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L'humanisation des soins en réanimation


par Laurane Gros
Institut interhospitalier Théodore Simon, Paris 13 - Infirmier  2024
  

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VI. PROBLÉMATIQUE :

Ainsi, je viens d'explorer l'interdépendance de l'humanisation des soins, avec l'empathie des soignants et la résilience des patients. Il ressort de la vision globale que j'ai de ce triptyque, que l'empathie occupe la place au centre, et qu'autour d'elle se dresse l'humanisation et la résilience. Au cours de l'enquête exploratoire, les infirmières ont mis en exergue de multiples facettes de l'empathie, que j'ai évoqué en précisant que finalement, j'avais défini l'empathie par ses actions et conséquences sans dire véritablement ce qu'elle est. À cheval entre la capacité, l'aptitude voire la compétence, l'empathie semble insaisissable, propre à chacun, mouvante, handicapante, bénéfique... Dès lors, comment l'appliquer, la préserver, la stabiliser ? Peut-elle se gérer alors qu'elle est multifactorielle ? L'empathie semble comme une plante, vendue aux aléas de son environnement pour sa bonne croissance. Elle est comme une graine qui se développe, si on veut bien lui donner l'espace nécessaire. Dans ce cas, qu'est-ce qui favorise l'empathie, quel terrain est propice à sa croissance ? L'empathie soignante est source de sa propre résilience, puisqu'elle permet d'accepter ses émotions, et génère la résilience du patient par l'espace et la reconnaissance qui lui est donné. J'ai évoqué une certaine relation miroir, qui se forme en ce sens et qui place au coeur le principe de reconnaissance. En effet, elle révèle une relation d'humain à humain, favorisée par l'empathie mutuelle. Elle s'extirpe ainsi de la relation soignant/soigné qui traduit un ascendant de l'infirmière sur le patient. Les références, l'enquête et l'analyse ont montré que le patient agit aussi sur son soignant en influençant la posture que ce dernier va adopter avec lui. Ceci me rappelle la notion de symétrie dans la communication non verbale : à savoir qu'il est préférable que le soignant se mette à la hauteur du patient au lieu que celui-ci reste debout tandis que le patient est allongé. Cela favorise la communication et la relation de soin. Et, dans la mesure où l'empathie de l'infirmière génère celle du patient et vice et versa, que peut-on dire de la symétrie des affects dans la relation miroir ? L'empathie semble produire une reconnaissance mutuelle de l'humain, du semblable, à travers les rôles de patient et soignant. Une reconnaissance mutuelle de sa propre vulnérabilité. Ce type de relation met en évidence que le soin est une cocréation, où le patient n'est pas seulement passif, et l'infirmière n'est pas seulement active. L'empathie s'instaure alors en baromètre d'une relation de soin constructive. Ceci interroge des principes éthiques inhérents aux postures dans le soin. Si l'empathie est une porte ouverte aux affects, à la faillibilité des émotions, quelle place a-t-elle dans les considérations éthiques des soignants ?

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