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L'humanisation des soins en réanimation


par Laurane Gros
Institut interhospitalier Théodore Simon, Paris 13 - Infirmier  2024
  

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3.2 La personnalisation des soins

Cette connaissance approfondie du patient, permet aux infirmières de personnaliser les soins en fonction des habitudes de vie du patient. Anna et Justine parlent par exemple de réaliser des soins de bouche au café, pour un patient intubé, et Chloé évoque un patient artiste à qui ils avaient donné la possibilité de réaliser des aquarelles. Ceci fait écho aux quatorze besoins de Virginia Anderson, et notamment à celui de « se recréer », à travers des activités ou des soins, porteurs de résilience pour le patient. M. Manciaux écrit que concevoir la résilience d'un patient, induit chez le soignant un élargissement de son regard sur les aspects de la vie de ce celui-ci. Considérer les habitudes de vie du patient, ses peurs, ses angoisses, ses passions, ses joies, participe selon M. Manciaux, à une vision empathique du soignant. Et cette posture du soignant, serait en elle-même une ressource pour le patient, car le patient est aidé, épaulé à travers toutes les facettes de sa personnalité. En somme, cette considération globale du patient par l'infirmière, permet une personnalisation des soins bénéfique. T. Psiuk soutient que la relation soignant/soigné fait partie intégrante de la pratique des soins. La qualité de la relation que le soignant instaure avec son patient, est une ressource pour mieux le prendre en soin. En cela T. Psiuk intimait que c'était la relation de soin, qui faisait évoluer la posture soignante. En connaissant son patient, le soignant peut l'aider en lui redonnant ses propres capacités d'actions, de confiance et d'estime de soi. Ce rôle clé du soignant était défini par T. Psiuk

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comme « tuteur de résilience ». En ce sens, Justine dit que l'humanisation des soins est aussi un moyen de ramener du plaisir, notamment lors des soins d'hygiène et du repas, et que cela motive et stimule les patients : « C'est-à-dire que si ton interlocuteur te comprend, bah il est en capacité de t'aider à aller au-delà de tes limites », et ceci grâce à la personnalisation des soins, et à la mesure des objectifs aux capacités du patient.

3.3 La relation miroir

Dans cette personnalisation des soins grâce à un regard empathique, les infirmières ont énoncés des exemples qui m'ont fait penser au concept de relation miroir. Selon Anna, Clara et Justine, l'empathie du soignant peut influencer la résilience du patient car le patient ressent quand ce dernier n'est pas dans l'empathie avec lui. Dans ce cas, il a plus de chance de se « braquer », disent-elles. En sommes, si le soignant n'alimente pas la relation de soin avec un regard empathique, le patient va s'en détourner également, en miroir de ce que lui propose le soignant. Comme l'explique Justine et Anna, ceci va dans les deux sens. Si le patient, souffrant d'un delirium tremens par exemple, refuse les soins, l'infirmière a plus de mal à s'investir et à être dans l'empathie avec son patient. En effet, selon E. Nitschelm, une confiance mutuelle se créée quand le patient est capable de s'identifier au soignant. Et cette identification du patient est favorisée par une posture empathique du soignant. Pour Justine, il est important que les patients voient la motivation des soignants à les soigner. En effet, selon M. Manciaux, ce regard valorisant du soignant amène le patient à porter ce même regard positif sur lui-même : il calque l'attitude du soignant envers lui. Ceci nous ramène au concept de l'alliance thérapeutique qui prend forme dans cette relation miroir. Et chaque infirmière dispose de son approche. Chloé vise la mise en place d'une confiance mutuelle grâce à l'établissement de « contrat » avec son patient ; Justine est dans l'encouragement et le soutien, en prenant en compte leurs capacités, pour « booster les patients » ; et Clara ne jure que par la transparence, l'honnêteté et la communication éclairée avec ses patients. Dans toutes ces méthodes, si le patient ne coopère pas ou se montre peu réceptif, le soignant est plus limité dans la mobilisation de ses ressources.

Il s'agit, comme l'écrit M. Manciaux, pour le soignant et le patient, de « construire ensemble ». Ainsi après réflexion, les infirmières pensent que l'empathie du soignant a un impact sur la résilience du patient, car cette posture empathique créée une relation miroir, un échange permettant l'établissement d'une alliance thérapeutique bénéfique pour mobiliser les ressources du patient, et du soignant à lui venir en aide. N'est-ce pas là l'objectif de l'humanisation des soins ?

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