Section IV. Principaux facteurs rendant les services
d'argent mobile vulnérables
Les services d'argent mobile sont
actuellement en cours de déploiement au sein de nombreux marchés
dans le monde. Des preuves tangibles indiquent que ces
services améliorent l'accès aux services
financiers formels dans les pays en voie de développement.
Le développement de ces services suscite néanmoins la
crainte qu'ils puissent être utilisés à
des fins problématiques.
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Les facteurs de vulnérabilité dans les services
financiers via mobile money que nous avons identifiés et
présentés ici sont liés à
l'exécution d'opérations via le
mobile money et portent principalement sur les défaillances des
systèmes de gestion de ces instruments par les institutions
financières et leurs partenaires respectifs. Ces
risques peuvent être classés en deux groupes :
d'un côté ceux liés à
l'identification de la clientèle et,
de l'autre côté, ceux
afférents à la réalisation des opérations à
chacun des maillons de la chaîne des acteurs.
Les principaux facteurs de vulnérabilité dans
les services financiers via mobile money sont, entre autres
: les risque liés au produit, les
risques liés à la variété des acteurs et à
la rapidité des évolutions technologiques, les
risques liés aux agents, les risques liés au
client ainsi que les risques de non-conformité, les
risques liés au système et aux prestations, les
risques liés à la réglementation,
supervision et l'application des règles et les
risques liés a l'authentification des pièces
d'identité.
IV.1 Risques liés au service « Mobile Money
»
Alors que sa vitesse, sa portabilité
et sa sécurité rendent fluide le service privilégié
de l'argent mobile dans les marchés
émergents, ces mêmes qualités font
qu'il soit un moyen d'exécution rapide
de fraudes et d'escroqueries (Mbokolo,
E., 2020).
L'avènement de nouveaux services financiers
mobiles, y compris les paiements de gros montants,
l'assurance,
l'épargne et le crédit mobiles,
les cartes prépayées et les services de transfert
d'argent transfrontalier et international,
cet événement, disions-nous,
favorise les opportunités de fraude (Mercy W.
Buku et Rafe Mazer, 2017).
IV.2 Risque liés à la
variété des acteurs et à la rapidité des
évolutions technologiques
Ce risque découle du caractère ubique des
téléphones portables et de la mesure dans laquelle de nouveaux
utilisateurs moins expérimentés intègrent le marché
à travers ce canal.
Les risques propres à la monnaie électronique
proviennent de ceux liés aux différents intervenants dans
l'émission, la gestion et la
distribution des produits, ainsi qu'aux
évolutions rapides de technologie qui devancent le plus souvent
l'adaptation nécessaire des pouvoirs publics.
A titre d'exemple, comme nous
l'avons vu précédemment, quatre
acteurs principaux interviennent dans les services financiers via mobile
money, chacun d'eux jouant un rôle non
moindre et par conséquent a toutes les possibilités de devenir
soit déviant, soit victime.
17 Groupe d'Action
Financière ou Financial Action Task Force. Est un
organisme intergouvernemental de lutte contre le
blanchiment d'argent et le financement du
terrorisme.
91
Par ailleurs, tous ces acteurs du mobile
money, en tout cas pour ce qui concerne essentiellement les
vendeurs, sont issus d'une culture
non-bancaire dont l'expertise et
l'expérience en matière de connaissance-client
est plus limitée que dans le secteur financier traditionnel.
En effet, les réseaux de distribution de ces
nouvelles méthodes de paiement sont le plus souvent des
opérateurs non-financiers, peu férus en
matière de toutes les situations problématiques qui peuvent se
perpétrer dans les services financiers, voire
réfractaires à la mise en place de vigilances,
qui peuvent être perçues comme étant un frein
coûteux à la distribution de ces services
financiers.
S'agissant des risques liés aux
évolutions technologiques, reconnaissant les failles
technologiques accompagnant le service financier par le téléphone
portable, la recommandation 15 du GAFI17
prévoit que : « Les pays et les institutions
financières devraient identifier et évaluer les risques pouvant
résulter (a) du développement de nouveaux produits et de
nouvelles pratiques commerciales, y compris de nouveaux
mécanismes de distribution, et (b) de
l'utilisation de technologies nouvelles ou en
développement en lien avec de nouveaux produits ou des produits
préexistants ».
Dans le cas des institutions financières,
cette évaluation du risque devrait avoir lieu avant le
lancement des nouveaux produits ou des nouvelles pratiques commerciales ou
avant l'utilisation de technologies nouvelles ou en
développement.
Les institutions financières devraient prendre les
mesures appropriées pour gérer et atténuer ces
risques. En conséquence, les
émetteurs de monnaie électronique, qui entrent
dans le champ des institutions financières, devraient
être en mesure de proposer des produits et des procédures de
contrôle permettant d'atténuer le risque.
Cette obligation n'est cependant pas respectée
compte tenu du caractère particulièrement concurrentiel de ce
secteur.
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