I.5.4. Alimentation de la nappe phréatique
Les pluies qui tombent directement dans la Plaine de Juin
à mi-octobre de chaque année et les eaux des crues annuelles,
s'épandent, stagnent et s'écoulent lentement et alimentent en
même temps la nappe phréatique par infiltration. Ce
phénomène fait de la
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Plaine, la seule grande portion de la Région de
l'Extrême-Nord du Cameroun où l'eau est facilement accessible et
à faible coût. Le niveau statique de l'eau dans des forages est
compris entre 4 et 20 m au plus. Les ouvrages rudimentaires
aménagés des mains d'hommes fournissent toujours de l'eau en
quantité abondante (Junk ,1982).
I.5.5. Protection contre les crues et régulation
des écoulements
La Plaine emmagasine les eaux des débordements de ses
cours d'eau sur des vastes étendues pendant au moins 4 mois
jusqu'à ce que leurs débits diminuent. Elle retarde de ce fait,
la crue et les risques de catastrophes dues aux inondations en aval. Elle
contribue ainsi à la sécurité des biens et des personnes
dans les villes comme Kousseri et N'Djamena. Elle fait donc office d'une
éponge naturelle. D'après Roggeri (1995), le rôle des zones
humides comme la Plaine, ne se limite pas seulement à un simple
décalage des crues d'aval dans le temps. Une grande partie de l'eau
emmagasinée n'est pas restituée au système hydrologique
(cours d'eau et lac Tchad) et que les pertes par évapotranspiration
peuvent atteindre plus de 90% dans les Yéarés (Plaines)
du Cameroun (Benech et Lévêque, 1987). Les grandes transformations
physiques subies par la Plaine au cours de ces dernières années
ont certainement accru le volume d'eau qu'elle restitue au cours d'eau et au
Lac Tchad en période des inondations et de la décrue.
I.5.6. Maitrise de l'érosion
La densité des peuplements des végétaux
en saison des pluies atténue les mouvements des eaux des crues et leurs
racines stabilisent les sédiments. Benech et al. (1982) ont
noté que chaque année, le Grand Yaéré
(Plaine du Cameroun) reçoit en moyenne 870 000 tonnes de
matériaux essentiellement argileux et n'en restitue que 27 000 tonnes,
soit un taux de sédimentation de 97% qui compense partiellement les
effets de l'érosion.
I.5.7. Epuration de l'eau
Les déchets liquides et solides
générés par les ménages, les établissements
hôteliers et les unités industrielles de la ville de Maroua et les
résidus des produits chimiques utilisés pour les productions
agricoles localement et dans les bassins versants sont associées
à l'eau qui inonde chaque année la Plaine. Présentement
aucune des études faites dans la Plaine n'ont porté sur la
qualité de ses eaux de surface pour déterminer les
différents polluants et leurs effets. Il est évident que sa
végétation et ses micro-organismes prélèvent,
emmagasinent et
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transforment une grande partie des polluants. Par ailleurs, le
phénomène de sa sédimentation a un effet
d'épuration des eaux. La salade d'eau, connue comme l'une des plantes
très efficaces en matière d'épuration de l'eau, couvre en
période des inondations des grandes portions du lit des cours d'eau et
vastes surfaces des mares naturelles et artificielles. La Plaine fournit ainsi
et gratuitement des ressources en eau de surface ou souterraines en
quantité et de qualité à ses plus de 750.000 habitants
(Rapport GPIWL, 2017).
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