Les scientifiques constatent que certaines régions
sont plus vulnérables au changement climatique que d'autres. Ainsi, le
littoral et les régions montagnardes semblent être très
sensibles.
Selon Frey (2006), dans les Alpes il y a eu lieu une hausse
de la température moyenne de 2°C pendant les dernières 120
ans ce qui représente une augmentation à peu près deux
fois plus importante que la moyenne globale.
Cependant, il est difficile de déterminer le climat
propre à une station de sports d'hiver. Dans les régions
montagnardes les conditions du microclimat peuvent changer à très
petite échelle géographique à cause de la morphologie
montagnarde qui forme des frontières climatiques. Les modèles
généraux actuels de la modélisation du microclimat
travaillent avec des maillages beaucoup plus important que l'étendue
d'une station de ski. En raison de la quantité immense d'informations
climatiques le maillage couvre en général un espace de 200km de
côté, de 1km de hauteur d'air et au maximum de 300m de profondeur
dans les océans (cf. Loubier J.Ch., 2004 et Denhez F., 2005). Un tel
maillage ne permet pas de simuler un climat en dessous de cette échelle.
Mais selon Pröbstl U. (2006), la connaissance du microclimat d'une station
est décisive pour les décisions à prendre aujourd'hui.
Certaines stations, notamment en Autriche, ont un microclimat très
favorable aux sports d'hiver, même si elles ne se trouvent pas à
très haute altitude en général.
Plusieurs projets de recherche sont en cours d'étude
ou ont été réalisé récemment pour donner une
réponse à cette problématique de pérennité
du modèle économique de «l'or blanc ».
La thèse de J.Ch. Loubier, 2004 simule les effets du
changement climatique à l'horizon de 2015 sur les domaines skiables de
Savoie et d'HauteSavoie. Cette étude s'appuie sur le scénario A1B
du GIEC (cf. chapitre précédent sur le climat actuel) et permet
de décrire des évolutions climatiques spécifiques aux
différentes stations de sports d'hiver savoyardes39. Dans sa
conclusion Loubier J.Ch. constate que l'activité de ski va être
complètement remise en question pour certaines stations. Cependant,
toutes les stations vont être touchées au moins par une
contraction de saison au début et à la fin.
Le programme de recherche «ProVision» examine
actuellement les impacts du changement climatique à l'environnement et
au social. Ulrike Pröbstl, professeur à l'université des
ressources naturelles et des sciences humaines à Vienne en Autriche, qui
mène ce programme de recherche est en train d'étudier dans ce
contexte le cas de «Schladming» une station autrichienne à
moyenne altitude qui se trouve à des altitudes entre 745m et
39 La Haute-Savoie inclut.
1900m. Cette station a été une des
premières à être équipée en canons à
neige pour les Jeux Olympiques de 1984 et elle profite donc des enregistrements
météorologiques d'une longue durée. (cf. Pröbstl U.,
2006, Taschwer K., 2006) Les résultats de cette étude vont
être disponible probablement vers la fin de l'année 2007.
Début 2007 a été publié un
rapport sous la direction de Shardul Agrawala, Direction de l'Environnement de
l'OCDE, concernant les changements climatiques dans les Alpes. Ce rapport
présente une synthèse de tous les résultats
d'études menées par des scientifiques et donne donc des
informations complexes sur l'évolution de la situation climatique des
Alpes, notamment des stations de sports d'hiver. Les modèles climatiques
régionaux (une résolution de 20km) constatent un
réchauffement général des Alpes plus prononcé en
été qu'en hiver. De plus, la hausse de température sera
plus intense dans les Alpes occidentales avec des précipitations plus
abondantes et plus intenses en hiver. Cela résulte dans une forte
réduction du manteau neigeux et de la masse des glaciers. Nous pouvons
déjà témoigner d'un fort recul des glaciers dans les
dernières années. Selon Agrawala Sh. les Alpes pourraient perdre
la quasi-totalité de leurs glaciers d'ici 2100 si un
réchauffement moyen de 5°C a lieu.
Les glaciologues Bernard Francou et Christian Vincent (2007)
constatent cependant que l'état des glaciers tel qu'il a
été observé il y a 100 à 150 ans n'est pas
représentatif de leur «état moyen» sur le long terme.
Mais en même temps ils s'aperçoivent de certaines anomalies dans
le schéma du recul des glaciers: Le début de la récession
d'une grande partie des glaciers date du milieu ou de la fin du XIXe
siècle, tandis que le réchauffement n'est visible sur les courbes
de température que depuis le début du XXe
siècle. Donc, le recul des glaciers a commencé déjà
avant la fin du petit âge glaciaire qui s'est terminé au
début du XXe siècle. Les deux glaciologues
évoquent également que beaucoup de glaciers se trouvent en
déséquilibre avec le climat actuel. Cela veut dire que même
si le climat reste stable, ils vont reculer encore avant de se stabiliser.
Le report du GIEC constate de plus une montée de la
limite inférieure du pergélisol40 de plusieurs
centaines de mètres, un déplacement des zones à risque et
une modification profonde du cycle hydrologique dans les Alpes qui est
conditionnée partiellement par la hausse des précipitations
hivernales et en même temps la réduction des précipitations
estivales.
Cependant, la critique a été fait par des
différents scientifiques que le report du GIEC soit encore trop
conservative et dessine une image trop positive de l'évolution
climatique et ses impacts (cf. Walsh B., 2007). Mais il est sur que les impacts
du changement climatique vont être d'une forte ampleur et influencer
l'activité humaine et la nature dans les Alpes. Ce n'est pas forcement
la connaissance exacte de l'évolution climatique dans
l'avenir41 qui aide à la prise des «bonnes »
décisions mais la conscience et la capacité d'action.