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L'usage des locutions latines dans la presse numérique francophone: étude comparative entre la presse algérienne, française et québécoise


par Amine El Hadef El Okki
Université Frères Mentouri Constantine 1 - Master en langue française. Option : Sciences du langage 2022
  

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VI.1 Répartitions des locutions latines par classes étymologiques

Le graphique 06 compare entre les répartitions des locutions latines par classes étymologiques.

Graphique 06

Comparaison entre les répartitions des locutions latines par classes étymologiques

? Analyse et commentaires du graphique 06 ? Journaux algériens

Page | 96

Analyse du corpus

Le graphique 06 démontre que les classes I et II contribuent avec environ le même nombre de locutions dans les journaux algériens. Elles affichent d'ailleurs des chiffres semblables dans « Le Quotidien d'Oran ».

L'analyse révèle également que la classe III contribue avec presque le même nombre d'éléments, six (6) et quatre (4), dans chacun des journaux algériens.

Le graphique 06 révèle en revanche l'absence des locutions de la classe IV puisque comme relevé précédemment, seulement une des locutions employées dans les articles algériens n'est pas lexicalisée, à savoir, per capita (El Watan) et que cette dernière appartient au domaine des statistiques et donc par extension à la classe I.

? Tous les journaux

Si c'est aussi, comme dans les journaux algériens, la classe II qui devance la classe I dans le corpus, l'analyse révèle par contre un plus grand écart dix (10) locutions. Cette différence trouve son explication dans les articles du Figaro puisque dans « La Presse », les deux classes, comme dans les journaux algériens, affichent des chiffres presque identiques, onze (11) et douze (12) locutions.

En effet, à la lecture des données illustrées par le graphique 06, il ressort que c'est dans le quotidien français, qui représente 42 % des occurrences, que l'écart est le plus conséquent, neuf (9) locutions.

À souligner que la classe III dépasse les dix (10) éléments que dans le corpus pris dans sa totalité. La comparaison permet également de constater la présence des locutions de la classe IV uniquement dans les articles du « Figaro» et presque totalement (6/8) dans un seul le n° 432 sous forme de « latin de cuisine ».

À la lumière de ces résultats, nous ne pouvons pas confirmer la première partie de notre troisième hypothèse puisque parmi les classes étymologiques des locutions latines, c'est la classe II, et non la classe I, qui possède le plus de locutions recensées.

VI.2 Proportions des classes étymologiques dans les occurrences

Le graphique 07 établit la comparaison entre les proportions des classes étymologiques dans les occurrences recensées.

Page | 97

Analyse du corpus

Graphique 07

Comparaison entre les proportions des classes étymologiques dans les occurrences

? Analyse du graphique 07

? Journaux algériens

L'analyse du graphique 07 révèle la domination dans les occurrences algériennes des locutions de la classe I devant par ordre celles de la classe II et de la classe III.

Au niveau des journaux, les locutions de la classe II devancent celles de la classe I seulement dans les occurrences du « Quotidien d'Oran ». Alors que « Liberté» est le seul journal algérien dans lequel une des classes, la I en l'occurrence, domine majoritairement les occurrences (60 %). À souligner que l'emploi des locutions de la classe III ne dépasse pas les 20 % dans tous les cas de figure.

? Tous les journaux

Il ressort de l'analyse que c'est la classe II (43 %) qui domine de peu les occurrences recensées dans le corpus devant la classe I (41 %) contrairement à ce qui est relevé dans les occurrences algériennes.

Cette domination de la classe II s'explique par sa présence dans presque la moitié des usages, 49 %, relevés dans « Le Figaro» (42 % des occurrences du corpus), ainsi que par le nombre élevé d'emplois de la locution a priori. (18 % des occurrences totales)

Page | 98

Analyse du corpus

Pour le reste des journaux, à part pour « Le Quotidien », c'est la classe I qui affiche la plus grande représentativité. Ce qui pourrait s'expliquer par la proximité entre la nature des sujets traités dans les journaux d'information générale et les domaines étymologiques de cette classe : politique, économie, droit...

À noter que les locutions de la classe III, apparaissent dans moins de 20 % des occurrences du « Figaro» et de « La Presse» comme dans les journaux algériens.

Aussi relevé, la classe IV avec huit (8) locutions pour huit (8) occurrences recensées est la seule classe dont tous les éléments comptabilisent un (1) seul usage.

À partir des résultats obtenus, nous n'arrivons pas à confirmer la seconde partie de notre troisième hypothèse, car parmi les classes étymologiques des locutions latines, c'est la classe II, et non pas la classe I, qui compte le plus grand nombre d'occurrences.

