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L'usage des locutions latines dans la presse numérique francophone: étude comparative entre la presse algérienne, française et québécoise


par Amine El Hadef El Okki
Université Frères Mentouri Constantine 1 - Master en langue française. Option : Sciences du langage 2022
  

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VIII.2 La forme italique

Comme indiqué dans la partie théorique, les ouvrages typographiques en France préconisent de transcrire en italique les locutions non francisées tout comme les locutions phrases (proverbes, expressions, citations).

Le tableau 10 recense tous les usages en italique des locutions latines, mais hors citations et propos rapportés seulement.

Page | 107

 
 

Analyse du corpus

 
 
 
 
 

Locution

Total

El Watan

Le Figaro

La Presse

A contrario

2

 

1

1

A minima

1

 

1

 

A posteriori

2

 

2

 

A priori

2

 

2

 

Ad hoc

2

 

2

 

Ad hominem

1

 

1

 

Ad nauseam*

1

 

-

1

De facto

3

 

1

2

Homo faber

1

 

1

 

In absentia

1

 
 

1

In extremis

3

 

1

2

In fine

7

1

6

 

In situ

2

 
 

2

Ipso facto

1

 
 

1

Memento Mori

1

 

1

 

Modus operandi

1

 
 

1

Modus vivendi

1

 

1

 

Nec plus ultra

1

 

1

 

Numerus clausus

1

 

1

 

Panem et circences

2

 

2

 

Persona non grata

1

 
 

1

Res publica*

2

 

2

 

Sine die

1

 

1

 

Sine qua non

4

 

3

1

Stricto Sensu

3

 

3

 

Taedium vitae

1

 

1

 

Tempus fugit*

1

 

1

 

Vanitas vanitatum et omnia vanitas *

1

 

1

 
 

* Non référencée dans les dictionnaires français

Tableau 10

Liste et répartition des usages de la forme italique

Page | 108

Analyse du corpus

? Analyse du tableau 10 ? Journaux algériens

L'analyse dénombre une seule occurrence en italique (hors citations et propos rapportés), à savoir in fine, au sein des journaux algériens, au niveau de l'article n O 09 (El Watan) malgré l'utilisation dans les articles algériens de locutions non francisées et de locutions phrases à l'image d'« alea jacta est» dans l'article n° 200 (Le Quotidien).

Une absence des formes italiques qui pourrait s'expliquer par l'emploi presque exclusivement, comme relevé plus haut, dans les quotidiens algériens, des locutions lexicalisées dans les dictionnaires français.

? Tous les journaux

Le tableau 10 révèle le recours à la forme italique à cinquante (50) reprises dans le corpus. Des usages presque uniquement relevés dans les journaux étrangers, soit quarante-neuf (49) emplois, dont trente-six (36) dans « Le Figaro ».

? Locutions

L'analyse permet de constater que vingt-huit (28) des soixante-douze (72) locutions, listées soit 38.88 %, comptabilisent au moins une écriture en italique dont quatre (4) qui ne figurent pas dans les dictionnaires français consultés.

À souligner que huit (8) locutions : homo faber, memento mori, taedium vitae, tempus fugit, in absentia, vanitas vanitatum et omnia vanitas, panem et circenses, et res publica, présentent des usages exclusivement en italique, mais mise à part pour les deux dernières, les six (6) autres ne comptent qu'un (1) seul emploi recensé dans le corpus.

Parmi ces sept (7) éléments aussi, trois (3) res publica, tempus fugit, vanitas vanitatum et omnia vanitas ne disposent pas d'entrées dans les dictionnaires français consultés.

Le tableau 10 démontre en outre que cinq (5) locutions (ad hoc, a minima, de facto, a contrario, a priori) se distinguent par une écriture en italique dans moins de 10 % de leurs usages. À noter que ces locutions possèdent la particularité de comptabiliser ensemble deux-cent-quarante-trois (243) usages dans le corpus soit plus du tiers (34 %) des occurrences totales recensées.

