WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'usage des locutions latines dans la presse numérique francophone: étude comparative entre la presse algérienne, française et québécoise


par Amine El Hadef El Okki
Université Frères Mentouri Constantine 1 - Master en langue française. Option : Sciences du langage 2022
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.5.2 Au niveau grammatical

Les locutions latines se divisent en quatre catégories grammaticales selon les dictionnaires de langue française, les ouvrages consultés et les critères de classification établis par Grevisse et Goosse (2007, p. 196) :

? Les nominales : statu quo (état actuel des choses), mea culpa (aveu, repentance)... ? Les adjectivales : sine qua non (indispensable), honoris causa (honorifique)...

? Les adverbiales : in fine (finalement), ipso facto (ce qui résulte nécessairement) . . .

? Les locutions phrases : veni, vidi, vici (je suis venu, j'ai vu et j'ai vaincu), dura lex, sed lex (la loi est dure, mais c'est la loi)...

Néanmoins, il y a des locutions pouvant appartenir à plusieurs catégories, selon le contexte de leur utilisation, comme dans le dictionnaire de l'Académie française pour a priori (en partant de ce qui est avant, au premier abord) qui est répertoriée comme adverbe (argumenter a priori), adjectif (Raisonnement a priori), et nom (formuler un a priori).

Mais les dictionnaires de langue française divergent des fois sur la nature grammaticale à attribuer. À titre d'exemple persona grata, littéralement « personne bienvenue », est définie comme nom invariable (locution nominale) dans le Robert et dans le Trésor de la langue française alors que dans le dictionnaire de l'Académie française et Le Larousse, c'est une locution adjectivale.

Autre cas, sine die (sans jour fixé) est répertoriée comme adverbe dans Le Robert. Ce dernier illustre sa définition par l'exemple « D'un autre côté, un report sine die risquerait d'encourager... » Un usage semblable au passage « Les motions (...) tendant au renvoi sine die ou conditionnel du débat » qu'utilise le Trésor de la langue française pour montrer à l'inverse l'emploi adjectival.

En analysant les deux exemples, il semblerait que Le Robert utilise sine die au sens littéral « sans jour fixé» alors que le Tlfi l'emploie comme synonyme de l'adjectif « indéfini ». Cela démontre les difficultés parfois à traduire convenablement les locutions latines dans le contexte de leur utilisation et par extension de déterminer à quelle catégorie grammaticale elles appartiennent.

Page | 26

Éléments théoriques

II.6 Classification des locutions latines

L'un des problèmes récurrents en phraséologie réside dans la classification des unités phraséologiques. À titre d'exemple, Pecman (2004) dénombre onze (11) différentes typologies se basant entre autres sur la nature grammaticale (nominale, adjectivale...), la structure syntaxique, le contenu sémantique, l'étymologie...

En ce qui concerne cette recherche, nous avons opté pour des classifications :

II.6.1 Selon le domaine étymologique

Pour Pecman (2004, p. 141), cette classification des locutions consiste à : « Définir l'origine de celles-ci, qu'il s'agisse de leur origine historique, géographique ou chronologique ». Il cite d'autres chercheurs optant pour cette typologie, à l'instar de Jernej et Mel'èuk, avant de donner lui-même un exemple d'un classement étymologique selon le domaine d'origine : historique, mythologique, antique, religieux, littéraire et populaire.

Dans ce mémoire, en tenant compte de la dimension historique du latin, la catégorisation se fera aussi selon l'étymologie tout en adaptant les domaines cités par Pecman aux locutions latines en s'inspirant notamment d'une typologie établie par Derradj (1999) pour les emprunts de la langue française à l'arabe algérien dans laquelle il distingue trois types d'emprunts selon la dimension religieuse, le domaine politico-institutionnel et enfin ceux qui relèvent de la culture et de l'art.

À cet effet, en se basant sur la partie consacrée précédemment aux différents latins dans la langue française, ainsi que sur les dictionnaires consultés et les ouvrages sur le latin, les locutions latines sont réparties dans quatre grandes classes, chacune de ces classes rassemblant plusieurs domaines.

a) Classe I (Droit, géopolitique, sciences, économie, administration...)

Elle comporte les unités phraséologiques latines issues des domaines : juridique, économique, géopolitique, administratif, sciences naturelles et techniques... Le choix de rassembler ces éléments sous la même classe se justifie par la difficulté dans certains cas de déterminer avec exactitude le domaine auquel une locution appartient.

À ce titre par exemple, statu quo (état actuel des choses) se réfère au Droit et à la politique. Parmi les éléments de cette classe :

Page | 27

Éléments théoriques

· De facto : « Droit. De fait, en se fondant sur le fait accompli » (AF).

