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L'usage des locutions latines dans la presse numérique francophone: étude comparative entre la presse algérienne, française et québécoise


par Amine El Hadef El Okki
Université Frères Mentouri Constantine 1 - Master en langue française. Option : Sciences du langage 2022
  

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Introduction générale

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Introduction générale

« Le Latin est mort, vive le Latin! Petite histoire d'une grande langue », c'est par ce titre inspiré du proverbe « Le Roi est mort, vive le Roi» que le latiniste allemand Wilfried Stroh intitule son livre sur la langue de Cicéron, paru en 2007, pour rendre compte, selon lui, de l' : « Immortalité » d'un latin continuant à être employé sous sa forme originale dans le vocabulaire de nombreuses langues romanes, ou autres indo-européennes, contemporaines. À l'instar du français dans lequel persistent des « mots qui reproduisent directement, sans modification orthographique, un terme latin (lavabo, utérus, mordicus) et des locutions qui sont empruntées au latin ancien ou médiéval (et cætera, a priori)» (Wolff, 1993 b, p. 80).

Le français est de surcroît, comme l'explique Walter (1997, p. 54), une langue : « Double fois latine ». Effectivement, si la grande majorité des mots de la langue française résultent de la mutation du latin populaire (vulgaire) introduit par les soldats romains, à leur arrivée en Gaule, au Ier siècle av. J.-C., une autre partie de ces mots provient du latin « savant», celui des Humanistes de la Renaissance lesquels procèdent au XVe à une relatinisation du français. Cela explique l'existence dans la langue française de doublets tels que « rigide/raide» (rigidus). En outre, ce n'est pas un, mais des latins qui coexistent en français, parmi lesquels : l'ecclésiastique, le scolastique, le scientifique, le juridique...

Une présence latine s'enrichissant régulièrement de néologismes dans plusieurs domaines scientifiques et techniques (botanique, zoologie, chimie...) ou encore en Droit et en politique. Une néologie oeuvre parfois de célébrités, comme pour annus horribilis (année horrible) attribuée à la Reine d'Angleterre Elizabeth II en 1992 (Lagarde, 2020). Enfin, certaines créations lexicales telles que deuzio (deuxième), vulgum pecus (commun des mortels) sont humoristiques ou familières, elles appartiennent au latin de « cuisine» ou « macaronique », « vu comme une préparation culinaire [...] d'un latin en quelque sorte «fabriqué»» (Walter, 2014, p. 111).

Ainsi, tout locuteur francophone emploie nécessairement du latin dans ses pratiques langagières quotidiennes, soit inconsciemment, soit délibérément. Dans le premier cas, en utilisant des mots courants lexicalisés comme « agenda », « tribunal», « forum », etc. Dans le second cas, en ayant recours plus spécialement à une phraséologie latine permettant d'« émailler l'écriture ou la conversation de citations » (Grigorieff, 2015, p. 8), étant donné qu'utiliser les locutions de la langue de Cicéron dénote d'une grande culture notamment en France, où par exemple le président en exercice « aime étaler sa culture classique lors de ses interviews et raffole des locutions latines» (Proust, 2021). Dans

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