WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse des formes de criminalité (situations-problématiques) dans les services fnanciers mobiles: mobile money


par Nicot KAZADI KADI MOYO K.
Ecole de Criminologie/Universite de Lubumbashi - Master en Criminologie Economique et Environnementale 2020
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section III. Prise en charge judiciaire des dossiers relatifs au mobile money

Pour assurer la paix sociale dans le territoire national, l'Etat Congolais a confié aux officiers et inspecteurs de police judiciaire une mission régalienne qui consiste à rechercher les infractions à la loi pénale et de conduire les coupables devant les magistrats du parquet après enquête préliminaire.

Comme nous l'avons souligné dans les lignes précédentes ; cette section consiste à jeter un coup d'oeil sur la prise en charge judiciaire des dossiers relatifs au mobile money. En d'autres termes, nous voulons comprendre comment l'officier ou l'inspecteur de police judiciaire est en train de remplir sa mission dans ce domaine afin de répondre aux attentes de la société et comment les victimes sont rétablies dans leurs droits.

Pour remplir cette mission, l'Etat congolais a élaboré les textes légaux (code pénal) qui l'a mis à la disposition des officiers et inspecteurs de police judiciaire auxquels ils recourent pour établir les infractions et les peines y afférentes. Dans l'exercice de leurs fonctions, ces fonctionnaires recourent à plusieurs voies afin de répondre à leur mission. Parmi les plus utilisées, nous citons : le fragrant-délit ou infraction réputée flagrante, la plainte, la dénonciation ou l'auto-dénonciation, et par la rumeur publique.

De toute cette panoplie de voies auxquelles les acteurs judiciaires peuvent recourir, seule la plainte est restée la voie la plus utilisée pour ce qui de la criminalité dans les services financiers via mobile money. Pire encore, malgré la présence de victimes auprès des

Voici comment monsieur Kinshasa, victime d'actes criminels dans les services financiers mobiles justifie pourquoi il n'avait pas voulu intenter le dossier en justice :

85

agents fonctionnaires censés les rétablir dans leurs droits, celles-ci ne sont qu'abandonnées à leur triste sort.

Confirmant ces propos, cet officier de policier judiciaire que nous nommons (RDC 1) nous a déclaré ceci :

« Mon ami chercheur, jusque là nous avons des sérieux problèmes pour trancher les dossiers relatifs au mobile money. Pas seulement ici dans mon bureau mais dans tous les bureaux que tu vois là, on vous dira qu il n y a rien à faire, nous ne savons pas vraiment nous en sortir. Tous les dossiers relatifs au mobile money que nous avons déjà eu à traiter sont toujours pendants. Un dossier est dit pendant lorsqu il n y a pas de suite concrète, qu il n y a pas d issue par rapport à ce dossier là. Alors on dit que le dossier est pendant ».

Monsieur RDC 3, inspecteur de police judiciaire des parquets, le dit

autrement :

« Vous savez, surtout pour ce qui concerne les infractions liées aux technologiques, notre pays a encore des sérieux problèmes parce que nous n avons pas jusque là des matériels qui peuvent nous aider à établir la culpabilité de l infracteur. C est comme le cas du dossier qu on parle.

Après le dépôt de la plainte par le plaignant, j ai sollicité auprès du procureur une lettre de réquisition et elle m a été octroyée. Je suis allé chez Vodacom comme il s agissait du compte M-Pesa qui est le service de la Société Vodacom, j ai déposé la réquisition et même exposé le problème, on a échangé mais de toutes les façons, ils m avaient promis qu ils pourront passer répondre mais jusque là, ils ne sont jamais passés. Je les attends jusqu aujourd hui. Et d ailleurs ta recherche vient même me rappeler, il faut que je sollicite une autre lettre de réquisition afin de relancer le dossier ».

A partir des propos de ces fonctionnaires de l'Etat, nous comprenons qu'il est presqu'inutile d'amener son dossier relatif au mobile money à la justice tout simplement parce qu'il n'y aura pas d'issue.

Reconnaissant les difficultés que traversent les agents de l'ordre en matière de preuve dans les dossiers relatifs au mobile money, madame Tshikapa, utilisatrice du mobile

86

« Mon cher, est-ce que nous avons une justice dans ce pays ? Tu es encore dans les théories académiques qui te font croire qu il y a une justice dans ce pays. Je connais des cas où quelqu un va se plaindre auprès de la justice pour qu il soit rétablit dans ses droits mais curieusement quand vous y arrivez, les OPJ et autres là ne voient que l argent. En d autres termes, tu me demandes qu au-delà de ce que j avais déjà perdu, que j aille encore donner de l argent aux OPJ qui sont assis dans leurs bureaux ? Surtout en matière d enquêtes mon cher ami, notre justice ne connait absolument rien ; c est un passe-temps ».

Ceci prouve donc que non seulement notre justice accuse des limites pour trancher les dossiers relatifs au mobile money mais aussi la population elle-même n'a plus confiance en la justice en cette matière parce qu'elle sait déjà au départ qu'il n'y aura pas de suite. Mais, qu'est-ce qui empêche alors la justice à arriver au bout des dossiers relatifs au mobile money ? Monsieur RDC 2, inspecteur de police judiciaire répond à cette interrogation sociale en ces termes :

« Cher étudiant, le droit congolais est un droit positif c est-à-dire qui repose sur la démonstration de la preuve. Par conséquent, s il n y a pas de preuve, il est difficile d établir la culpabilité de quelqu un. Le monsieur est venu déposer sa plainte comme je te l ai dis mais il fallait maintenant attendre que la justice fasse son travail. Et le travail de la justice, ma mission en tant qu inspecteur de police judiciaire, c est d arriver non seulement à chercher les infractions, les infracteurs et les traduire en justice, mais aussi je dois prouver la culpabilité de ces infracteurs ; en d autres termes c est fournir les preuves qui prouvent pour ne pas me répéter que la personne a réellement commis l infraction.

Mais dans les dossiers relatifs au mobile money, nous sommes bloqués par les éléments de preuve il n y en a pas. Toi-même tu sais que notre pays n a pas jusque là d équipements capables de prouver les infractions perpétrées à l aide des outils technologiques. De toutes les façons, ce sont les gens de maisons de télécommunications qui devraient normalement nous aider dans ce travail mais eux aussi disent qu au niveau de Lubumbashi ici ils n ont pas la possibilité d établir l infracteur et qu il faut aller à Kinshasa et là on est bloqué ».

87

money estime que cela constitue un point négatif des nouveaux moyens de paiement dont le mobile money :

« Parce que ku banque mambo inaweza inatoka mais parce que uko na ma documents d'abord ile iko nakuweka mu contrat na ile banque et puis chaque transaction kule iko ni pa papier et là c'est sécurisant même en cas ya problème. Ku justice, kama uko na ma preuves yote, utasamba bien mais mobile money preuve iko na poser problème bataipata wapi na ii ma justice yetu iko paka archaïque ; dunia mu ku évoluer mais justice yetu depuis irishimamaka batapata preuve wapi kama mbele ma problèmes yenye simples sa ya ma mpango na bingine ni paka bilefu bya makuta yashio konekana njo bataweza je ne pense pas vraiment ».

Ceci pour dire :

« Auprès des banques classiques le problème peut surgir mais parce que tu as tes documents (papiers) qui te lient à ces banques là et en plus, -bas toutes les services financiers (retraits ou dépôts) sont sur papier et là c'est sécurisant même en cas de problème tout simplement parce que tu sauras même à la justice brandir tous tes documents comme preuve et là tu sauras comment affronter le problème mais avec le mobile money, la preuve pose énormément problème. D'où viendra la preuve ? Avec notre justice qui est restée archaïque ! Le monde en train d'évoluer mais notre justice depuis qu'elle s'était arrêtée, elle va trouver les preuves où ? Si seulement si les problèmes simples tels que ceux liés aux parcelles et autres ils ont toujours des problèmes, pensez-vous qu'ils vont trouver solution aux problèmes d'argent invisible ? Je ne pense pas vraiment ».

Contrairement au précédent acteur, monsieur Gemena soulève les difficultés que traverse la justice congolaise en matière d'investigation, monsieur Boende, une autre victime dans l'utilisation du mobile money, estime que le problème n'est même pas à ce niveau mais que les acteurs judiciaires ne font pas leur travail si ce n'est demander de l'argent :

« Justice yetu ni makuta mu makuta. Batakwiba kweri unafika kule tena nabo batakulomba papa makuta na mambo yenyewe abataisha ata kuisha. Batanjatu mwende, mukuye, mwende, mukuye na vile mutachoka mwebenyewe munabyacha. Turikuyaka ku ma justice yenu ile na mambo ya mpango, bilefu na leo ii

88

abiyaishaka. Ni paka mulete makuta ya bifulani munaleta, mulete sasa ya bingine kama ni bya je munaleta ; uku mwenye avocat naye animitia uku oh ! makuta kama ni ya je ; shiweze lwangu mutoto yangu. Ile mambo mirimwachiakatu paka Mungu ; vile yeye arinyonaka marimi ananiba ni yemoya. Mungu atamuripa ».

Ceci veut dire :

« Notre justice c'est de l'argent seulement. On peut te voler oui mais quand tu vas arriver là, eux aussi à leur tour vont te demander l'argent pendant que la solution au problème n'est même pas encore trouvée. Finalement ils vont commencer de vous faire tourner en rond jusqu'à tel point vous allez vous fatiguer.

Nous étions à la justice (la vôtre) dernièrement avec un dossier relatif à la concession (parcelle), jusqu'aujourd'hui la solution n'a jamais été trouvée mais chaque fois ils ne font que demander de l'argent ; de l'autre côté c'est l'avocat aussi qui demande l'argent. Je ne peux plus mon fils.

Ce problème, je l'avais confiée simplement entre les mains de Dieu. Comme cet enfant là m'avait trouvée facile à voler, seul Dieu va le payer ».

Madame Bunia, utilisatrice du mobile money donne aussi son impression par rapport à la justice dans le cas des infractions liées au mobile money :

« Mon fils, que ça soit à la justice ou encore aller le chercher mais il faut d'abord connaitre l'accusé mais vu que c'est quelqu'un que je ne connaissais pas même de visage ; cela devient un peu difficile quand même ; vraiment je ne pouvais pas l'identifier. Je sais qu'il existe des plaintes contre inconnu mais je ne pouvais que perdre encore de l'argent et peut être sans suite valable parce que nous connaissons quand même notre justice ; nous sommes congolais ; nous connaissons très bien notre pays. La République Démocratique du Congo c'est comme notre maison et donc ; nous pouvons connaître partout où ça suinte ».

En sus, les abonnés de Vodacom, Airtel, Orange et bien d'autres qui recourent aux différents services de transfert et conservation électronique de fonds sont souvent victimes et font l'objet des dévastations, malversations, arnaques, maraudages, filouteries, escroqueries....Certains d'entre eux se voient être dépossédés de leur monnaie électronique sans raisons plausibles et sans une procédure appropriée par des manoeuvres dolosives.

89

Par ailleurs, en cas dévastations des fonds d'un abonné, l'opérateur téléphonique en charge dudit service ne parvient pas à répondre valablement à la victime, soutenant avec élucubration que, le service de M-Pesa, Orange Money, Airtel Money... sont administrés par les serveurs installés à Kinshasa, où toute opération est gérée, sachant bien que certaines personnes ne seront pas à mesure de prendre l'avion ou une autre voie de transport en vue d'aller se séjourner à la capitale, pour réclamer la somme perdue.

De la preuve numérique

L'accès à la preuve numérique est essentiel à l'investigation des formes de criminalité via mobile money, notamment pour celles qui sont réalisées intégralement sous la forme numérique. Cela suppose la disponibilité de ces données, leur conservation et un régime juridique adapté permettant cet accès. L'évolution des pratiques des délinquants et les développements techniques nécessaires à la préservation de la vie privée ont entraîné un fort développement de l'usage des technologies de chiffrement et d'anonymisation.

Le recueil de la preuve numérique dépend parfois de la durée de conservation des données par chaque hébergeur, qui n'obéit à aucune norme commune, mais aussi de la garantie que pourront apporter les enquêteurs sur la qualité (non falsification) de la preuve. Le respect de la procédure d'accès à la preuve numérique est d'une importance fondamentale car elle permet de démontrer l'intégrité des données électroniques et d'expliquer la manière dont elles ont été obtenues en conformité avec les droits des parties.

Voilà toutes ces réalités auxquelles la justice congolaise doit s'attendre. Mais jusque là, comme nous l'avons constaté, rien et encore rien n'est fait pour ce qui est de la criminalité dans les services financiers via mobile money. C'est comme qui dirait que les criminels dans ce domaine là ne font que se frotter les mains car ils opèrent en toute quiétude.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote