1.6.2. Le continuum éducation-formation
Plusieurs auteurs ont abordé la question de
l'éducation, en relevant la nécessité de l'aligner avec la
formation ou l'employabilité des sortants du système scolaire.
Ils relèvent alors l'inadéquation du système existant et
la nécessité de passerelles entre éducation et formation,
en l'orientant plus vers les métiers.
Le continuum éducation-formation est un type de
continuum proposé par Hamidou Boukary (2016). Sa recherche se fonde sur
le continuum de l'éducation, en le mettant en lien avec la formation.
Dans une première approche du thème, l'auteur pense que le
continuum éducation-formation vise à réduire la
discontinuité entre éducation et formation. Il trouve que les
systèmes hérités du colon ne permettent pas une
intégration des jeunes dans le milieu de l'emploi ou de la formation. De
ce fait, il met en exergue le fossé existant entre éducation et
formation. En outre, ce système est en inadéquation avec les
réalités africaines et ne joue pas son rôle principal dans
le développement socioéconomique des États africains. Il
montre alors que l'instruction scolaire héritée de la
colonisation, doit être remplacée par une éducation
traditionnelle africaine qui aligne l'instruction avec l'acquisition des
compétences de vie et la formation aux métiers. Pour lui,
l'instruction coloniale n'est pas appropriée pour l'Afrique car celle-ci
acculture nos peuples. Les sortants de ces systèmes d'éducation
sont inaptes à la création de richesse et à la mise en
place d'économies modernes capables de sortir leur pays de la
pauvreté et du sous-développement en raison du fait qu'ils
dédaignent le travail manuel, l'associant à un statut social
inférieur.
C'est ainsi qu'Abdou Moumouni (1964) dépeint le
système éducatif africain par la détérioration de
la qualité des enseignements, due à la mauvaise formation des
enseignants et aux effectifs pléthoriques dans les classes, au manque de
maîtrise de la langue d'instruction par les enseignants et à
l'insuffisance de moyens pédagogiques pour les
enseignements-apprentissages; il faut également relever les fortes
déperditions scolaires à tous les niveaux du système (du
primaire au supérieur), le manque de cohérence et d'articulation
entre les
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programmes des différents sous-secteurs, l'offre
étroite au niveau de l'enseignement secondaire et la négligence
de l'enseignement technique et de la formation professionnelle (ETFP) par les
États, etc. L'auteur pose à cet effet les fondements d'un
continuum éducation-formation en Afrique. Il proposait dès lors
un système d'apprentissage intégrateur qui se fait tout au long
de la vie, en mettant l'accent sur les formations techniques et les
métiers, tout en utilisant les langues africaines comme langues
d'instruction et en développant le préscolaire. Dans sa
conception, la réforme du continuum consistait à créer un
système d'enseignement général «unitaire » de 10
à 11 ans et dont la structure serait de 5 ans d'études primaires
et de 6 ans d'enseignement secondaire moyen, sans interruption par des examens,
sanctionnant le passage d'un cycle à l'autre avec pour but d'initier
l'individu aux différents aspects de l'activité sociale et
économique d'une part, et de lui apporter les fondations scientifiques,
théoriques et techniques capables de lui faire comprendre
progressivement la nature et la société ainsi que le rôle
qu'il doit y jouer, d'autre part. Sa proposition du continuum visait ainsi
à rétablir le lien cassé entre l'enseignement et la
formation.
En résumé, les différents auteurs
abordent la question du continuum éducation-formation sous l'angle de la
restructuration et de la redéfinition des contenus de l'éducation
pour rétablir un lien indissociable devant exister entre l'enseignement
académique formel (le savoir), d'une part, et l'acquisition des
compétences de vie (savoir-être) et de savoir-faire utiles pour
l'insertion des jeunes dans la vie sociale et économique des
sociétés, d'autre part.
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