I.6. Autres facettes des valeurs de la Plaine
La Plaine, joue un rôle déterminant dans le cycle
de vie de nombreuses espèces d'oiseaux d'eau migratrices. Elle leur
offre chaque année, des aliments diversifiés et des abris pendant
leur séjour. Elle sert de zone de frayère pour plusieurs
espèces de poissons du Lac Tchad pendant la période des crues.
Elle contribue à la préservation de l'intégrité des
écosystèmes du Lac Tchad en les approvisionnant en substances
nutritives et en eau épurée qu'elle restitue au fleuve Logone qui
les alimente en partie.
I.6.1. Faune sauvage génératrice de
revenu et source d'alimentation
Bien qu'elle soit strictement interdite d'exploitation, la
faune du Parc National de Waza est l'objet d'un braconnage à grande
échelle. La chasse sportive par contre, est autorisée dans le
reste de la Plaine à condition d'avoir un permis payant
délivré exclusivement au Ministère en charge de la faune
à Yaoundé. Les revenus générés bien qu'ils
ne sont pas connus, doivent être assez considérables (ACEEN,
2014). La chasse dite « traditionnelle » est très
pratiquée dans la Plaine. Elle n'a pas encore fait l'objet d'une
étude mais les témoignages oraux indiquent qu'elle est
très ancienne. Elle était considérée comme une
festivité culturelle et récréative. Elle est
tolérée par l'Administration en charge de la faune au nom du
droit d'usage. Sa cible est essentiellement constituée des reptiles
(varan et tortue), des perdrix, des rats, les canards, etc. Elle constitue une
source d'alimentation et parfois de revenu complémentaire à
plusieurs milliers de ménages surtout en saison sèche ou pendant
la période de soudure.
I.6.2. Pâturages de qualité et en
quantité très convoités
Les éleveurs considèrent la Plaine, comme l'un
des plus importants « paradis » de l'élevage transhumant et
nomade dans le bassin du Lac Tchad voire de tout le Sahel. Beauvillain (1989),
souligne que « c'est une chance exceptionnelle pour les nombreux et
importants troupeaux de la région ». Marchand (1987) estimait la
production fourragère
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(matière sèche) de la Plaine à 1-2 UBT/ha
et sa capacité de charge à moins de 0,2 UBT/ha. UICN (2002) a
dénombré près de 400000 têtes de bétail
toutes espèces confondues qui séjournaient dans la Plaine et a
évalué à 3 milliards de F CFA la valeur économique
de ses pâturages.
L'insécurité qui sévit dans le bassin du
Lac Tchad, la dégradation des ressources naturelles et l'occupation
croissante des espaces pastoraux par les agriculteurs dans une grande partie de
la Région de l'Extrême-Nord, ont poussé de nombreux
éleveurs camerounais et des pays voisins à fréquenter la
Plaine augmentant ainsi le nombre de gros et de petits ruminants exploitant ses
pâturages après le retrait de ses eaux d'inondation. Les
données statistiques disponibles auprès des Communes de la Plaine
et des Services Techniques en charge de l'élevage indiquent que depuis
2014, elle reçoit plus de 600 000 têtes de bovins et la valeur
économique actuelle de ses pâturages serait de l'ordre de 6
milliards de F CFA. Les pâturages de la Plaine constituent une importante
source de recettes (ACEEN, 2012). Leur exploitation est conditionnée par
le paiement d'une taxe annuelle instituée par chacune de ses six
communes : Bogo, Maga, Petté, Zina, Logone Birni et Waza. Le montant de
cette taxe varie d'une commune à l'autre. La Commune de Zina par exemple
perçoit la somme de 10.000 F CFA par troupeau de 50 têtes de
boeufs. Le marché à bétail de Mazera dans l'Arrondissement
de Zina et celui de Hounangaré dans l'Arrondissement de Logone-birni
doivent leur existence aux pâturages de la Plaine. Les statistiques des
Services de l'élevage des deux Communes indiquent que sur ces deux
marchés plus de 10.000 têtes de boeufs et plus de 15.000
têtes de petits ruminants y sont vendues annuellement puis
acheminées au marché à bétail de Bogo dans le
Département du Diamaré ou directement au Nigéria (ACEEN,
2012).
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