Section 1 : LE FINANCEMENT BANCAIRE DE
L'INVESTISSEMENT.
Les intermédiaires bancaires ont pour fonction de
recycler l'épargne oisive des ménages en la mettant à la
disposition de l'économie. Le degré de maturité des
crédits octroyés doit être étroitement
corrélé à celui des dépôts de manière
da manière à minimiser les risques de transformation très
élevée qui peuvent être source de faillite bancaire, mais
aussi, la thésaurisation de l'épargne bancaire qui contraint le
,potentiel productif de la nation .
Dans la recherche de crédits pour le financement de
l'investissement, les entrepreneurs doivent prendre en compte leur structure
financière optimale. Deux conceptions s'affrontent sur ce thème
.
Pour les partisans de la conception traditionnelle, la
structure financière optimale correspond à un niveau
intermédiaire d'endettement . Elle correspond donc à un
financement mixte : Capitaux propre - dettes.
Modigliani-Miller, conteste cette thèse traditionnelle en
arguant que dans un marché parfait, si l'on tient compte de
l'impôt sur les bénéfices, la conclusion est
différente. L'économie d'impôt réalisée
grâce à la déductibilité des intérêts ,
constitue en effet un gain réel pour l'entreprise endettée. Le
coût du capital diminue donc de manière continue au fur et
à mesure que le niveau d'endettement augmente ; La structure
financière optimale correspond à l'endettement maximal. Selon la
thèse de Modigliani-Miller, l'entreprise devrait se financer
entièrement par dettes."
La constante dans ces deux théorie réside dans
l'avantage pour les entreprises de s'endetter à un niveau qui
permet d'optimiser la structure financière de l'entreprise et la
manifestation d'un effet levier positif.
Ainsi, il est très difficile de comprendre la situation
monétaire et financière actuelle caractérisée par
la surliquidité, d'autant plus que cette dernière est fortement
déterminée par le volume des DAT qui
occasionnent un coût d'opportunité pour le secteur bancaire avec
le refus de la BCEAO de ne plus rémunérer les dépôts
excédentaires des banques primaires auprès d'elle. Le
résultat attendu est que la surliquidité aura un impact
négatif sur l'investissement du fait de la manifestation d'une
économie d'endettement au Sénégal.
L'évaluation de l'impact de la surliquidité sur
l'investissement sera mesurée par la régression de la variable
expliquée (investissement) sur les variables explicatives bancaires. Le
modèle classique explique I 'investissement par le taux
d'intérêt alors que le modèle «déterminant
bancaire de l'investissement « sera expliqué par le volume de
crédits à l'économie octroyés par les banques et le
niveau des dépôts à termes sur la période 1970-1995
.
28
" « encyclopédie de l'économie et de la
gestion» (Hachette Education ; Hachette, 1991). P.521
29
A/ Le modèle néoclassique.
Dans la théorie néoclassique, l'investissement (I)
est une fonction décroissante du taux d'intérêt (i) :
1=f(i); f`(i)<0;
à l'équilibre, la productivité marginale
du capital est égale au taux d'intérêt : (i = PmK
2);
La décision d'investir des agents économiques
est déterminée par le coût du capital dont le niveau de
fixation permet de déterminer l'existence ou non de l'effet levier
financier13, qui permet de déterminer les proportions de
capitaux propres et d'endettement dans la structure des capitaux permanents de
l'entreprise . L'intérêt du recours à l'endettement
(rentabilité des capitaux propres supérieure au taux
d'intérêt débiteur) réside dans la déduction
fiscale des intérêts alors que les dividendes ne le sont pas .
Les tests économétriques14 entre
l'investissement privé réel et le taux d'intérêt
débiteur des banques, sur la période 1970-1994, nous donne la
relation suivante :
I = - 4,5i.+184,6
(1,9) (26,7)
Résultat :
La relation négative entre I et
(i.) confirme les résultats du modèle
néoclassique : l'augmentation du taux d'intérêt se traduit
par une baisse beaucoup plus importante de l'investissement. Une baisse de 1%
du taux d'intérêt entraîne une augmentation de 4,5% des
investissements traduisant une grande sensibilité des investissements
réalisés compte tenu des taux débiteurs .
Ainsi, la faiblesse de la demande de financement bancaire pour
l'investissement s'explique par l'existence de taux d'intérêts
débiteurs élevés (en 1994, le taux de base bancaire
était de 12% en moyenne).
'Z Pm&:
productivité marginale du facteur capital
13 Il mesure l'influence de l'endettement sur la
rentabilité des capitaux propres : (bénéfices sur capitaux
propres). IPR 14 est le volume d'investissement du
secteur Rrivé (I)
Dependant variable is IPR Sample range : 1970-1993 Number of
observations : 24
|
Variable
|
Coefficient
|
STD.ERROR
|
T-STAT.
|
|
C
|
184,6
|
26,73
|
6,907
|
|
TXDINT
|
- 4,5
|
1,98
|
- 2,258
|
|
R-squared
|
0,192
|
Mean of dependant variable 124,85
S.D of dependant variable 29,69
Sum of squared residut 16384,9
F-statistic 5,23
|
Adjusted R-Squared
|
27,29
|
S.E. of regression
|
0,788
|
Log likelihood
|
- 112,36
|
30
Ce modèle explique la décision prise par la
BCEAO de baisser progressivement le taux d 'escompte afin d'amener les banques
primaires à baisser leurs taux et offrir plus de crédits aux
agents économiques .Ainsi, le taux d 'escompte est passé de 14,5
en début 1994 à 6 points actuellement, traduisant la confiance
des autorités monétaires en l'économie et leur soutien en
faveur de l'investissement.
