Crise écologique et mission de l’église évangélique du camerounpar Clément Hervé KUATE DJILO KUATE DJILO Université Protestante d'Afrique centrale - master 2017 |
III.2. Des sociétés de missions à l'autonomie de l'EEC.En raison du désaccord né de l'affaire Bamoun qui oppose en 1953 le Pasteur Josué MUSHE au missionnaire Henri MARTIN qui considère les noirs comme fils de « Cham » (esclaves), les pasteurs Camerounais (MALLO , KOTTO, MBONDJO) affirment leur capacité, leur maturité à pouvoir s'autogérer. Ils se sentent capables de constituer une église placée sous la direction des camerounais, pour les camerounais et par les camerounais ; d'où l'idée de demander l'autonomie de l'Eglise. Ils se réunissent à Ndoungué pour parler de sa naissance et de son plan de travail. En Août 1956 plus précisément le 03 Aoûtà Foumban, la Commission Synodale Générale demande l'autonomie à la SMEP et le nom EEC fut adopté après plusieurs discussions. Ces évènements et bien d'autres ouvrirent grandement la porte à l'autonomie de l'EEC tout comme l'UEBC qui fut promulguée de manière solennelle le 10 mars 1957 dans le temple du Centenaire à Douala avec pour premier président le pasteur Paul JOCKY lors de son tout premier synode général. Les deux églises (l'EEC et l'UEBC) créent à leur tour sous l'instigation des missionnaires sortants, le Conseil des Eglises Baptistes et Evangéliques du Cameroun (CEBEC) pour la coordination des oeuvres de témoignage (Hôpitaux, Ecoles, Collèges, Centre de formation). L'EEC est officiellement reconnue le 14 Octobre 1974 par décret présidentiel N° 74 / 853 du 14 Octobre 1974 comme association cultuelle par l'Etat du Cameroun. Après son autonomie, l'EEC est passée par une forte crise du fait des troubles politiques qui ont divisé les populations des environs de Douala et dans le pays bamiléké. En 1958, l'EEC a été secouée par une tentative de division au sujet de la langue de travail dans l'Eglise. En effet, les bamilékés ne voulaient plus évangéliser dans les « grassfields » avec la langue Douala. Ce mouvement séparatiste a été apaisé par la prudente action du pasteur Kotto. Pour catalyser la montée de l'église, une campagne d'évangélisation fut initiée dans la région de l'ouest entre Février et Juillet 1962 avec pour thème « Jésus-Christ, lumière du monde » ou près de 8000 personnes acceptent de se donner au Seigneur.56(*) L'EEC s'ouvre très tôt au monde avec l'adhésion le 22 avril 1959 au Conseil OEcuménique des Eglises (C.O.E). Et en 1963, elle est membre fondateur de la conférence des Eglises de toute l'Afrique (CETA). En définitive, l'EEC fruit de trois sociétés missionnaires qui se sont relayées suivant le cours des mutations politiques et administratives, et fondée sur les Saintes Ecritures, se veut une église travaillant pour le rayonnement de la gloire de Dieu au Cameroun et même ailleurs. Après sa reconnaissance officielle, elle a poursuivi l'oeuvre d'évangélisation (Mathieu 28 :19-20) et s'est développée dans différents domaines. C'est aussi une église visionnaire qui travaille aujourd'hui pour le recentrage spirituel et moral de ses ouvriers et de ses fidèles dans une certaine rigueur. L'EEC est une église qui émerge. Dynamique et ambitieuse, elle se veut de référence et envisage son avenir avec espoir. * 56Jaap, SLAGEREN (Van), Op. Cit., P.136. |
|