1.6.3. La question de l'équité en milieu
scolaire au Burkina Faso
L'équité est devenue l'un des
concepts-clé de l'éducation. Il est autant convoité avec
l'évolution des populations qui démontrent une croissance plus
rapide de la population féminine. Ainsi, l'équité se
centre plus sur l'alphabétisation massive des filles et des personnes
ayant des besoins spécifiques pour leur éducation.
La notion d'équité et d'égalité
d'accès à l'éducation est considérée comme
l'un des principes directeurs du Plan Sectoriel de l'Éducation et de la
Formation (PSEF ;2017-2030) au Burkina Faso. Ce document est le
référentiel qui donne la vision de l'éducation au Burkina
Faso sur la période 2014-2023. Il a été
élaboré et adopté en 2014 pour conduire la poursuite des
objectifs de l'éducation sur ladite période. Il
énumère les différents programmes de la politique, dont
celui intitulé « développement de l'accès à
l'éducation formelle », prenant en compte la promotion de
l'égalité et l'équité d'accès pour tous,
ainsi que la promotion de l'éducation inclusive à tous les
niveaux.
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L'équité scolaire est en général
établi en considérant le rapport femme/homme/ ou
fille/garçon. Le PSEF nous montre que l'équité prend bien
en compte d'autres caractéristiques. Il s'agit notamment de la situation
sociale, du sexe et de la localité d'habitation. C'est ainsi que ce
programme à travers ses sous-programmes 3 et 4, est structuré en
ces objectifs suivants :
- permettre à tous les enfants de la tranche
d'âge de 6 à 16 ans d'accéder à un
enseignement de base gratuit et obligatoire au plus tard en
2023 ;
- éliminer les disparités liées au sexe
à tous les niveaux du système éducatif ;
- réduire les écarts entre les zones rurales et
les zones urbaines en matière d'offre éducative ;
- assurer une prise en charge éducative complète
des élèves et étudiants à besoins
spécifiques (Burkina Faso, MESRSI, MENA, MJFIP, 2017).
En résumé, le PSEF montre que
l'équité doit permettre de lever tous les facteurs entravant
l'éducation et la formation des filles et des femmes, de résorber
les disparités en matière d'offre éducative entre les
régions et entre les provinces, de prendre en compte les couches
défavorisées ou vulnérables y compris celles vivant avec
un handicap. À travers, le PSEF, nous percevons l'ensemble des efforts
consentis pat l'État burkinabè dans sa quête de
l'équité en matière d'éducation.
En outre, Zongo (2019) aborde la question de la scolarisation
de la jeune fille, les facteurs l'entravant d'une part, et ceux, la favorisant
d'autre part. Dans son travail de recherche, l'auteur évoque les
facteurs qui ont longtemps éloigné la jeune fille de la
scolarisation au Burkina Faso, et notamment en territoire moaga. Parmi ces
facteurs, on peut citer :
- le fait que la fille soit considérée comme
future mère : elle doit être formée selon la tradition. Et
l'envoyer à l'école du blanc l'éloignerait de son
rôle d'épouse et deviendra désobéissante ;
- les alliances du mariage et la dot qu'elles apportent dans
la famille ;
- l'école est un lieu favorisant la délinquance,
le manque de respect des moeurs par les enfants et spécifiquement le
« dévergondage » chez la fille ;
- les moyens limités qui favorisent la priorisation de
la scolarisation du jeune garçon.
L'auteure note que les écoles franco-arabes contribuent
à l'amélioration de l'accès, du maintien, de la
réussite scolaire des filles et font de la jeune fille une actrice de
développement économique et social. Cependant, des facteurs
socioéconomiques, culturels et pédagogiques entravent
l'accès, le maintien et la réussite scolaire de la jeune fille
dans ces écoles. L'ignorance
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des parents, le manque de sensibilisation et de suivi, la
faible implication de l'État constitueraient des entraves à
l'accès, au maintien et à la réussite scolaire des filles
dans ces écoles. À ces éléments, s'ajoutent
l'insuffisance de manuels et de cantines scolaires, les mariages d'enfants
(forcés et /ou précoces), l'insuffisance d'infrastructures et
d'équipements scolaires, sans oublier le manque de considération
pour les écoles franco-arabes, les occupations domestiques
confiées aux filles, le manque de confiance en soi et l'insuffisance
d'encadreurs pédagogiques qualifiés. En somme, à travers
ledit travail de recherche, sont relevées les entraves de l'atteinte de
l'équité scolaire et les différents acteurs
concernés, à savoir l'État, les parents à travers
la tradition, ainsi que des pistes de mobilisation et l'impact
socio-économique de l'équité scolaire.
La thématique de l'équité à un
lien fort avec notre travail de recherche, qui aborde la problématique
de la scolarisation des enfants, tous sexes, tous milieux et catégories
sociales confondus. La mise en oeuvre du continuum éducatif pourrait
contribuer à améliorer la scolarisation de nombreux enfants.
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