PARTIE THEORIQUE
La mémoire sémantique
La mémoire est composée d'un ensemble de
registres ayant chacun un rôle spécifique et permettant le
stockage d'informations. On y trouve la mémoire épisodique qui
correspond à la mémoire autobiographique, celle des connaissances
individuelles, ou encore la mémoire procédurale qui concerne les
savoir faire, la routine, les procédures.
Est également incluse, la mémoire
sémantique dont cette étude fait l'objet. Elle concerne les
connaissances liées au langage et détermine la signification et
le sens des mots. Elle est conceptuelle et stabilisée en mémoire
à long terme.
La mémoire sémantique a été
expliquée par le modèle de réseaux (Collins & Loftus,
1975). Ce modèle la décrit comme une structure constituée
de noeuds stockant la signification des concepts, et de liens les reliant entre
eux. Elle est présentée sous forme hiérarchique et
fonctionne grâce à la propagation de l'activation : à
partir d'un item ; associés à celui-ci d'autres concepts vont
s'activer et se propager dans tout le réseau sémantique.
Cette notion d'activation est l'un des processus
utilisés dans l'étude des faux souvenirs, avec le monitoring :
- l'activation : à la présentation d'une liste
de mots, chaque item active en mémoire des concepts voisins. Ce
processus correspond à la phase d'encodage.
- le monitoring : lors de la récupération, le
sujet fait appel à un processus de décision afin de savoir si
l'item qui lui vient à l'esprit a bien été perçu.
Il s'agit de discriminer le mot qui a juste été activé en
mémoire de celui faisant partie de la liste au moment de l'encodage.
Ce sont les deux processus clés dans l'étude des
faux souvenirs et de leur création.
Les prémices théoriques des faux
souvenirs
Deese (1959, cité par Méric, 2003) a
montré que le degré d'association en mémoire est un
déterminant des faux souvenirs. En effet, les intrusions apparaissant
dans les listes de rappels sont prévisibles selon la fréquence
associative existante entre les mots présentés et les mots
intrus. La relation plus ou moins forte entre ces deux types de mot
déterminerait donc la présence dans les rappels de mots ne
faisant pas partie de la liste d'apprentissage.
La première hypothèse explicative des faux
souvenirs est entreprise par Underwood en 1965 (cité par Méric,
2003). Il se base sur la diffusion de l'activation en mémoire et sur les
processus d'association pour élaborer le modèle I.A.R. (Implicite
Associative Response). Selon lui, à la présentation d'un item,
deux types de réponses sont mis en jeu : la réponse
représentationnelle (RR) de l'item, et la réponse implicite
associative (IAR) qui en découle. Cette dernière est
générée de façon inconsciente. Au moment de
l'encodage, le sujet activerait implicitement un concept associé
à cet item. Lors de la récupération il reconnaîtrait
ou rappellerait cet associé précédemment activé. La
correspondance entre les deux types de réponse provoque effectivement
des confusions en mémoire. Par la suite Ayers et Reder (1998)
élaboreront un autre modèle à partir de celui-ci : le
modèle S.A.C. (Source of Activation Confusion) fondé sur le
traditionnel modèle associationniste. Le degré d'activation d'un
item et le nombre de fois qu'il a été activé augmente la
proportion d'associations dans le réseau et a donc pour
conséquence une meilleure récupération de cet item.
L'utilisation du paradigme DRM va permettre à un
certain nombre de chercheurs d'aller plus avant dans la concrétisation
des approches théoriques sur les faux souvenirs.
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