· In vivo : « Du latin scientifique, dans ce qui est vivant » (AF).

· Persona grata : « Locution du latin diplomatique moderne signifiant «personne bienvenue» » (Tlfi).

· Homo oeconomicus : « Le concept d'«homme économique» Homo economicus, est apparu à la fin du XIXe siècle sous la plume de critiques des écrits d'économie politique de John Stuart Mill » (Ricard, 2013, p. 630).

b) Classe II :( philosophie, religion, littérature, rhétorique, histoire...)

Cette classe réunit les locutions dont les domaines d'origines ont trait à la mythologie, à la culture et l'art, à la spiritualité et aux sciences humaines et sociales. Elles proviennent essentiellement du latin philosophique (scolastique), religieux (ecclésiastique, mythologique), littéraire ou encore de proverbes et de la rhétorique. Par exemple :

· A fortiori : « Expression du latin scolastique, par une raison plus forte » (AF).

· Ad hominem : « Locution latine signifiant : à l'homme, ad hominem : (dirigé) contre l'interlocuteur (...). Terme de l'art oratoire» (Tlfi).

· Urbi et orbi : « À la ville et à l'univers. Liturgie catholique. La bénédiction que le Pape donne à Rome et au monde entier... » (Le Robert).

· Bis repetita : « bis repetita placent» « Ceci mérite d'être redit, répété «aphorisme forgé d'après un vers de l'Art poétique d'Horace» » (Le Robert).

c) Classe III : (latin en général)

Cette classe est réservée aux locutions répertoriées dans les dictionnaires de langue française consultés, mais à l'étymologie inconnue. Parmi les locutions de cette classe :

· Extra muros : « Locution latine extra muros, proprement : hors des murs» (AF).

· In fine : « Du latin in fine : proprement : à la fin» (AF).

· Ex aequo : « Du latin ex aequo : à égalité» (AF).

· Stricto sensu : « Mots latins : au sens strict» (Le Robert).

Page | 28

Éléments théoriques

d) Classe IV : (latin de cuisine et locutions non référencées à l'origine inconnue)

Cette dernière classe comporte d'un côté les locutions du latin de cuisine ou macaronique, c'est-à-dire celles créées sous le prisme de l'humour. De l'autre, elle rassemble toutes les locutions latines non référencées dans les dictionnaires français et dont l'origine est inconnue. À cette classe appartiennent, par exemple, les locutions :

? Verbocination latiale : « «le parler du Latium», latin macaronique de François RABELAIS dans Pantagruel, livre VI » (Walter 2014, p. 112).

? Homo orientalis : « homme (homo) oriental (orientalis) » (Biblissima).

II.6.2 Selon leur statut dans les dictionnaires français

Les locutions latines utilisées en français ne sont pas toutes référencées dans les dictionnaires de la langue française. Si pour les proverbes, les citations ou encore les néologismes cela peut paraître logique étant donné l'absence, généralement, de ces catégories dans les dictionnaires, il n'existe pas, en revanche, d'explications pour certaines locutions dont l'usage en langue française remonte à des siècles comme pour ad nauseam (jusqu'à la nausée) (Usito) qui date du XVIIe siècle.

À cet effet, deux groupes de locutions latines se dégagent. Le premier contient celles référencées dans au moins l'un des dictionnaires de langue française consultés à savoir : « Le dictionnaire de l'Académie française », « Le Robert» (en ligne ou électronique v2.0) », « Le Trésor de la langue française informatisé» et enfin « Le Larousse (en ligne) ». Le second groupe, quant à lui, rassemble les locutions qui sont absentes de tous les dictionnaires consultés.

Cette classification permet de graduer les usages. En effet, l'emploi des locutions latines non lexicalisées (rares, néologismes, proverbes, citations historiques...) serait réservé à des auteurs jouissant d'une culture générale assez élevée.

III. Aperçu sur la presse électronique francophone III.1 Émergence de la presse électronique

La notion de presse électronique renvoie à toutes les versions numériques de la presse écrite accessibles sur Internet, et aux sites exclusivement en ligne entièrement dédiés au traitement de l'actualité et de l'information en général. L'émergence de ce type de médias

Page | 29

Éléments théoriques

est favorisée par le développement d'Internet au début de 1990 et la création du web (la toile) et des navigateurs comme « Explorer» permettant l'accès à « un nouvel espace médiatique, un nouvel espace public de diffusion de l'information, de publication et de communication » (Proulx, 2004, p. 24).

