Crise écologique et mission de l’église évangélique du camerounpar Clément Hervé KUATE DJILO KUATE DJILO Université Protestante d'Afrique centrale - master 2017 |
CHAPITRE III : QUELQUES PROPOSITIONS POUR UNE LUTTE MULTIDIMENSIONNELLE CONTRE LA CRISE ECOLOGIQUE PAR L'EEC.Ce chapitre est celui des propositions que nous ferons à l'EEC en vue d'une participation active, efficace et efficiente à la lutte contre le crise écologique, ceci, en passant par le renforcement de la conscience théologique et une catéchèse sur le plan environnemental. III.1- Pour un renforcement de la conscience théologique.Parler de la conscience théologique revient à mettre en exergue la spiritualité écologique. « Or la spiritualité est le langage du sentiment religieux ; et la spiritualité chrétienne est le langage de la foi en Dieu, le Père de toutes choses, l'Inspirateur de la nouveauté du vivant, corps et visage de l'Humain en Jésus de Nazareth. »118(*) Avec cette spiritualité nous sommes invités à revisiter notre rapport au temps, à l'espace et à autrui, ainsi que les fondements de notre vie en société, et à réfléchir à ce qui nous permettra de vivre mieux ensemble. La réflexion biblique concerne l'homme dans son développement intégral, dans ses relations à ses frères, dans sa capacité à construire avec eux une société qui vise au bien commun, dans sa vie de foi, dans son rapport à Dieu et à la Création. La louange et la prière, formes fondamentales de la spiritualité, continuent à se nourrir des Psaumes. La valorisation du long terme, le témoignage de notre espérance chrétienne, la redécouverte de la contemplation, la proposition d'un développement intégral, l'inscription dans un juste rapport à la nature qui ne la sacralise ni ne l'instrumentalise, un rapport à nos frères humains basé sur l'alliance et non la rivalité, la prise en compte de la fragilité et l'équilibre entre engagement et détachement sont autant de chemins à emprunter pour rebâtir des fondements spirituels solides. La liturgie chrétienne est une célébration de l'oeuvre de Dieu. Il s'agit de redécouvrir que dans ses expressions de louange, d'adoration et de prière, elle invite l'homme à vivre la relation au monde et à la nature comme le bénéfice d'un don du Dieu créateur et d'un amour créateur de fraternité entre les hommes. Il y a donc à entreprendre un travail de valorisation de la dimension écologique de la liturgie. Nos célébrations seront enrichies en s'appuyant sur la variété des formes de l'expression artistique de la création et de la responsabilité de l'homme pour sa gestion. La liturgie deviendra ainsi éducatrice aux questions environnementales pour ceux qui y participent. Un nouvel élan spirituel et pastoral, doit être mis en exergue car la juste attention des chrétiens aux problèmes écologiques irrigue toute notre vie de foi, de notre prière à notre action dans la cité, auprès de nos frères, et notamment des plus démunis. Il faut le développement d'une théologie et d'une catéchèse de la Création, l'amplification de formations tant dans les instituts de formation théologique que dans les établissements scolaires et les autres centres de formation ; car pour André Roux, « la tâche de la mission ne se limite jamais à une kérygmatique, à une première annonce de l'Evangile ; à ce qui serait seulement une avancée en surface (...) évangéliser ce n'est jamais seulement annoncer l'Evangile à ceux qui ne l'ont jamais entendu. C'est aussi, nous l'avons trop oublié, le faire pénétrer plus profondément dans le coeur, la pensée et tout ce que peuvent être les centres de motivation de l'homme qui croit le connaitre déjà »119(*)Nous devons arriver à la célébration de Dieu créateur et la valorisation de la dimension écologique de la liturgie, car la nature fait partie des centre de motivation de l'homme. Il faut donc insister sur la recherche et le partage des informations fiables sur les questions environnementales. Penser à mettre les acteurs de l'environnement ensemble, avec une exemplarité dans nos choix, dans la gestion du patrimoine de l'Église et dans l'organisation des rassemblements. Il faut aussi une conversion de nos mentalités marquées par l'individualisme et le consumérisme pour un engagement dans la construction d'un modèle de développement qui soit durable. Enfin faire des propositions en rapport avec une réflexion de l'Eglise sur les questions d'écologie et d'environnement. L'attention à la Création ne saurait se satisfaire de quelques mesures qui seraient avant tout symboliques. Elle engage notre foi toute entière, que ce soit dans notre prière ou notre action dans le monde, que nous soyons entre nous chrétiens riches, ou encore auprès des plus démunis et des plus fragilisés cette lutte concerne tout le monde comme le souligne I. NAGY :« l'environnement s'est rapidement détérioré dans certaines régions et nous ne savons pas exactement où se situent les seuils de tolérance de la nature. Nous devons arriver à très brève échéance à un consensus sur la nécessité de prendre des mesures urgentes. (...) la population se préoccupe de savoir si les legs de notre génération se transmettront à la génération suivante. Une nouvelle conscience écologique a germé parmi de vastes secteurs de la collectivité, et tout particulièrement parmi les jeunes »120(*) Toute écologie véritable est d'abord une écologie globale, sans laquelle il ne peut y avoir de protection de la nature juste et bien comprise. Cela implique des relations nouvelles entre les hommes, des relations nouvelles avec Dieu, des relations nouvelles avec toute la Création. Les relations nouvelles avec l'homme conduisent à ne pas oublier la destination universelle des biens et la nécessité de leur répartition entre tous les humains, en redécouvrant par le don qu'est le Création le sens de la gratuité. Les relations nouvelles avec Dieu sont une nécessité pour avoir pleinement conscience du fait que nous sommes tous les enfants d'un même Père et que nous sommes aimés de Lui. Les relations nouvelles avec toute la Création impliquent une conversion et un changement radical de nos façons de penser, de communiquer et de nous déplacer, de travailler et de consommer. Tous, nous sommes invités à être des jardiniers dans le jardin que Dieu nous a confié et à rendre grâce à Dieu pour les merveilles de la Création dont il nous a fait don. * 118Otto SCHÄFER-GUIGNIER, Op. Cit, P.75. * 119André ROUX, Op Cit. P. 303. * 120I. NAGY, cité par Jean Samuel ZOE-OBIANGA, Op. Cit., P. 117. |
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