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Contribution du continuum éducatif à  l'amélioration de l'accès à  l'enseignement primaire de 2015-2020 dans la commune de Ouagadougou


par Issouf KONE
IFRISSE - Master II 2024
  

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CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHE

Ce chapitre aborde l'analyse contextuelle, l'identification du problème de recherche, la justification du choix du thème et son intérêt, les objectifs de la recherche, les hypothèses de recherche, la revue de littérature, la clarification conceptuelle et les théories sous-tendant la recherche.

1.1. Analyse contextuelle

Depuis son accession à l'indépendance en 1960, le Burkina Faso, à l'instar de nombreux pays africains, a connu plusieurs réformes, ainsi que des innovations de son système éducatif, en vue d'atteindre un taux de scolarisation de 100% et d'améliorer l'accès et la qualité de l'enseignement. À la conférence d'Addis-Abeba en 1961, sous l'égide de l'UNESCO, les ministres de 34 pays africains dont la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) prirent l'engagement d'atteindre en 1980 un taux de scolarisation de 100% au primaire avec des taux sensiblement améliorés dans les enseignements secondaire et supérieur (Ouédraogo et al., 2020, p.8). Dans cette logique de scolarisation massive, le Gouvernement de la Haute-Volta a adopté un décret rendant l'enseignement de premier degré gratuit et obligatoire. Cet engagement de l'État s'exprimait à travers le décret 289bis/PRES/EN du 03 août 1965. Ledit décret disposait que : « L'enseignement de premier degré est, dans les limites de possibilités d'accueil, obligatoire pour l'enfant des deux sexes de six (6) ans à quatorze (14) ans révolus » (Haute-Volta, Présidence de la République, 1965, p. 1). De ce fait, « l'enseignement de premier degré est gratuit en ce qui concerne la période soumise à l'obligation scolaire » (Haute-Volta, Présidence de la République, 1965, p. 1). Cependant, il ressort qu'au lendemain de l'indépendance du pays, c'est-à-dire en 1961, le taux de scolarisation atteignait à peine 6,5 % en 1961 (Ouédraogo et al., 2020, p.8). Au regard de ces résultats et des méthodes héritées du colonisateur en matière d'éducation, le changement du contenu de l'école, son enracinement dans nos réalités socio-culturelles et la formation des compétences au service du développement économique du Burkina Faso s'avéraient nécessaires. En effet l'accès à l'éducation pour bon nombre d'enfants (dans les différents ordres d'enseignement) et sa qualité demeuraient un problème criard pour la population. En effet, on dénombrait au niveau primaire un total de 1063 salles de classe pour une population scolarisable de 55 598 enfants (Yaro, 1994). C'est ainsi que le pays s'est inscrit dans différentes réformes (politiques, stratégies, projets, programmes et plans) afin d'impacter positivement les indicateurs de l'éducation. Nous avons entre autres la réforme des programmes scolaires en 1962, la ruralisation de l'école à partir de 1967,

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l'introduction des langues nationales (1979-1984), l'école révolutionnaire en 1984 (réforme avortée), la souscription du Burkina Faso au Programme d'Analyses des Systèmes Éducatifs de la CONFEMEN, le plan décennal de développement de l'éducation de base (PDDEB 20012010), la réforme de 2006 et la réforme de 2014 (le continuum éducatif).

À l'issue de la conférence de Addis-Abeba avec sa projection d'atteindre la scolarisation universelle en 1980, le Burkina Faso la Haute-Volta entama sa première révision de programmes scolaires, dont le but était de les adapter aux réalités du pays, de décoloniser l'école tout en changeant de langue d'enseignement. Cette réforme fut jugée insatisfaisante par les autorités et n'aura pas atteints ses objectifs. Le français demeura alors la langue d'enseignement malgré le fait qu'il ne soit pas une langue adaptée aux réalités du pays (Ouédraogo, 2007).

La ruralisation de l'école est apparue en 1967 et consistait à exporter l'école chez les ruraux afin de les scolariser en leur donnant des techniques dans le sens de développer l'agriculture et de l'adapter aux besoins nationaux. Pendant un cycle de trois ans, l'école devait former des agriculteurs instruits dans des Centres d'Éducation Rurale (CER). Toutefois, en trois ans d'expérimentation, les résultats jugés inefficaces ont conduit à l'abandon de cette réforme (Kobiané, 2006 ; Ouédraogo, 2018). Cette réforme n'ayant pas atteint les résultats escomptés a pris fin et remplacée à partir de 1973-1974 pour propulser le développement communautaire. Le gouvernement voltaïque a entamé en 1979 une réforme en introduisant trois (03) langues nationales comme médiums d'enseignement au côté du français. Il s'est agi du mooré, du dioula et du fulfuldé. Cette réforme qui visait à booster l'efficacité de l'éducation dans son ensemble a été brusquement interrompue après une phase expérimentale dans des écoles pilotes au bout cinq (05) années. Elle fut interrompue sans mise en cause officielle de son bien-fondé (Ilboudo, 2010). Pourtant une évaluation intermédiaire faite l'année d'avant par l'Institut de la Réforme et de l'Action Pédagogique et dont les résultats ont paru cette année-là (IRAP, 1984) montrait que les performances scolaires des écoles de la réforme étaient supérieures à celles des écoles classiques en mathématiques, en français et en disciplines d'éveil (sciences d'observation, histoire et géographie).

En 1984, le Conseil National de la Révolution a proposé une nouvelle réforme teintée de communisme en ayant pour objectifs de former des citoyens doués d'esprit nationaliste prêts à faire face aux difficultés du monde, promouvoir le développement économique. La technique d'augmentation de l'offre scolaire était d'offrir à chaque village une école primaire. Malgré les difficultés de mise en oeuvre, la période 1983-87 comptabilise environ 3000 nouvelles salles de classe, soit presque le double des acquis des années 60-70 (M. Pilon, 2002, p.6). Ainsi, le taux brut de scolarisation atteint 30 % en 1990 ; avec 7928 salles de classe existantes (soit une

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création d'environ 5300 unités sur la décennie) et 472 979 élèves au primaire (idem). La réforme fut abandonnée, eu égard aux critiques relatives au coût onéreux avec le recul des partenaires techniques et financiers, à l'absence de diplômes qui ignore l'environnement international, l'introduction des langues nationales ressemblant à bien d'égards à l'ancienne réforme (Compaoré, 2017 ; Ouédraogo, 2017).

Le Burkina Faso est entré dans le programme d'analyses des systèmes éducatifs de la CONFEMEN à la 42e Conférence Ministérielle de la CONFEMEN tenue à Bamako où nos pays cherchèrent des réponses aux différents défis, en mettant l'accent sur le développement quantitatif et qualitatif de l'éducation, en vue d'atteindre l'éducation pour tous. La vision était de favoriser l'accès et la qualité en matière d'éducation de base. Mais selon le rapport d'évaluation du PASEC, à travers les phases 3 et 4 mises en oeuvre de 1995 à 1998 sur l'état de l'éducation au Burkina Faso, l'accès universel au cycle primaire est loin d'être atteint dans l'ensemble (CONFEMEN, 1999). En effet, les taux de scolarisation restent bas du fait que les filles et les enfants du milieu rural ont un accès plus limité à l'école. Sur la période 1970 à 1995, le taux brut de scolarisation au primaire au Burkina Faso n'a pas atteint 40%. Cependant, les années 1990 montrent cependant une croissance régulière et plus marquée du secteur privé, dont la part atteint 12 % en l'an 2001 représentant près de 110 000 élèves. Selon les statistiques de 1999, la province du Kadiogo comptait 465 écoles primaires avec 286 écoles publiques contre 179 privées. Le nombre des salles de classes s'élevait à 2456 avec 1474 pour le public et 982 pour le privé. L'ensemble des enfants scolarisés était de 148 849 avec un ratio élèves/maitre de 66. Les efforts consentis au cours de la décennie 1990-2000 ont amélioré le taux de scolarisation de 35,7 % au milieu des années quatre-vingt-dix à 42,7 % en 2000 (Meunier-Nikiéma & Salem, 2008), sans pour autant assurer l'atteinte de la scolarisation universelle. Ces différentes révélations sur l'état du système éducatif du pays conduiront les gouvernants à adopter d'autres stratégies et politiques telles que le plan décennal de développement de l'éducation de base.

Lancé officiellement en 2002, le plan décennal de développement de l'éducation de base (PDDEB) (20001-2010) visait à accroître l'offre d'éducation de base, à améliorer la qualité de l'enseignement et développer les capacités de pilotage du secteur éducatif. Il s'agissait notamment de renforcer le capital humain nécessaire au développement économique du Burkina Faso en éliminant les disparités existantes à tous les niveaux de l'enseignement. La mise en oeuvre du PDDEB a permis l'amélioration des indicateurs au niveau du primaire (47,4% en 2001 à 88,3% en 2011), dans le post-primaire et le préscolaire (1,44% en 2001 à 3% en 2010). Avec un taux de scolarisation de 79,6% en 2011, le Burkina Faso est toujours loin de

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l'atteinte de l'éducation pour tous en 2015 tel que stipulé dans le cadre d'action de Dakar adopté lors du sommet mondial sur l'éducation tenu en 2000 (Ouédraogo et al., avril 2020).

