Section VI. Mécanismes de sécurité
dans les services financiers mobiles (mobile money)
Ce travail se veut professionnel
c'est-à-dire appliqué et par
conséquent, censé proposer des pistes de
solutions aux formes de criminalité qui ont été
observées dans les services financiers mobiles (mobile
money).
Pour y arriver, nous avons utilisé
l'éclairage offert par la théorie des
opportunités et des activités routinières de Lawrence
Cohen et Mercus Felson. Pour rappel, cette
théorie ne pose pas la question de savoir pourquoi certains individus
sont enclins à commettre des actes criminels mais plutôt analyse
les facteurs qui en favorisent la réalisation.
La théorie stipule que pour qu'un
crime soit commis, à un endroit et en un temps
donné, il faut qu'il y ait la
conjugaison des trois éléments suivants : un
délinquant motivé, une cible attrayante et
l'absence des gardiens efficaces.
Relativement à ce postulat, il nous convient
de constater que tous ces trois éléments sont totalement
réunis pour causer la criminalité dans les services financiers
via mobile money.
1. De la présence d'un délinquant
motivé au choix rationnel (rationalité criminelle)
En criminologie, il est admis que la
théorie des activités de routine est une émanation de la
théorie du choix rationnel, qui postule que nos actions
sont le résultat des choix conscients faits après avoir
pesé nos options. Le crime n'est pas
un comportement aberrant, mais un phénomène
normal qui est entièrement prévu dans les conditions
appropriées.
Rien d'étonnant à ce que la
thèse du choix rationnel soit éminemment présente en
criminologie, dans la mesure où l'une
des doctrines fondamentales sur laquelle se sont fondés le
système pénal et bon nombre de politiques criminelles repose
essentiellement sur le postulat de la rationalité instrumentale.
18 L'expression : « Monsieur ou Madame tout le
monde » veut tout simplement dire que l'acteur n'est pas
précisément connu et dans les cas peut être un homme ou une
femme.
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Dans la perspective du droit pénal classique tel
qu'il a émergé au 18ème
siècle avec Beccaria et Bentham,
l'être humain est un hédoniste rationnel
à la recherche de son plaisir et de ses meilleurs
intérêts. Capable de calcul, il
tente toujours de maximiser ses gains et de minimiser ses coûts (Poupart
J., 2002).
Ceci permet de comprendre, dans le cas
d'espèce, que le délinquant
motivé est toujours permanent, sinon on ne parlerait
pas de situations problématiques dans les services financiers via mobile
money. Ce délinquant motivé qui est à la
recherche de son plaisir ne cherche autre chose que le pecunia,
l'espèce, la liquidité
logé dans le compte mobile de sa cible attrayante.
Vue la complexité des financiers via le
téléphone portable, il paraît difficile de
définir avec précision le délinquant
motivé. Celui-ci s'appelle monsieur ou
madame tout le monde18. Il peut donc être
l'un des acteurs impliqués dans ces services
financiers, ou un acteur externe à ces services
financiers. Comme le témoigne aussi monsieur
Katuba, agent débrouillard chez Airtel,
la détermination du délinquant motivé
n'est pas du tout facile.
« En réalité, cette
question là me parait un peu difficile. Sinon personne
ne sait celui qui fait ces choses là mais on suppose que ce sont
toujours les personnes parce que on ne doit pas imaginer que ce sont des
esprits qui font cela ce ne sont que des personnes. Tel que
mon cas là, vous voulez me dire que
c'était quoi autre si ce n'est pas les
gens parce que même le monsieur qui voulait me voler était
là présent ».
A la question de savoir qui sont les gens qui prennent de
l'argent dans les comptes des clients du service mobile
money, avec tâtons, madame
Rwashi, agent officiel chez Orange,
déclare ceci :
« Cette question reste encore complexe
jusque-là mais néanmoins nous reconnaissons que
ce phénomène-là est devenu
récurrent. Dire avec précision celui qui le fait
c'est compliqué. Il peut être un
agent en exercice ou encore hors service, soit encore
quelqu'un qui est proche de la victime...
».
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