Analyse des formes de criminalité (situations-problématiques) dans les services fnanciers mobiles: mobile moneypar Nicot KAZADI KADI MOYO K. Ecole de Criminologie/Universite de Lubumbashi - Master en Criminologie Economique et Environnementale 2020 |
Section III. Mise en contexte conceptuel et historique de la monnaieIII.1 Mise en contexte conceptuel de la monnaieLe terme français « monnaie » provient du latin moneta (de monere, avertir). Vers le milieu du troisième siècle avant Jésus-Christ, les Romains installent à côté du temple de Junon, sur le Capitole, leur premier atelier de pièces métalliques dont certaines à l'effigie de la déesse. Celle-ci surnommée Moneta (l'avertisseuse) est donc à l'origine du terme, d'où est issu aussi le mot anglo-saxon de « money » (Grana, S. et Cazals, M. 2014). Ce mot désigne toute forme certifiant à l'acquéreur la valeur d'un bien mesurée dans un système de repérage accepté par tous les partenaires d'un échange (Sherif, H. et Serhouchni, A., 2000). La monnaie se manifeste par son pouvoir d'achat, car elle permet d'acheter des biens et des services. Elle est constituée par l'ensemble des moyens de paiement dont disposent les agents économiques pour régler leurs services financiers (Grana S. et Cazals M. 2014). Du point de vue institutionnel, la monnaie n'apparaît, en tant que moyen de paiement, comme nécessité impérieuse que dans le cadre d'une économie fondée sur l'échange. L'état actuel des choses où la monnaie n'a pas de valeur intrinsèque, fait que la 2 Programme d'études en criminologie au format LMD, ECOCRIM -UNILU, 2017 : 5. 13 stabilité de sa valeur, dans le sens de conservation de son pouvoir d'achat entre deux services financiers, n'est possible que si les agents économiques ont confiance en cette monnaie. C'est l'Etat qui assure cette garantie en lui conférant un cours légal. L'acceptation et l'utilisation d'une monnaie repose ainsi sur une convention implicite, les agents économiques l'acceptent parce qu'ils font confiance en l'autorité qui l'émet. III.2 Mise en contexte historique de la monnaieLa question de l'origine des monnaies a longtemps agité les esprits dans le monde antique (Thiveaud, J-M. et Piron S., 1995). Au second siècle de notre ère, Pollux, dans son Onomastique, écrit : « Ce serait un beau sujet de savoir si les monnaies ont d'abord été inventées par Phidon d'Argos, ou par Demodia, fille du roi de Phrygie Midas, ou par les Athéniens Erichtonios et Lycos ou par les Lydiens, comme le raconte Xénophane, ou par les Naxiens, ainsi que le pense Aglosthenès » (Hérodote, 1970). La critique moderne, vérifiée par les données archéologiques et numismatiques les plus récentes, a désormais tranché en faveur de Xénophane, la plus ancienne (fin 7ème et début 6ème siècle) des sources citées par Pollux. Hérodote ne s'y était pas trompé, qui consacra à ce royaume le premier livre de son enquête en lui assignant la responsabilité de l'invention monétaire. « Les Lydiens », écrit Hérodote, « sont les premiers à notre connaissance qui frappèrent et mirent en usage la monnaie d'or et d'argent... » (Callu, J-P., 1967). Pour aborder les questions monétaires et comprendre l'état actuel des choses, une démarche judicieuse consiste à remonter dans le temps et suivre progressivement le processus des innovations monétaires. Pour comprendre l'évolution de la monnaie et les différentes formes qu'elle a pu revêtir à travers l'histoire, nous allons émettre une hypothèse très restrictive à savoir que l'histoire a évolué de manière linéaire. III.2.1 De l'économie du troc à la monnaie abstraiteA l'origine des temps, l'homme se procure directement ce dont il a besoin par la chasse, la pêche et la cueillette. En se spécialisant, chaque individu qui se consacre à une seule activité (élevage, culture, objets artisanaux ...), ne peut plus satisfaire la totalité de ses besoins qui deviennent d'ailleurs de plus en plus variés au fur et à mesure que la civilisation progresse. Il doit donc échanger le surplus des biens qu'il produit contre d'autres biens fabriqués par ses semblables. C'est la naissance du troc (Ardent, G., 1976). 14 Or le troc présente plusieurs inconvénients dont la non satisfaction totale de ses besoins par manque d'un élément de comparaison. C'est la raison pour laquelle, il était nécessaire d'intégrer cet élément de comparaison. L'élément en question ne peut être, à ce stade du raisonnement qu'une monnaie abstraite, c'est-à-dire celle qui ne donne pas lieu à une représentation concrète. |
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