Il ressort donc de l'analyse que les auteurs des articles réserveraient l'écriture italique aux locutions latines rarement employées et à celles qui ne figurent pas dans les

Page | 109

Analyse du corpus

dictionnaires français. En contrepartie, ces auteurs écriraient plus en romain les locutions lexicalisées et les plus fréquemment utilisées, comme a priori, statu quo, de facto...

Cependant, certains usages relevés dans le corpus contredisent cette explication. Comme dans l'article n° 287 (Le Figaro), l'auteur écrit ad hoc et stricto sensu en italique, mais « de facto» et « urbi et orbi» en romain. Alors que la dernière locution est beaucoup moins courante qu'ad hoc. En témoignent les usages recensés dans le corpus avec vingt-cinq (25) emplois comptabilisés pour « ad hoc» contre deux (2) seulement pour « urbi et orbi ».

Au terme de l'analyse et compte tenu des observations constatées, nous sommes dans l'incapacité de confirmer la deuxième partie de notre hypothèse : contrairement aux usages typographiques conseillés en France, les auteurs des articles dans la presse francophone n'écrivent pas toujours les locutions latines en italique.

VIII.3 La francisation

Même si l'Académie Française déconseille la francisation des locutions latines, comme souligné dans la partie théorique, une lecture rapide des occurrences permet de relever certains emplois de cette forme. Le tableau 11, au terme d'une analyse plus approfondie, recense les locutions latines écrites sous cette forme avec les proportions (nombre d'utilisation francisée/nombre total des usages de la locution).

Locution

Total

El Watan

Le Soir

Liberté

Quotidien

Figaro

À priori

17/126

1/12

0/9

0/9

15/16

1/53

À fortiori

1/16

0/1

0/1

0/1

1/2

0/10

À minima

1/16

-

0/1

-

1/1

0/13

À postériori

2/18

0/1

0/2

1/2

1/1

0/10

Fac-similé

1/1

-

-

-

-

1/1

 
 

1/37

0/5

1/4

0/4

0/1

0/15

Tous les journaux

23

01

01

01

18

02

 

Total journaux algériens : 21

Tableau 11

Liste et répartition des usages de la forme francisée

Page | 110

Analyse du corpus

? Analyse du tableau 11

Le tableau 11 révèle l'emploi de la forme francisée dans six (6) locutions latines à vingt-trois (23) reprises et dans la plupart des cas dans les journaux algériens (21), mais surtout plus particulièrement dans « Le Quotidien d'Oran ».

En effet, le journal oranais représente à lui seul 78 % des occurrences francisées recensées par l'analyse. Cette dernière montre la francisation au sein du quotidien de tous les usages d'« à minima» et « à postériori » ainsi que 94 % de ceux d'« à priori» et la moitié (1/2) de ceux d'« à fortiori ».

Il résulte de ces constatations que les auteurs des articles de ce journal emploient généralement les formes francisées des locutions latines dès que possible.

Le tableau 11 dénombre en outre dans chacun des trois autres journaux algériens, un seul emploi francisé. À noter que pour la seule occurrence francisée recensée dans « Liberté » à savoir « a postériori » (l'article n° 131) la francisation par accentuation s'opère au niveau du « e », mais pas du « a ».

Concernant les journaux étrangers, seul « Le Figaro » comporte des locutions francisées, deux (2) exactement dont « fac-similé » la seule locution dénombrée répertoriée dans les dictionnaires consultés (dont celui de l'Académie française) uniquement sous cette forme francisée.

À souligner enfin que quatre des six locutions (4/6), à part « à priori » et « à postériori », comptabilisent un seul emploi francisé seulement.

À partir de ce que vient de révéler l'analyse du tableau 11, nous ne pouvons pas confirmer la dernière partie de notre quatrième hypothèse : les auteurs des articles, contrairement à notre suggestion, emploient les formes francisées des locutions latines en dépit de ce que préconise l'Académie française.

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