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L'usage des locutions latines dans la presse numérique francophone: étude comparative entre la presse algérienne, française et québécoise


par Amine El Hadef El Okki
Université Frères Mentouri Constantine 1 - Master en langue française. Option : Sciences du langage 2022
  

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III.2.2 En France

Les premières versions numériques des journaux français sur Internet apparaissent au milieu des années 90. Mais « plusieurs journaux se disputent la paternité du premier site sur le web» (Lebert, 1999, p. 64), à savoir : « Le Monde », « Libération» « l'Humanité » et « Ouest-France ». Ainsi, en 1994, « Le Monde» propose en ligne seulement des articles de son mensuel « Le Monde diplomatique », avant de créer un site en 1996 dédié au journal. Aussi, « Libération» en 1995, partage en ligne un contenu réduit de sa version papier.

À l'inverse, dès son lancement en numérique « en septembre 1996, L'Humanité a été le premier quotidien français à proposer la version intégrale du journal sur le web » (Lebert, 1999, p. 65). Par contre, pour l'Institut national de l'audiovisuel (INA) c'est « Ouest-France» en 1995 (Simon, 2019) qui est le précurseur.

Au début, les titres de presse hexagonaux optent pour la gratuité de leurs versions en ligne, mais dès 2002 avec « Le Monde », les journaux français changent de stratégie en proposant des articles en ligne gratuits, et d'autres payants pour les abonnées.

a) Le Figaro

« Le Figaro» est fondé le 15 janvier 1826. Au début simple feuille satirique, il devient quotidien à partir du 16 novembre 1866. Son nom renvoie au personnage du Figaro dans la pièce de théâtre « Le mariage de Figaro» (1778) oeuvre de Beaumarchais (1732-1799). D'ailleurs, la devise du journal : « Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur» est l'une des répliques du personnage.

Journal dont la ligne éditoriale penche à droite dans l'échiquier politique hexagonal (Balbir, 2017), « le Figaro» est le quotidien national français payant le plus lu tous les supports confondus en 2021 (AFP & Decant, 2021). Il lance sa version numérique en 1999, proposant un contenu exclusivement gratuit. Mais à l'instar des autres quotidiens français, le journal lance à son tour une version payante « Le Figaro Premium» en 2015. En 2020, il revendique plus de deux-cent-mille (200 000) abonnés numériques (Debouté, 2020).

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Éléments théoriques

III.2.3 Au Québec

Les trois principaux journaux québécois se dotent d'une version numérique au milieu des années 1990 (Carbasse, 2009, pp. 65-66). Le premier à le faire est « Le Journal de Montréal» en 1996, via le portail internet Canoë (Canadian Online Explorer). L'année suivante (1997), c'est le quotidien « Le Devoir» qui propose son contenu en ligne. De son côté, « La Presse» lance sa version électronique en 2000.

Au niveau économique, les journaux québécois n'adoptent pas la même stratégie en ligne. En effet, si « Le Journal de Montréal» et « La Presse» sont totalement gratuits (à condition de créer un compte), d'autres quotidiens en revanche, comme « Le Devoir », après quelques articles lus gratuitement, exigent des abonnements payants pour accéder à la totalité des publications. À souligner que depuis 2020, les formats numériques dépassent en nombre de lecteurs les formats papier (Centre d'études sur les médias, 2021).

a) La Presse

« La Presse» sur sa page internet se présente comme : « Un média d'information francophone de référence au Canada » dont la mission est : « De produire une information de qualité accessible gratuitement au plus grand nombre ». Fondé en 1884, il est « le plus ancien quotidien francophone d'Amérique du Nord» (Courrier International, s. d. -a).

Le journal démarre, comme souligné au-dessus, sa version en ligne en 2000, sous l'appellation « Cyberpresse », cette dernière sera abandonnée en 2011, date à laquelle le journal change de logo et reprend son nom « La Presse» pour son site web. En 2013, le quotidien lance son application pour téléphones et tablettes « La Presse+ ».

En 2018, avec « l'adhésion massive à La Presse+ » (La Presse, 2017), le journal abandonne sa version papier et opte pour le 100 % numérique gratuit tout en faisant auprès de ses lecteurs des appels de dons.

III.3 La qualité linguistique comme stratégie de fidélisation des lecteurs

La numérisation du paysage médiatique a poussé les journaux traditionnels à adopter plusieurs stratégies afin de monétiser l'information. Ainsi, alors que certains titres de presse ont misé sur les dons et/ou la publicité pour maintenir la gratuité en ligne (les journaux algériens, La Presse). D'autres (Le Figaro) ont préféré lancer des versions payantes via divers abonnements.

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Éléments théoriques

Mais, quelle que soit la stratégie adoptée par ces journaux, l'objectif est identique, il s'agit de fidéliser le maximum de lecteurs (Labracherie, 2017) pour attirer d'une part des annonceurs publicitaires et de l'autre des abonnées pour les versions payantes. Une quête qui pousse ces médias, à chercher continuellement à produire du contenu de qualité surtout pour séduire le lectorat « prémium » (cadres, dirigeants, hauts revenus, intellectuels...), cible prioritaire des journaux.

En effet, une étude datant de 2015 de l'organisme français « Audipresse » (aujourd'hui ACPM) révèle que 98,6 % de cette population lit la presse écrite, quel que soit le support en Hexagone (ADN, 2015). Une catégorie de potentiels lecteurs représentant en France pour l'année 2010 « un pouvoir de consommation de 75 milliards d'euros annuels » (Larroque, 2010)

Le contenu de qualité se manifeste dans un journal francophone par une information crédible et pertinente, mais aussi par l'usage d'un français également considéré de « qualité ». En effet, des études marketing démontrent que les consommateurs évaluent positivement ou négativement le sérieux d'une entreprise, entre autres, par la « qualité» de la langue employée dans les produits que cette société propose (Pedraz-Delhaes & Sénécal, 2009).

Pour les journaux, les produits en question sont les articles, qui de surcroît reposent essentiellement sur un contenu linguistique, destiné à la consommation des lecteurs. Par conséquent, l'emploi régulier d'unités phraséologiques latines contribue à améliorer la perception de ces lecteurs vis-à-vis du journal et de l'auteur de l'article puisque comme indiqué précédemment dans la partie consacrée au latin, l'usage de la langue de Cicéron est synonyme de sérieux et d'une grande culture. Deux qualités pouvant séduire les prémiums.

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