VII. Analyse par type d'auteurs

Les occurrences recensées proviennent de trois sources distinctes : les journalistes, les contributeurs externes (collaborateurs, lecteurs...) et enfin de propos rapportés. Cette dernière catégorie comprend aussi les locutions issues des articles des différentes agences de presse (AFP, APS, Reuters...) ou d'autres rédactions. Cette analyse porte sur la :

VII.1 Répartitions des occurrences par type d'auteurs

Le graphique 08 illustre les répartitions des occurrences par type d'auteurs.

Graphique 08

Comparaison entre les répartitions des occurrences par type d'auteurs

Page | 99

Analyse du corpus

? Analyse du graphique 08 ? Journaux algériens

La comparaison démontre qu'au sein des articles algériens en général et dans chacun des journaux en particulier, la majorité des usages recensés est l'oeuvre des journalistes. Dans le reste des occurrences algériennes, les deux autres types d'auteurs, affichent des chiffres proches 20,75 % et 21,51 %.

Au niveau des journaux, les « contributeurs » sont à l'origine de 38 %, leur plus grand taux, des occurrences recensées dans « Le Quotidien d'Oran » sachant que le quotidien oranais se distingue par la plus grande proportion d'articles écrits par des contributeurs dans un journal du corpus (9 %). Il est aussi avec « Liberté» (22 %), le seul journal dans lequel le taux de ce type d'auteurs (contributeurs) dépasse celui des « propos rapportés ».

? Tous les journaux

Le graphique 08 confirme la domination des journalistes, ces derniers sont en effet les auteurs de la majorité des occurrences (environ 60 %), exactement quatre-cent-vingt-et-une (421). Une domination qui s'explique par le fait que la plupart des auteurs des articles de presse sont des journalistes. Toutefois, l'analyse prouve que l'ampleur de cette domination n'est pas la même dans tous les journaux.

En effet, alors qu'au sein du « Figaro », les journalistes sont à l'origine de presque 70 % des occurrences recensées dans le journal, il est constaté en revanche dans « La Presse» que la majorité des emplois des locutions latines (55,86 %) n'est pas l'oeuvre des journalistes. Ces derniers, avec un taux de 44,14 %, affichent par ailleurs un chiffre proche du taux des « propos rapportés» (42,07 %).

VII.2 Proportions des classes étymologiques pour chaque type d'auteurs

Dans cette analyse, nous allons relever les répartitions des classes étymologiques dans les occurrences de chaque type d'auteurs.

VII.2.1 Chez les journalistes

Le graphique 09 rend compte des proportions de chaque classe étymologique dans les occurrences recensées chez les journalistes.

Page | 100

Analyse du corpus

Graphique 09

Comparaison entre les proportions des classes étymologiques
dans les occurrences des journalistes

? Analyse du graphique 09 ? Journalistes algériens

L'analyse révèle la domination des locutions de la classe I dans les occurrences des journalistes algériens devant, par ordre, les locutions des classes II et III.

Au niveau des journaux, le graphique 09 recense un seul emploi majoritaire d'une classe. Il s'agit de la classe I qui est présente dans environ les deux tiers (2/3) des occurrences des journalistes de « Liberté ».

À souligner l'emploi équilibré relevé des trois classes dans les usages dénombrés chez les journalistes du « Soir d'Algérie ». En effet, les deux classes I et II affichent des taux identiques (34,21 %) et proches de celui de la classe III (31,5 %).

? Tous les journaux

Le graphique 09 démontre, à l'inverse de ce qui est constaté dans les occurrences des journalistes algériens, que c'est la classe II qui domine majoritairement les occurrences des journalistes français et québécois alors que les locutions de la classe I apparaissent dans environ le tiers (1/3) de ces occurrences.

L'analyse révèle également que les journalistes français (17 %) et québécois (12 %) recourent moins à l'usage des locutions de la classe III que leurs homologues algériens (20 %).

Page | 101

Analyse du corpus

À souligner que le seul emploi relevé d'une locution de la classe IV est l'oeuvre d'un journaliste du Figaro (article n° 210). Il en découle que dans le corpus, seuls les journalistes du quotidien français recourent aux locutions latines de l'ensemble des classes étymologiques définies dans la partie théorique.

VII.2.2 Chez les contributeurs

Le graphique 10 illustre les proportions de chaque classe étymologique dans les occurrences recensées chez les contributeurs.

Graphique 10

Comparaison entre les proportions des classes étymologiques
dans les occurrences des contributeurs

? Analyse du graphique 10

? Contributeurs des journaux algériens

Il ressort des données illustrées par le graphique 10 que les contributeurs dans les journaux algériens emploient en moyenne majoritairement les locutions de la classe II. Ils utilisent du reste les locutions de la classe I plus que celles de la classe III.