Le « San José Mercury News» (États-Unis) en mai 1993 est le premier journal de l'histoire à offrir à ses lecteurs une version électronique. D'abord, hésitant à proposer leurs contenus gratuitement, les autres journaux créent progressivement leur support en ligne de peur de perdre leur lectorat et leur prestige au profit des sites d'informations. Ces versions internet attirent un public de plus en plus nombreux puisqu'elles permettent aux lecteurs de feuilleter sur un simple clic les quotidiens, hebdomadaires et magazines de leurs choix sans contrepartie financière.

Une évolution rapide qui n'est pas sans conséquence pour la presse écrite traditionnelle laquelle connaît une chute des ventes, surtout avec l'apparition des Smartphones et des réseaux sociaux et le rajeunissement des potentiels lecteurs plus sensibles aux technologies. Le sénateur français D. Assouline (2014, p. 9) parle même de la : « Descente aux enfers de la presse papier» pour décrire la domination aujourd'hui des journaux et des sites d'information numériques. D'ailleurs, certains prédisent à moyen ou à long terme la disparition de la presse écrite surtout avec la crise de la Covid19 qui comme l'affirme le rapport 2020 de l'institut Reuters a : « Accéléré quasi certainement le passage à un futur 100 % numérique » (AFP & Szirniks, 2020).

III.2 La presse électronique francophone III.2.1 En Algérie

La presse électronique en Algérie est à ses débuts exclusivement d'expression française. En effet, c'est le quotidien « El Watan » qui lance en 1997 le premier support journalistique numérique dans le pays. Il est rejoint l'année suivante par les journaux étatiques : « Horizons» et « El Moudjahid », ainsi que par des titres de presse privés comme « La Tribune» et « Le Matin» entre autres. La même année voit aussi la création du premier site d'information électronique « Algéria Interface» (disparu en 2003).

Dès lors, les journaux et plus particulièrement les pages d'informations se multiplient en ligne touchant un public de plus en nombreux, grâce notamment à une couverture internet plus large dans le pays, mais aussi parce que, comme l'affirme Taiebi Moussaoui (2016) :

Page | 30

Éléments théoriques

« La création d'un site d'information demeure plus facile et permet d'éviter une série de lourdeurs bureaucratiques ». Toutefois, en 2020, le gouvernement algérien décide de réglementer l'activité des médias en ligne (AFP & le Figaro, 2020) en adoptant un décret imposant aux journaux électroniques d'être hébergés seulement sur des serveurs locaux.

a) El Watan

Sur sa page, le quotidien « El Watan », fondé le 08 octobre 1990, se présente comme le : « Premier journal indépendant du matin, d'expression française, à être édité en Algérie ». Aussi, comme : « Un lieu de débat et de réflexion pour les intellectuels algériens ».

Selon l'outil d'analyse « ALEXA » (Ouazi, 2020), « El Watan », qui lance sa page internet en 1997, est le quotidien algérien francophone le plus lu en ligne en 2020.

b) Le Soir D'Algérie

« Le Soir d'Algérie» est l'un des premiers titres de presse privée à voir le jour en Algérie. Il est fondé le 03 septembre 1990. À ses débuts, il n'est disponible que l'après-midi jusqu'au 06 octobre 2001. Date à laquelle le quotidien commence à paraître le matin.

Selon l'outil d'analyse « ALEXA » (Ouazi, 2020), « Le Soir d'Algérie », qui crée son site internet en novembre 1998, est le troisième quotidien algérien francophone le plus consulté en ligne en 2020.

c) Liberté

« Liberté» est un quotidien algérien indépendant créé le 27 juin 1992. Sur sa page, il se présente comme un journal qui : « Défend les principes de démocratie, de justice et les idéaux de liberté et de presse ». Sa devise est « Le droit de savoir et le devoir d'informer».

Selon l'outil d'analyse « ALEXA » (Ouazi, 2020), « Liberté », qui initie sa version en ligne en 1998, est le deuxième quotidien algérien francophone le plus lu en ligne en 2020. Le 14 avril 2021, le journal cesse de paraître après 30 ans d'existence suite à la liquidation de l'entreprise détentrice du journal.

d) Le Quotidien d'Oran

« Le Quotidien d'Oran » est un journal algérien créé en 1994. D'abord, réservé à la région de l'Oranie seulement, il devient national en 1997. Il est décrit par l'hebdomadaire français d'information Courrier International (s. d. -b) comme un titre de presse : « Sérieux,

Page | 31

Éléments théoriques

surtout lu par les cadres, il rassemble les meilleures signatures de journalistes et d'intellectuels d'Algérie dans son édition du jeudi».

Selon l'outil d'analyse « ALEXA » (Ouazi, 2020), Le Quotidien d'Oran, qui lance sa version en ligne en janvier 2001, est le quatrième quotidien algérien francophone le plus consulté en ligne en 2020.

précédent sommaire suivant






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme