5. Développement
Gilbert RIST définit le développement comme :
« l'ensemble de pratiques parfois contradictoires qui, pour assurer la
production sociale, obligent à transformer et à détruire,
de façon généralisée, le milieu naturel et les
rapports sociaux en vue d'une production croissante de marchandises (biens et
services) destinées, à travers l'échange, à la
demande sociale ».30 François PERROUX conceptualise
le développement comme « la combinaison de changements mentaux
et sociaux d'une population qui rendent apte à faire croître
cumulativement et durablement son produit réel global
».31 Pour Edgar MONTIEL32, « le
développement, dit-on n'est plus conçu comme devant être
une simple course de rattrapage, sur le plan économique, des nations
plus favorisées, conception qui a prévalu jusqu'à un
passé récent, mais bien comme une mise en oeuvre des
potentialités propres des sociétés en développement
en plus d'une exigence de réparation plus juste des richesses au niveau
national et international. C'est par cette double action, en effet, que le
développement intégré débouchera sur le droit
à l'expression des valeurs de civilisations issues de l'histoire et des
situations sociales spécifiques des sociétés
émergentes. Sans que soient reniés les apports fécondants
issus d'autres aires culturelles et certaines formes d'authenticité sont
désormais revendiquées comme facteurs de
développement33 ».
29 SMOUTS (Marie-Claude), BATISTA (Dario) et VENNESSOU
(Pascal), « Dictionnaire des relations internationales : Approches,
concepts, doctrines », Paris, Dalloz, 2003, p. 107.
30 RIST (Gilbert), « Le développement,
histoire d'une croyance occidentale », Presse de la Fondation Nationale
des Sciences Politiques, 1996, p. 23.
31 Perroux (François), « L'économie
du XXe siècle », Paris, PUF, 1961, p. 155.
32 Haut fonctionnaire de l'UNESCO, spécialiste
de l'Amérique Latine.
33 MONTIEL (Edgar) cité par LATOUCHE (Serge),
Faut-il refuser le développement ?, Paris, Presses
Universitaires de France, 1986, p. 10.
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À ces définitions des auteurs, on y ajouter
quelques définitions des institutions. La Commission du Sud, dans un
rapport rédigé sous l'autorité de l'ancien
président tanzanien Julius K. Nyerere définit le
développement comme : « un processus qui permet aux êtres
humains de développer leur personnalité, de pendre confiance en
eux-mêmes et de mener une existence digne et épanouie. C'est un
processus qui libère les populations de la peur du besoin et de
l'exploitation et qui fait reculer l'oppression politique, économique et
sociale. C'est par le développement que l'indépendance politique
acquiert son sens véritable. Il se présente comme un processus de
croissance, un mouvement qui trouve sa source première dans la
société qui est elle-même en train d'évoluer. [...]
Le développement d'une nation doit se fonder sur ses ressources propres,
aussi bien humaines que matérielles, exploitées pleinement pour
la satisfaction de ses propres besoins [...] Le développement doit donc
être un effort du peuple, par le peuple et pour le peuple. Le vrai
développement est centré sur les êtres
humains.34 De son côté, l'OCDE/CAD définit
le développement comme : « un processus intégré
de stabilité politique et économique qui combine la bonne gestion
des affaires publiques et par la participation des populations,
l'investissement dans les ressources humaines, la confiance dans le jeu des
forces du marché, le souci de l'environnement et l'existence d'un
secteur privé dynamique ».35 Le
développement mobilisé dans le cadre de notre travail est un
développement sous-entendu local. Le développement local pour
Bernard VACHON est une « stratégie qui vise par les
mécanismes de partenariat à créer un environnement propice
aux initiatives locales afin d'augmenter la capacité des
collectivités en difficulté ; à s'adapter aux nouvelles
règles du jeu de la croissance macro-économique ; ou à
trouver d'autres formes de développement, qui part des modes
d'organisation et de production inédits intégreront des
préoccupations d'ordre social, culturel et environnemental parmi les
considérations purement économiques».36 Le
développement d'une région peut désigner plus simplement
l'amélioration de la qualité de vie de ses habitants.
Pour notre travail, nous retenons la définition du
développement donné par l'OCDE/CAD qui veut le
développement soit : « un processus intégré de
stabilité politique et économique qui combine la bonne gestion
des affaires publiques ». C'est une définition qui cadre
nettement avec l'orientation de notre thème.
34 Défis au Sud, Rapport de la Commission du
Sud, Paris, Économica, 1990, pp. 10-11 cité par RIST (Gilbert) op
cit. p. 329.
35 Rapport de l'OCDE/CAD, Paris, 1994.
36 VACHON (Bernard), « Le développement
local. Théorie et pratique », Boucherville, Gaëtan Morin
Éditeur, 1993, p. 104.
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