Au niveau des journaux, il est à noter l'absence des locutions de la classe III dans les occurrences des contributeurs du « Soir d'Algérie ». L'analyse montre en outre que c'est chez les contributeurs d'« El Watan » que la classe I enregistre son plus faible taux (8 %) et qu'à l'inverse la classe III affiche son taux le plus élevé (41 %).

Page | 102

Analyse du corpus

? Tous les journaux

Le graphique 10 démontre qu'à l'instar des contributeurs des journaux algériens, ceux du « Figaro » utilisent en majorité des locutions issues de la classe II contrairement à ce qui est constaté dans le journal « La Presse ». En effet, dans les occurrences des contributeurs du journal québécois, l'analyse révèle la domination des locutions de la classe I.

À signaler que les taux affichés par la classe III dans les occurrences des contributeurs du « Figaro» (14 %) et de « La Presse» (15 %) diffèrent de peu du taux moyen relevé dans les occurrences des contributeurs algériens (16 %).

Les données du graphique 10 permettent de constater enfin l'absence des locutions de la classe IV chez les contributeurs du Figaro.

VII.2.3 Dans les propos rapportés

Le graphique 11 détaille les proportions des classes étymologiques dans les occurrences des propos rapportés.

Graphique 11

Comparaison entre les proportions des classes étymologiques

dans les propos rapportés

? Analyse du graphique 11

? Au sein des journaux algériens.

L'analyse révèle la présence en moyenne des locutions de la classe I dans les deux tiers (2/3) des occurrences des propos rapportés au sein des journaux algériens. Alors que dans

Page | 103

Analyse du corpus

le dernier tiers (1/3), la classe II devance la classe III. À noter aussi la domination de la classe I au niveau des journaux.

Le graphique 13 démontre également les absences dans certains cas des classes II et III. La première dans les occurrences des propos rapportés au sein de « Liberté» et la seconde au sein de celles d'« El Watan » et du « Soir d'Algérie ».

? Tous les journaux

La comparaison dressée par le graphique 11 permet de constater le même ordre de répartitions des classes au sein de « La Presse» et dans les journaux algériens avec la présence majoritaire de la classe I.

Par contre, il est constaté qu'au sein du « Figaro» cette classe possède un taux identique à la classe II (39,06 %). À souligner en outre que le journal français se distingue par une autre égalité entre les classes III et IV (10,94 %.). Cette dernière (la classe IV) affiche d'ailleurs son taux le plus élevé tous types d'auteurs confondus.

VII.2.4 Synthèse des résultats

Il ressort de l'analyse que :

? Les journalistes algériens en moyenne utilisent le plus souvent les locutions de la classe I, alors que les journalistes français emploient majoritairement les locutions de la classe II comme leurs homologues québécois, mais sont les seuls à faire usage des locutions de la classe IV.

? Les contributeurs des journaux algériens (en moyenne) et français recourent majoritairement aux locutions de la classe II, alors que les contributeurs du journal québécois font appel aux locutions de la classe I le plus souvent.

? Les occurrences issues de propos rapportés se distinguent par un emploi majoritaire des locutions de la classe I au sein des journaux algériens et dans la Presse, alors qu'il est relevé une double égalité dans le Figaro. La première entre les classes I et II, et la seconde entre les classes III et IV.

VIII. Particularités orthographiques et typographiques VIII.1 L'usage du trait d'union

Les dictionnaires français, comme révélé dans la partie théorique, mentionnent pour certaines locutions des orthographes avec et sans trait d'union (-)

Page | 104

Analyse du corpus

Le tableau 09 rassemble tous les emplois relevés du trait d'union avec les proportions (nombre d'utilisation comportant le trait d'union/nombre total des usages de la locution).

Locution

Total

Watan

Soir

Liberté Quotidien

Figaro

Presse

Ad-hoc*

1/25

0/5

0/1

0/9

0/1

0/7

1/2

Ex-aequo

2/11

-

1/4

0/1

1/1

0/6

0/4

Ex-nihilo*

1/3

1/1

-

-

0/2

-

-

 
 

1/1

1/1

-

-

-

-

-

 
 
 

8/9

4/5

2/2

-

1/1

-

1/1

 
 

Fac-similé

1/1

-

-

-

-

1/1

-

 
 

1/37

0/5

1/4

0/4

0/1

0/15

0/8

In-situ*

2/10

1/1

-

-

1/3

0/4

0/2

Intra-muros

11/12

2/2

5/5

-

3/4

1/1

-

 
 
 
 

1/1

-

1/1

-

-

-

-

 
 
