II.2 Inscription de l'objet de recherche dans le
paradigme du passage à l'acte
En criminologie, les questions autour de
l'objet ont divisé les chercheurs
d'une manière marquée depuis la première
moitié des années soixante. La position qui
domine jusqu'alors et jouissant d'un
énorme consensus, considère que
l'objet premier de la criminologie consistait dans la
recherche des causes de la criminalité et des remèdes aux crimes
(Kaluszynski, M., 2005).
L'objet central de la criminologie est défini
alors comme l'étude du délinquant et du
comportement criminel ; le crime est considéré
comme un fait social brut, voir un fait naturel
(Alvaro, P., 1993). Cette
orientation a été appelée paradigme
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étiologique, de la
différence ou du passage à l'acte.
Compte tenu de l'ambiguïté de ces
appellations, elle sera placée ici sous le titre de
paradigme du fait social brut.
Comme le précise Aebi M.F
(2000), le paradigme du passage à
l'acte s'intéresse non seulement aux
causes du crime mais aussi au crime lui-même, au
criminel et à la criminalité. A
Kaluszynski, M. (2005) aussi de confirmer que
la discipline (criminologie) se stabilise autour d'un
même objet, abordé selon trois angles :
le crime, le criminel, la
criminalité auxquels on doit ajouter la nécessité
d'une approche scientifique.
Par cette affirmation, nous concluons que
notre étude trouve sa place dans le paradigme du passage à
l'acte étant donné qu'elle vise
à faire une analyse sur les formes de criminalité dans les
services financiers via le téléphone portable.
La criminalité se définissant comme un ensemble de
crimes commis dans un espace et à un moment bien
déterminé.
II.3 Inscription de l'objet de recherche en
criminologie économique et environnementale
Si la criminologie n'est pas une science
autonome, elle bénéficie pourtant
d'une autonomie institutionnelle en tant que discipline
d'enseignement et en tant que lieu
d'échange ou de production de résultats
scientifiques. Dans l'expression «
science autonome », ce qui compte le plus,
c'est l'idée
d'activité scientifique et non celle
d'autonomie (Pires, 2008).
C'est dans ce sens qu'on peut parler
aujourd'hui de la criminologie comme une activité de
connaissance interdisciplinaire ou une activité-carrefour
(Pires, 2008).
Pour Bruno Théret (2007), «
l'étude de la monnaie est, par
excellence, le domaine de l'économie
dans lequel la complexité est utilisée pour déguiser et
non pour la révéler ». Comment alors cette
matière intéresse-t-elle le domaine de la criminologie ?
De ce fait, l'inscription de
notre objet d'étude en criminologie économique
et environnementale trouve son soubassement dans le programme de formation en
criminologie. Cette dernière vise à comprendre
la question criminelle dans toute sa complexité et de participer
à l'émergence et à la consolidation
d'un Etat de droit. On le sait,
cette complexité de la question criminelle implique une
formation interdisciplinaire qui intègre à la fois les approches
juridique, sociologique,
anthropologique, psychologique,
médicale, économique et
environnementale.
12
Une telle formation a l'avantage de permettre
à l'étudiant
d'appréhender les divers aspects de la question
criminelle, telles les formes de criminalité.
Ainsi, la formation en criminologie économique
et environnementale permet à l'étudiant
d'aborder scientifiquement la question criminelle
économique et environnementale2.
Parce que notre option est à cheval de deux
disciplines, l'économie et
l'environnement, précisons-le encore
que dans le cas d'espèce,
l'objet trouve sa place en criminologie
économique plus précisément dans son aspect financier vu
que cet objet traite de la criminalité dans les services financiers via
mobile money. Et donc, il
s'agit de la monnaie en espèces et sous format
numérique.
Vu qu'à travers les services
financiers monétaires par téléphonie mobile certaines
personnes commencent à se sentir lésées,
victimisées ou carrément gênées par les
comportements des autres individus, comme cela a
été le cas de monsieur Kamina (précité) et tant
d'autres. Ipso facto, cela
intéresse bien le criminologue économiste que nous
sommes. Aussi, allons-nous contribuer
à éclairer la lanterne de la nation sur les comportements
problématiques liés à ces nouvelles technologies de
l'information et de la communication.
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