Contribution d'une éthique de la discussion et de l'action à la lutte contre la pauvreté à l'échelle planétaire( Télécharger le fichier original )par Jean Barnabé Milala Lungala Université de Kinshasa - Diplôme d'études supérieures(DES) 2005 |
6. Théories de la justice.Dans le contexte de la recherche de fonder le refus de l'exploitation de l'homme par l'homme, John Ralws présente des principes philosophiques très pertinents. Le Professeur Mutunda Mwembo ressasse ces principes d'une admirable façon, en citant entre autre John Ralws. En effet, pour Mutunda, « il n'est donc pas question que des sacrifices soient imposés à des hommes et à des peuples pour le bien d'autres, comme cela s'est fait dans le contexte de l'exploitation de l'homme illustré par la colonisation et une certaine globalisation »103(*). John Ralws écrit : « Chaque personne possède une inviolabilité fondée sur la justice qui, même au nom du bien être de l'ensemble de la société, ne peut être transgressée. Pour cette raison, la justice interdit que la perte de la liberté de certains puisse être justifiée par l'obtention, par d'autres, d'un plus grand bien »104(*).
D'autre part, John Ralws procède par une projection presque à vide d'un ordre de justice à installer à marche forcée. La distribution de la justice distributive qu'il préconise, telle qu'elle doit être faite au moyen des prix, du marché ou carrément par le gouvernement, démontrer des lieux d'ajustement qui appellent chaque fois un arbitrage. Sa terminologie rappelle en n'en point douter une conception très proche des Programmes d'Ajustement structurel. Dans la théorie de la justice comme équité, John Ralws nous gratifie d'une construction philosophique sur des questions de jugement politique sur la fonction distributive du marché ou des prix. Il en présente la possibilité de réalisation et les possibilités d'ajustement en cas de problèmes ou d'inégalité indue sur la question de la redistribution. Il y a une distribution des tâches entre une décision collective et le marché. Ici, émerge, de divergences entre une théorie cohérente et tentaculaire, et une théorie plutôt de plâtrage. Dans le chapitre consacré à la distribution, de prime abord il prend des précautions d'usage : « nous ne nous occupons que de certains problèmes moraux de l'économie politique. Par exemple, je demanderai quel est, à long terme, le taux d'épargne adéquat, comment organiser l'impôt et la propriété, à quel niveau fixer le minimum social ? En posant ces questions, je ne cherche pas à expliquer ce que dit la théorie économique de fonctionnement de ces institutions, encore moins à y ajouter quoi que ce soit »105(*). Il s'agit de « tester les conceptions morales »106(*).
On peut donc voir, dit-il, « le rôle du marché pour décider de taux d'épargne et de l'orientation de l'investissement. Tous les régimes utilisent le marché pour repartir la consommation des biens. Dans le même sens, les prix résultant de la concurrence dans les conditions normales soient justes et équitables. Cependant dans le cas des biens publics, cela échoue complément. Ici, nous recourons quant à nous, à la société civile au lieu du gouvernement tel qu'il le fait. En effet, les Biens publics sont des conditions sine qua none de toute prospérité nationale sur les quels doit discuter la société civile. Ce sont ces Biens publics qui régulent véritablement l'économie de l'Etat. Parce que les marchés sont capables aussi bien de soutenir que de détruire le plein emploi, la sécurité de l'environnement, la santé publique, les services sociaux, l'enseignement, la diversité culturelle et la véritable concurrence. En effet, nous pouvons même dire que les Biens publics et la démocratie sont indispensables aux marchés (aux sociétés transnationales). Ainsi, « des biens aussi différents et manifestement publics que l'enseignement, la culture, le plein emploi, le bien-être social et la survie écologique (ne) devraient (pas) être livrés au secteur commercial aux fins d'arbitrage et de décision. »107(*) Point n'est besoin de nous étendre plus longuement, nous nous en tenons à ce seul argument, qui, du reste est la pierre angulaire de cette Dissertation. Les ajustements tels que les préconise John Ralws dans un environnement néolibéral reste toujours problématiques. Nous allons voir tel que cela s'effectue par l'entremise des Programmes de lutte contre la pauvreté aujourd'hui, qui sont des Programmes d'ajustements structurels revisités. * 103 MUTUNDA MWEMBO, « Des fondements philosophiques des droits de l'homme », dans Traité d'Educations de l'Homme en République Démocratique du Congo, Sous la Direction de Prof. KALINDYE BYANJIRA, Editions de l'institut Africain des Droits de l'Homme et de la Démocratie, Kinshasa, 2004, p.73. * 104 Ibidem, cité par MUTUNDA, John RAWLS, Théorie de la justice, Paris, Seuil, 1987, Pp.30-31. * 105 John RAWLS, Théorie de la justice, éditions du Seuil, Paris, p.206. * 106 Ibidem. * 107 Benjamin BARBER, « Démocratie et économie de marché », dans La démocratie est une discussion, l'engagement civique dans les nouvelles démocraties et anciennes, Connectitut College, 1997, p.32. |
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