Contribution d'une éthique de la discussion et de l'action à la lutte contre la pauvreté à l'échelle planétaire( Télécharger le fichier original )par Jean Barnabé Milala Lungala Université de Kinshasa - Diplôme d'études supérieures(DES) 2005 |
I.3.2.De l'intérêt de la théorie de la discussion.M.Kriel trouve la fécondité de la théorie de la discussion dans ce qu'elle « défend une forme d'Etat fondée sur la discussion - autrement dit l'Etat constitutionnel démocratique - contre les théories politiques qui soumettent ses fondements philosophiques à une mise en cause principielle.»127(*) La théorie de la discussion, loin de remettre en cause les fondements de la théorie de l'Etat constitutionnel démocratique en cause, lui restitue son sens plein. En fait comprendre la cohérence et l'harmonie générale du système institutionnel. C'est justement dans ce décor d'analyse que nous avons placé plus la question de la pauvreté socio-économique. En effet, nous nous attelons à analyser le fonctionnement de la société civile et son importance parce que beaucoup des pays dits pauvres n'ont pas l'expérience d'une société civile organisée et efficace (des syndicats des corporations non corrompus et non infiltrés). Cette faiblesse et ses effets néfastes ont un impact sur des Etats ou des Administrations en crise, sur le processus collectif d'élaboration et de suivi des programmes. Cette question-ci « Que devons-nous faire ? », lorsque analysée selon le modèle de Jürgen Habermas prend donc trois formes différentes : pragmatique, éthique et morale ; cela diffère selon que la collectivité poursuit une fin, veut acquérir un Bien public ou sinon si elle veut atteindre ce qui est juste. Les questions pragmatiques se posent du point de vue d'un acteur qui cherche les moyens appropriés permettant de réaliser des fins et des préférences données. En effet, ces fins, peuvent faire problèmes si du point de vue éthico-politique (ici nous nous referons à la terminologie de Habermas), elles ne répondent pas à la forme de vie intersubjectivement partagée d'une communauté.
Dès lors, la question de la finalité à atteindre, question éthico-politique telle que les conçoit Habermas, appelle un éclaircissement quant à la vision que la communauté se fait d'elle-même : en fonction de quels idéaux les personnes devraient projeter leur vie commune ? L'angle éthique considère donc l'aspect éthico-éxistenciel en posant la question suivante au singulier: Qui suis-je ? Qui aimerais-je être ? Quelle forme de vie est bonne pour moi ? « La manière dont, tout en les développant de façon sélective, nous nous approprions les traditions et les formes de vie dans les quelles nous venons au monde, détermine les genres d'individu dans lequel nous nous reconnaissons à l'intérieur de ces traditions culturelles. »128(*) Les questions éthiques ne dépendent pas de fins ou de préférences subjectives mais indiquent les modes d'actions qui, à longue échéance et dans l'ensemble, sont « bons pour nous ». De façon récapitulative, dans les discussions pragmatiques, nous examinons l'opportunité des stratégies d'action qui présupposent que nous sachions ce que nous voulons. Dans les discussions éthico-politiques nous examinons une configuration des valeurs en présupposant que nous ne savons pas encore ce que nous voulons en réalité. Nous pouvons dire qu'une conception procédurale de la démocratique envisage la politique comme une controverse portant non pas simplement sur des questions de préférence, mais sur des questions de valeur,par exemple la corruption et les anti-valeurs. « Elle envisage la politique comme un processus fondé non pas simplement sur la volonté mais sur la raison, pas simplement sur le pouvoir mais sur la persuasion orientée vers un accord concernant la façon bonne ou juste, en tout cas acceptable, d'ordonner les aspects de la vie incluent les relations sociales et les caractères sociaux des gens. » 129(*) La discussion politique menée de façon continue possède également une force d'engagement pour la manière dont la domination politique sera exercée.130(*) * 127 Ibidem, p.177. * 128 Jürgen HABERMAS, Droit et démocratie, entre fait et norme, p.179. * 129 Ibidem, p.296. * 130 Ibidem, p.297. |
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