La protection sécuritaire des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays en R.D.C.: cas des camps de déplacés de Lushagala et Bulengo dans la province du Nord-Kivupar Alvine HADJI USSENI Université de Kisangani - Licence 2023 |
SECTION II : SITUATION SECURITAIRE DANS LES SITES DE LUSHAGALA ET BULENGO§1. SITE DE LUSHAGALALe site de Lushagala est un camp des personnes déplacées situé dans le quartier Mugunga, à l'ouest de la ville de Goma dans la Province du Nord-Kivu. Comme dans d'autres sites que nous avons vu récemment, la situation sécuritaire dans ce site est également déplorable (bombardement du site des déplacés, viol, pillage, vol et extorsion etc.). A. Bombardement du site des déplacés dans le site de LushagalaLe vendredi 03 mai 2024, le site de Lushagala a été la cible d'un bombardement mené par des présumés rebelles du M23/RDF68(*). Cette attaque a provoqué une vague d'indignation, de la part de la communauté internationale, de la communauté des humanitaires et des autorités qui ont qualifiées notamment cet acte de lâche et de barbare. La Première ministre de la R.D.C, cheffe du gouvernement, Madame Judith Suminwa Tuluka s'est exprimée publiquement suite à cet acte, condamnant fermement cette attaque contre des citoyens innocents. Sur son compte officiel, elle a écrit : « Ces actes terroristes contre nos concitoyens innocents sont inhumains et injustifiables.69(*) Ces bombes larguées par les rebelles du M23 a tué au moins 8 civils et une dizaine de blessées ce vendredi 3 mai 2024 », a-t-elle ajoutée. Ce même vendredi matin, un échange de tirs d'artillerie avait opposé l'armée congolaise (FARDC) aux rebelles du M23/RDF positionnés sur des collines surplombant la localité de Sake. C'est ainsi qu'une forte détonation avait été entendue sous les coups de 10h :30. Des mortiers sont tombés sur le site de Lushagala, dans la zone appelée 8ème CEPAC-KIMACHINI, au quartier Mugunga70(*). Cet incident avait suscité la colère des déplacés qui ont passé plusieurs mois dans ce site, depuis leur arrivée en provenance de l'axe Sake-Shasha-Minova, et qui survivent quasiment sans assistance. La route Goma-Sake avait immédiatement été barricadée par des déplacés en colère. La tension était restée vive toute la matinée dans la zone. Les attaques armées contre le site de LUSHAGALA, ou même contre les autres sites des personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres pays (déplacés internes), constituent une violation du droit international. En effet, le principe 10 (2) des principes directeurs de l'ONU relatifs au déplacement de personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres pays, interdit les attaques visant les camps ou les zones d'installation des personnes déplacées. Il dispose en ces termes : « Les personnes déplacées sont protégées, en particulier contre71(*) : a) les attaques directes ou aveugles ou d'autres actes de violence, y compris la délimitation de zones dans lesquelles les attaques contre les civils sont autorisées; b) l'utilisation de la faim comme méthode de combat; c) l'utilisation des personnes déplacées comme bouclier pour protéger des objectifs militaires contre des attaques ou pour couvrir, favoriser ou empêcher des opérations militaires; d) les attaques visant les camps ou les zones d'installation des personnes déplacées; et e) l'utilisation de mines terrestres antipersonnel ». * 68COMMUNIQUE DE PRESSE DENONCANT LES BOMBARDEMENTS DE DEPLACES INTERNES DES CAMPS DE LUSHAGALA (QUARTIER LAC VERT) ET DE MUGUNGA (QUARTIER MUGUNGA) DANS LA VILLE DE GOMA, par KUBUYAMUHIMA Prince-Mowgly, coordonnateur national du centre d'accompagnement des victimes d'actes criminels (CAVAC asbl), Goma, 04 mai 2024. * 69KAMBALA : BOMBARDEMENT DU SITE DES DEPLACES DE LUSHAGALA A GOMA : L'INDIGNATION DE KINSHASA, disponible le 04 mai 2024 sur https://lessentielrdc.com. Consulté le 07 juin 2024 * 70 Radiookapi.net : Goma : des Bombes attribuées aux rebelles M23 tuent 8 civils sur le site de Lushagala, publié vendredi 03/05/2024 * 71 ONU : Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre pays, 1998, Principe 10. |
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