Crise écologique et mission de l’église évangélique du camerounpar Clément Hervé KUATE DJILO KUATE DJILO Université Protestante d'Afrique centrale - master 2017 |
CHAPITRE III : BREVE PRESENTATION DE L'EGLISE EVANGELIQUE DU CAMEROUN.Le choix de la présentation de cette Eglise n'est pas fortuit. Elle est notre Eglise cible et aussi celle qui nous a aidé à grandir sur le plan spirituel jusqu'à la reconnaissance de notre vocation. Quelles sont les étapes ayant contribuées à la genèse de l'E.E.C. ? III.1- La genèse de l'E.E.C.L'année 1843 marque l'arrivée des missionnaires au Cameroun. Ils sont venus animés par leur foi et mandatés des sociétés missionnaires pour apporter l'évangile au Cameroun comme dans d'autres pays Africains. « L'Eglise Evangélique du Cameroun, en abrégé E.E.C, fait partie de l'Eglise universelle, corps du Christ, chargée d'annoncer la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ et de rendre témoignage du Royaume de Dieu jusqu'au retour du Seigneur »50(*) Cette Eglise est un hybride de trois grandes Sociétés de Mission entre autre la Mission Baptiste de Londres, la Mission de Bâle et la Société des Missions Evangéliques de Paris. a. La Mission Baptiste de Londres (1841-1886) Elle est plus connue sous le nom de Baptist Missionary Society. Elle a travaillé au Cameroun d'entente avec les Eglises baptistes de la Jamaïque, de 1841à 1886.51(*) Son premier contact avec le Cameroun remonte au 1er février 1841 avec la visite du Docteur G.K. Prince et du Pasteur John CLARKE, tous deux Afro-américains de la Jamaïque. En novembre 1843, arrive Joseph MERRICK, âgé d'une trentaine d'année, qui s'installe à BIMBIA près de LIMBE. Il y crée la première station missionnaire. Ce dernier n'eut pas seulement le mérite de persister dans le ministère avec l'apprentissage de la langue douala, mais aussi de frayer le chemin de la Mission vers l'intérieur. Avant sa mort en 1848, il est rejoint par Alfred SAKER d'origine anglaise en 1845. Celui-ci créera une école industrielle. Il a eu le mérite de traduire la Bible en langue douala. SAKER est aidé dans sa lourde et exaltante mission par T.H. JOHNSON, G. NKWE, J.J. FULLER. En gros, la Mission Baptiste de Londres a permis l'essor de l'Eglise à Douala. b. La Mission de Bâle (1886-1914) Elle succède à la Mission Baptiste de Londres après la prise de Douala par l'Allemagne en 1884. Créée en 1815, elle est à l'origine une société de la Suisse Allemande et de la région Wurtembergeoise en Allemagne du Sud-ouest. Cette mission arrive au Cameroun le 23 décembre 1886, deux ans après le traité germano-Douala de 1884 qui a fait du Cameroun une colonie allemande. Les Britanniques abandonnèrent définitivement la mission en 1888. Dès leur arrivée, les missionnaires bâlois créèrent neuf stations missionnaires, deux centres de formation des maîtres et des catéchètes. De ces centres, sortirent les premiers pasteurs camerounais au rang desquels Joseph DIEBOL, Joseph EKOLLO, Joseph KUO ISSEDU, Jacob MODI DIN dont le rôle fut important dans l'implantation de l'Eglise au Cameroun. C'est par la Mission de Bâle que l'Evangile pénétra le GRASSFIELD qui comprend la partie anglophone du Nord-Ouest, et l'actuelle région de l'Ouest. En 1914, les Bâlois créent 9 stations missionnaires et 2 centres de formation des maîtres catéchistes ; elle comptait quatre cent quatre lieux de culte, quinze mille cent douze membres et vingt et deux mille huit cent dix-huit élèves.52(*) c. La Société des Missions Evangéliques de Paris (1917-1957) La première guerre mondiale, soldée par la défaite de l'Allemagne entraîna l'expulsion des missionnaires ; car tous les territoires coloniaux de l'Allemagne furent placés sous l'égide de la S.D.N. La partie du Cameroun placée sous mandat français n'eut plus le droit de continuer avec la Mission de Bâle et l'avenir de son immense oeuvre fut alors mis en cause. C'est alors qu'entra en jeu la SMEP qui commença son travail au Cameroun en 1917 avec une tâche que nous pouvons résumer en deux devoirs impérieux : « Entrer en relation avec les Eglises délaissées pour les rassurer, les réconforter et pour leur montrer des coeurs fraternels. Mais ils furent en même temps chargés d'un devoir patriotique. »53(*) Au départ, la SMEP s'était engagée dans une tâche temporaire au Cameroun. Ce n'est que le 2 juin 1919 que son comité directeur vota à l'unanimité de ses membres, l'adoption du Cameroun comme huitième champ de travail de cette société54(*). Suite à cette décision, le comité directeur de bale décida en Janvier 1920, de lui remettre l'ensemble de son oeuvre au Cameroun. Les travaux avec cette société de Mission continuèrent jusqu'en 1946. A cette date, la Mission connut une crise financière critique. Elle fit appel aux églises-soeurs pour l'aide. Pour administrer l'oeuvre dont elle avait hérité, la SMEP pensa théoriquement à une organisation de type presbytérien-synodal qui est le modèle d'organisation de l'Eglise Reformée de France dont la SMEP est le produit. L'organigramme conçu se présentait comme suit : Le synode général (organe suprême de décision) la commission synodale (Pasteurs + missionnaires), la région, le district et la paroisse. Entre temps, une commission synodale est crée avec les pasteurs et les missionnaires comme membres afin de diriger l'Église. En 1919, la SMEP adopte le Cameroun comme un de ses champs de mission. En ce moment, on compte 6 stations missionnaires, 18 missionnaires, 616 évangélistes et catéchistes, 11 pasteurs camerounais, 38 602 chrétiens et 15 800 élèves dans les écoles de l'Église. Avec la création de la conférence des missionnaires, un problème surgit : les autochtones en sont exclus avec pour conséquence évidente, des tensions entre les deux parties. Durant le séjour de la SMEP, des chrétiens seront persécutés notamment dans l'Ouest du pays en 1927. Plusieurs autres facteurs vont s'y ajouter pour précipiter les jours de la SMEP. Nous pouvons citer : - Les déclarations de la conférence de Brazzaville qui supprimèrent les travaux forcés et le régime de l'indigénat. - La reconnaissance aux prêtres et aux pasteurs indigènes le statut de citoyens en vue de leur confier l'enregistrement de l'état civil. - La constitution de 1949 qui avait pour but : « De préparer les Eglises lentement et mûrement à leur autonomie. »55(*) Nous n'oublions pas l'« affaire Bamoun » qui fut l'un des conflits opposant la S.M.E.P. et l'Eglise locale. * 50Liturgie de l'Eglise Evangélique du Cameroun, approuvée par le Synode Général de Foumban, 02 Mars 2002 P. 5. * 51 Jaap, SLAGEREN (Van). Les origines de l'Eglise Evangélique du Cameroun, CLE, Yaoundé, 1972, P.17. * 52 Charles, MBEMI MAKOUA. Camp national de formation des moniteurs du culte d'enfants, Mbouo, 2001. * 53 Jaap, SLAGEREN (Van), Op. Cit., P.134. * 54 Ibidem, P. 135. * 55Jaap, SLAGEREN (Van), Op. Cit., P.134. |
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