Le coefficient du taux d'intérêt est significatif au
niveau de risque égale à 5%. Les coefficients de la
régression sont instables ; et cette instabilité est plus
marquée encore pour les autres éléments autres que le taux
d'intérêt débiteur qui déterminent le niveau de
l'investissement et qui se trouvent regroupés dans la constante..
L'investissement est très sensible au taux
d'intérêt . Cependant, ce modèle classique n'est pas assez
explicatif de la réalité du fait de son instabilité et de
la faiblesse du coefficient de détermination qui fait que ledit
modèle n'explique la réalité qu'à 19%, ce qui n'est
pas très efficace .
.Sur la période 1982-1995, le taux débiteur
moyen a tourné autour de 15,7% alors que celui du taux
d'intérêt créditeur est de 7%, soit un écart moyen
de 8,7%. Cet écart important révèle le caractère
oligopolistique des banques qui ne se font pas de concurrence par les taux . Un
système bancaire concurrentiel aurait dû se traduire par un
resserrement de l'écart des taux en vue d'attirer les emprunteurs.
L'accroissement du taux d'intérêt au taux moyen
annuel (entre 1982 et 1995) de 2,8% alors que les banques sont surliquides,
décourage le recours au financement bancaire, surtout au niveau des
détenteurs de bons projets, au profit d'autres sources comme le
financement sur fonds propres ou le financement informel .
Le comportement haussier du taux d'intérêt, loin
d'entraîner une baisse des investissements, ceux ci ont par contre connu
un taux de croissance beaucoup plus importante qui se situe à 14,2% sur
la période 1989-1995 alors qu'il n'était que de 9% entre 1982 et
1995, soit un rythme d'investissement beaucoup plus élevé alors
que le taux d'intérêt a augmenté
régulièrement
La dispersion de l'investissement est beaucoup plus important
que celle des taux d'intérêt débiteur.
Si l'intervalle de fluctuation du taux d'intérêt
se situe entre 13,1% et 18,3% de 1982 à 1989 ; il va augmenter à
partir de 1990 pour se situer dans un intervalle de fluctuation plus volatile
compris entre 12% et 21%.
L'augmentation de la borne supérieure de l'intervalle
de fluctuation traduit le comportement pessimiste des banque sur
l'activité économique et sur la solvabilité des entreprise
. La baisse de la borne inférieure s'explique par la politique
monétaire expansionniste de la BCEAO qui veut inciter les banques
à financer l'investissement ; c'est ainsi que depuis 1994, il y a une
baisse continue du taux d'escompte qui est passé de 14,5% à 6% .
Le comportement de la BCEAO en vue de promouvoir le développement des
activités économiques productives est renforcé par la mise
à la disposition des agents économiques de lignes de
crédits divers pour soutenir la stabilité et la croissance :
AGETIP , ACEP SFI, SENINVEST, PROPARCO , FPE, BOAD, Fonds de restructuration
industrielle (ligne APEX), etc., et le soutien actif de structures d'appui au
secteur privé : Cellule de développement industriel (CDE) ; la
FSP (fondation du secteur privé) ; la CAEE (cellule d'appui à
l'environnement des entreprises,) ; le CRJ (conseil de restructuration
juridique) etc....
Cependant , la période 1989-1995 s'est traduite par une
hausse du taux de croissance de l'investissement qui passe de 9% à 15%.
Ceci malgré la hausse du
31
taux d'intérêt qui connaît une forte
progression en se portant à 6% alors qu'il était de 2,8% sur la
période 1982-1995.
Les taux de croissance des investissements de
l'intérêt les plus élevés sont notés à
partir de l'année 1994 qui est celle de la dévaluation. Ils
s'expliquent par le regain de compétitivité permettant une
meilleure intervention sur les marchés extérieurs.
evolution investissement et taux d'intérêt
|
y = 1,6177x2 -11,2x + 169,73 R2=
0,8698
|
450 400 350 300
c 250 200 150 100 50

y = 0,0716x2 - 0,8244x - 16,303
R2 0 8862
1982 1983 1984 198 1986 1987 1988 1990 1991 1992 1993 1994
1995
années
-- ·--tx debiteur(82-95) f-fbkf(1982-95) Polynomial
(fbkf(1982-95)) Polynomial (lx debiteur(82-95))
evolution investissement et taux d'intérêt
400 350 300 250
c 200
150
100
|
|
50
· · · · · -
R2 ,G1î3
0`
1982 1983 1984 198 1986 1987 1988 1990 1991 1992
1993 19' --4-- tx den
années
-- · ttkf 1982
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33
|