CHAPITRE I : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. Historique et répartition du cacaoyer
Le cacaoyer est originaire d'Amérique centrale, c'est
une espèce diploïde (2n = 20) de la famille des
sterculiacées. Parmi la vingtaine d'espèces du genre
Théobroma, c'est la seule qui soit cultivée à
grande échelle pour la production de cacao. D'après son histoire,
sa mise en culture remonte au VIe siècle (Eskes et Lanaud,
1997) où les Indiens produisaient une boisson appelée «
cacahuatl » qui était destinée aux dieux et ses fèves
étaient également employées comme monnaie
d'échange. Après la conquête du Mexique par les Espagnols,
les variétés de cacaoyer d'Amérique centrale, les Criollo
ont été introduites dans les Caraïbes, au Venezuela, puis
aux Philippines. Les Forastero bas-amazoniens ou Amelonado d'origine du
Brésil (figure 2), ont été introduits en Afrique en 1822,
à São Tomé, et plus tard au Ghana, au Nigeria et en
Côte d'Ivoire. En Equateur, un type local, le Nacional, a commencé
d'être cultivé à grande échelle au début du
XIXe siècle. Les trinitario sont des hybrides issus des Forastero et des
Criollo, et sont apparus sur l'île de la Trinité vers 1800 (Eskes
et Lanaud, 1997).
Figure 2 : Répartition mondiale de la
culture du cacaoyer. Source : (Loor-solorzano,
2007)
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I.2. Description
Le cacaoyer (Theobroma cacao L.) est un arbre
à feuilles persistantes de la famille des Sterculiacées selon la
classification classique, ou des Malvacées selon la classification
phylogénétique. C'est une plante pérenne qui peut
atteindre 25 m de hauteur à l'état sauvage (Soupi-Nkeutcha,
2013).
C'est une plante à système racinaire pivotant,
ayant une graine à germination épigée. Chez l'arbre adulte
issu de semis, le pivot vertical atteint en moyenne 40 à 80 cm de
profondeur. Il est prolongé par plusieurs racines orthotropes qui
peuvent plonger dans le sol jusqu'à 1,20 à 1,50 m (Charrier,
1969). Les graines germent rapidement après leur extraction des cabosses
arrivées à maturité et lorsqu'elles sont mises dans des
conditions favorables d'humidité. La croissance de la tige se poursuit,
ensuite verticalement avec une émission régulière de
feuilles allongées suivant une phyllotaxie 3/8 (Martinez, 2009). Les
feuilles de cacaoyer sont persistantes simple, molles et rougeâtres
à l'état jeune et d'un vert foncé plus tard.
Les fleurs blanches apparaissent sur le tronc des arbres
âgés d'au moins 3 ans. Ces fleurs sont solitaires groupées
en inflorescence, et ont la couleur blanchâtre ou jaunâtre. La
floraison est souvent abondante mais peu de fleurs sont fécondées
et se développent en cabosse environ 5 à 7 mois après la
floraison jusqu'à maturité. La floraison se passe toute
l'année (Ataka, 2013).
La fécondation est entomophile. Le fruit du cacaoyer
est relié au tronc ou aux branches maitresses par un fort et court
pédoncule. Les cabosses présentent une grande diversité de
couleurs de formes et de tailles, qui dépendent de l'origine
génétique de l'arbre et de l'état de murissement du fruit.
Le fruit est une sorte de baie appelée cabosse et les
caractéristiques morphologiques très diverses des cabosses
servaient traditionnellement à classer les populations. Avant
maturité, la cabosse est verte ou rouge - violette, et devient jaune
rouge ou rouge à maturité, l'intérieur de la cabosse mure
contient une pulpe molle blanchâtre, sucrée ou acidulée qui
enrobe les graines (Loor-Solorzano, 2007). Les fleurs, poussant le long du
tronc et des grosses branches donnent entre 10 et 80 fruits communément
appelés cabosses (Figure 3), contenant 20 à 50 fèves
blanches (Kokou et Ngo-Samnick, 2014). La fève du cacaoyer est une
graine sous albumen à deux cotylédons (Charrier, 1969). Le
cacaoyer est une plante à ombre qui exige une température
relativement élevée avec une moyenne annuelle située entre
30-32oau maximum et 18-21° au minimum,
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une pluviométrie de 1500 à 2000mm d'eau par an
considéré généralement comme la plus favorable.
Figure 3 : Cacaoyer cultivé
I.3. Importance et usages
Le cacaoyer a une importance plus économique dans la
création de plusieurs entreprises. Les fèves de cacao constituent
la matière première d'une importante industrie qui fabrique soit
des produits semi-finis destinés à d'autres industries :
-Pâte de cacao, utilisée en chocolaterie,
biscuiterie, pâtisserie ;
- fondue de cacao, destinée à diverses industries
alimentaires de produits sucrés ;
- beurre de cacao, utilisé en confiserie, chocolaterie,
parfumerie et pharmacie.
Soit des produits finis destinés directement à la
consommation :
- chocolat en poudre ;
- chocolat en tablette ;
- confiserie de chocolat (Mossu, 1990).
Les sous-produits de cette industrie : coques, matières
grasses extraites des coques et des « germes » peuvent être
utilisés pour l'alimentation du bétail, la fabrication
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d'engrais, les produits pharmaceutiques et la savonnerie.
Aujourd'hui, les cabosses sont utilisées pour la fabrication du charbon
écologique (Mossu, 1990).
I.4. La reproduction du matériel
végétal
Le cacaoyer se reproduit à l'état naturel par
la multiplication générative bien que la multiplication
végétative puisse intervenir par la formation de rejets
orthotropes sur des troncs ou des branches tombés à terre. La
multiplication végétative horticole est réalisée
par bouturage ou greffage d'axes orthotropes et plagiotropes (Eskes et Lanaud,
1997). Aussi, Pound, qui a commencé ses recherches en 1933, a mis au
point une technique utilisant à la fois la greffe et la bouture.
L'enracinement des boutures prises sur les arbres en production réussit
rarement, car il faut choisir ces boutures pour être sûr du
succès. Aussi, est-il plus commode de prendre les boutures des jeunes
plantes (Tissot, 1939). Les boutures plagiotropes mises au champ font l'objet
d'une taille intense au jeune âge pour donner une forme agronomiquement
acceptable aux arbres. Dans certains pays, comme la Trinité, les
agriculteurs laissent former des rejets orthotropes pour ensuite obtenir des
plantes qui ont la forme de semenceaux. Au Cameroun, de sérieux
problèmes d'adaptation au champ ont été observés
avec l'utilisation à grande échelle de boutures plagiotropes
(Eskes et Lanaud, 1997).
I.5. Influence de la feuille et de l'aoutement de la
tige sur l'enracinement des boutures du cacaoyer
Les diverses méthodes de bouturage utilisées
chez le cacaoyer font toutes appel à des fragments feuillés de
tiges semi-aoûtées (Charrier, 1969). Sans feuille en effet, les
boutures ne s'enracinent pas. Avec feuilles, elles se dessèchent si on
les plante à l'air libre. De ce fait, on doit réduire la surface
foliaire des boutures, leur éviter un ensoleillement direct et les
maintenir dans une atmosphère saturée d'humidité. Par
ailleurs, l'utilisation de « boutures vertes » (c'est-à-dire
à tige verte) conduit à de fortes attaques mycéliennes,
tandis que celle de « boutures aoûtées » (à tige
brune) donne un enracinement lent et difficile (Sequier, 1966-1969).
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