À partir de 2006, d'autres réformes sont venus accompagner le PDDEB afin de faciliter l'atteinte des objectifs de l'EPT ; la réforme de 2006. Ainsi, la notion de l'enseignement de base s'est élargie pour prendre en compte le post-primaire, c'est-à-dire le premier cycle du secondaire. À cet effet, nous assistons à un nouveau découpage du système éducatif. D'autres changement importants étaient les passerelles entre le formel et le non formel, l'obligation scolaire de 6 à 16 ans qui implique qu'aucun enfant ne doit être exclu du système éducation avant ses 16 ans révolus ; la gratuité de l'enseignement de base public (du CP1 à la 3e). La réforme a été mise en oeuvre à travers deux (02) phases : une première phase de 2007 à 2011 et une seconde phase de 2011 à 2015. Elle a conduit à l'adoption du Programme de développement stratégique de l'éducation de base (PDSEB 2011-2021) et à celle du Plan Sectoriel de l'Éducation et de la Formation (PSEF 2017-2030). Ainsi, de façon opérationnelle, le gouvernement adoptera le continuum afin d'avoir une vision holistique du système éducatif. Le continuum éducatif intervint à partir de 2014 en vue de l'atteinte des objectifs de la réforme de 2006, de mettre en application la loi d'orientation de l'éducation de 2007 et d'accompagner la mise en oeuvre des programmes et projets à l'exemple du PDSEB. Il s'alignait sur la Lettre de Politique Éducative adoptée comme directive de 2008 à 2015 avec pour principes d'inclure dans l'éducation de base l'enseignement primaire et le 1er cycle secondaire, et la gratuité de ces enseignements, ainsi que la révision du curricula selon l'Approche Par les Compétences (APC), etc. (Rapport JICA, 2012). Il s'est donné pour principaux objectifs l'accroissement des indicateurs d'accès et de qualité au niveau de l'enseignement base. Par ailleurs, elle fut confrontée dans sa mise en oeuvre à de nombreuses difficultés, du fait des instabilités institutionnelles et connut une fin tacite sans évaluation réelle. La situation avant l'adoption du continuum présentait les indicateurs éducatifs au niveau primaire comme suit : en 2013, le nombre d'écoles primaire s'élevait à 12 394 avec 9 886 publics contre 2 508 privés. La situation géographique de ces infrastructures indiquait 2 195 étaient situées en milieu urbain et 10 199 en milieu rural. Le nombre de salles de classes était estimé à 47 709 avec 11 189 en milieu urbain et 36 520 en milieu rural. Selon la nature des murs, le nombre de salles de classe dont les murs sont en dur étaient de 39 108, 4 086 en semi dur et 4 488 en d'autres matériaux. À la même année, le taux brut d'admission au primaire était de 92,8% avec 92,2% et 92,3% respectivement pour les garçons et les filles. Le TBA pour le Kadiogo, région du centre était estimé à 100,5% avec 99,9% et 101,1% respectivement pour les garçons et les filles. Le TBS s'estimait à 81,3% avec 81,6 pour les garçons et 81% pour les filles. Celui de la région du centre

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était de 90,7% avec 88,4% pour les garçons et 93% pour les filles (DGESS, 2013). Le taux net de scolarisation au primaire à la même année était de 63,2% avec respectivement 63,5 % et 62,8% pour les garçons et les filles. Le taux d'achèvement du primaire était de 59,5% avec 59,7% pour les garçons et 59,3% pour les filles. L'achèvement dans la région du centre était meilleur qu'à celui national et était de 69,4%.

En résumé, on retient que le continuum éducatif survint dans un contexte où le Burkina Faso est en quête permanente de la scolarisation universelle au vu des diverses politiques éducatives adoptées. Cependant, la population scolarisable ne cesse de croître avec le taux brut de natalité est de 46 %o pour l'ensemble du Burkina Faso, 38 %o en milieu urbain et 48 %o en milieu rural (RGPH, 2006). Quant au niveau d'instruction selon le recensement de 2006, plus de 70 % de la population de 7 ans ou plus n'ont aucun niveau d'instruction, 20,1 % ont le niveau primaire. La population scolarisable en scolarisable en 2013 des enfants de 6-11 ans était estimé à 3 125 631 enfants avec 1 614 937 garçons contre 1 510 694 filles avec un TBS primaire de 81,3% (DGESS, 2013). Ces données démographiques sont considérées comme les données de départ du continuum éducatif. Cependant, selon les données du recensement général de la population et de l'habitation de 2019 du Burkina Faso, la population s'élève à 20 505 155 personnes, dont 9 900 847 hommes et 10 604 308 femmes avec une densité de 75,1/km2. La population de la commune de Ouagadougou est de 2 415 266. Le taux d'accroissement de la population est de 2,94%. Par rapport aux enfants dont l'âge est compris entre 06 et 16 ans, il ressort que 39,1% n'ont jamais fréquenté, 15% sont déscolarisés et 45,9% sont scolarisés et un taux d'alphabétisation de 29,7%.

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