'il
n'y avait pas de neige pendant l'hiver mais seulement 2,5% des touristes
journaliers. Harrer explique ce grand écart par des visites de la
famille et des amis, des résidences secondaires, des séjours
thermaux, ou la disposition de pratiquer d'autres activités. Il reste
cependant à vérifier si ce résultat que des vacanciers
viendront aussi pendant les hivers sans neige est un cas spécifique
à la station de Langgries ou non.