B. La désorganisation sociale des pasteurs
Les conflits liés à la mobilité pastorale
ont eu des conséquences très graves sur la vie des
éleveurs. Plusieurs éleveurs ont perdu complètement leurs
animaux. Les conséquences de ces pertes vont effectuer pendant de
nombreuses années les populations les plus touchées. C'est ainsi
que des éleveurs transhumants se sont sédentarisés dans la
vallée, perdant ainsi leur mode de vie pastorale. Au niveau individuel,
les pertes ont été si sévèrement ressenties que
cela s'est accompagné de perte de repères
socio-psychologiques.96 Pour la plupart d'éleveurs, les
animaux ne sont pas juste une richesse mais des compagnons de longues dates. Il
n'est pas rare de voir dans la province du Mayo-Kebbi Ouest, des
éleveurs devenir fous après avoir perdu une partie ou la
totalité de leur troupeau. Certains, quand ils perdent les animaux
n'arrivent pas à faire un autre travail, ils ne se sentent à
l'aise qu'à côté des animaux. C'est la raison pour
laquelle, la plupart des anciens éleveurs ayant perdu leurs animaux sont
recrutés par les propriétaires des boeufs bien placés en
ville pour garder leurs animaux où ils sont récompensés
chaque année avec une somme de quinze mille (15.000) F CFA et un
veau.
Une manifestation de la désorganisation des
éleveurs est la paupérisation. Les éleveurs
tchadiens sont depuis un temps affectés par un
processus de paupérisation. Cette paupérisation est
provoquée par une diminution importante de l'effectif de troupeaux. Le
cheptel des familles était estimé à deux-cent (200)
têtes de boeufs au début des années 2000 mais aujourd'hui,
on l'estime de soixante-dix (70) à cent (100) bêtes de boeufs.
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96 MOHA (Mahaman), op cit.
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