 

8/23

2/2

0/2

1/1

-

4/11

1/7

 
 
 

2/3

-

-

-

-

1/2

1/1

Post-scriptum

2/2

-

-

-

-

1/1

1/1

 
 

1/76

0/9

0/10

0/9

0/4

1/21

0/23

Vade-mecum

2/2

-

-

-

1/1

1/1

-

 
 

10/15

1/1

1/1

1/2

1/1

2/4

4/6

 

* Écriture non mentionnée dans les dictionnaires français

 
 
 
 

12/77

15,58 %

 

11/61

18,03 %

 

2/69

2,89 %

 

8/58

14,29 %

 

33/265

12,45 %

 

12/296

4,06 %

 

9/145

6,21 %

 

54/706

7,56 %

 

Tableau 09

Liste et répartition des écritures avec le trait d'union (-)

Page | 105

Analyse du corpus

? Analyse du tableau 09 ? Journaux algériens

Le tableau 09 répertorie trente-trois (33) emplois du trait d'union (-) dans les journaux algériens. Ce qui représente 12 % des occurrences algériennes recensées.

Au niveau des quotidiens, c'est le « Soir d'Algérie» qui affiche le taux le plus élevé (18 %) juste devant « El Watan » et « Le Quotidien d'Oran ». Alors que « Liberté» se distingue par des usages plus rares, environ (3 %).

L'analyse montre en outre l'usage du trait d'union (-) dans l'écriture de onze (11) locutions, soit le quart (1/4) de celles listées dans les journaux algériens et que celles-ci figurent toutes dans les dictionnaires français consultés.

À souligner que ces dictionnaires ne mentionnent aucune écriture avec un trait d'union pour quatre (4) de ces locutions. Celles-ci possèdent également la particularité de ne comptabiliser chacune qu'un (1) seul usage seulement avec cette écriture dans les journaux algériens.

? Tous les journaux

L'analyse permet de relever au sein du tableau 09, cinquante-quatre (54) écritures utilisant le trait d'union (-), soit dans 7,56 % des occurrences recensées dans le corpus.

Le tableau 09 démontre également le faible usage du trait d'union dans les deux journaux étrangers (4 % et 6 %) en comparaison aux taux enregistrés dans la plupart des journaux algériens. Ces derniers comportent du reste 62 % des usages dénombrés du trait d'union (-).

Il est à noter aussi que l'emploi du trait d'union (-) concerne seize (16) des soixante-douze (72) locutions listées dans le corpus, soit 22 %. Ces locutions figurent toutes dans les dictionnaires français consultés.

Toutefois, pour presque la moitié d'entre elles, soit sept (7), ces dictionnaires n'indiquent aucune écriture avec un trait d'union (-). Et tout comme observé dans les journaux algériens, ces locutions, à part post-scriptum, ne dépassent pas un (1) seul usage avec cette écriture.

? Locutions

À partir du tableau 09, il est relevé :

? La présence du trait d'union (-) dans toutes les écritures de : « post-scriptum », « vade-mecum », « fac-similé », « in-vivo », « ex-post ».

Page | 106

Analyse du corpus

? Le recours au trait d'union (-) dans certaines écritures d'« ex-aequo» (2/11), « ex nihilo» (1/3), « in situ» (1/10) et « in extremis» (1/37) dans les journaux algériens seulement, des écritures cependant non mentionnées dans les dictionnaires français pour les trois dernières locutions

? L'absence à une reprise du trait d'union (-) dans les écritures d'une part d'« extra-muros » (1/9) et d'« intra-muros » (1/12) seulement dans un journal algérien, et de l'autre dans celle de « post-mortem » uniquement dans « Le Figaro »

? L'emploi du trait d'union (-) à une seule reprise dans l'écriture d'« ad hoc » (1/25) et
de « statu quo » (1/76) et uniquement dans « La Presse » (1/2) pour la première et au sein du « Figaro » (1/21) pour la seconde.

? L'utilisation du trait d'union (-) dans la majorité des écritures de « vice-versa » dans les journaux algériens (3/4) et au sein des journaux français et québécois.

? Une différence dans l'écriture de « mea-culpa » entre les journaux algériens et étrangers. En effet, dans les premiers, la majorité des écritures (3/5) de la locution se distinguent par un trait d'union (-) (absent seulement dans « Le Soir »), alors qu'au sein du « Figaro » (4/11) et de « La Presse » (1/7) l'usage du trait d'union (-) est minoritaire.

Au regard de ce que l'analyse vient de démontrer, nous sommes aptes à confirmer la première partie de notre quatrième hypothèse : l'homogénéité orthographique sur les traits d'union n'existe pas.

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