WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La surliquidité des banques et l'investissement au Sénégal


par Amadou Mbaye DIOP
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (UCAD) - DEA PTCI 1998
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

25

Chapitre 2 : IMPACT DE LA SURLIQUIDITE SUR L'INVESTISSEMENT

INTRODUCTION

La surliquidité des banques au Sénégal est la manifestation du caractère endogène de l'offre de monnaie; elle est une traduction de l'économie d'endettement qui se caractérise par:

· .La prédominance du financement indirect des entreprises: les ménages n'assurent qu'une part faible des besoins de financement des entreprises qui sont satisfaits au moyen d'emprunt auprès des banques ou des intermédiaires non bancaires;

· ,.la prépondérance de la monnaie interne ( qui a pour contrepartie un endettement du secteur privé ). Gurley et Shaw distinguent la monnaie interne de la monnaie externe ( qui a pour contrepartie un endettement de l'Etat et de l'extérieur).

· .la disparition de l'ajustement par les taux: le taux d'intérêt est déterminé par le système bancaire et de ce fait , devient peu sensible aux variations de l'activité économique

· .une analyse en terme de diviseur du crédit: le système est en banque. les banques sont structurellement endettées auprès de la banque centrale. C'est le montant de crédit distribués par les banques qui détermine celui des réserves que la banque centrale doit provisionner.

En l'absence de marché financier au Sénégal, le financement est intermédié . Ainsi, le comportement des banques devrait avoir une incidence sur le comportement d'investissement du secteur privé. Un financement sain de l'investissement implique la mobilisation de ressources stables, notamment : l'épargne des ménages et l'épargne bancaire assimilée ici aux dépôts à moyen et long terme.

La financement bancaire de l'investissement dans un monde où l'hypothèse néoclassique de parfaite information est violée introduit au concept de risque de défaut que la banque doit gérer de manière à obtenir la confiance des déposants et assurer la liquidité 'et la rentabilité des crédits octroyés . Dans cette situation d'asymétrie d'information, divers travaux relatives au traitement de l'information ont été menés dont celui de Diamond qui assigne aux banques le rôle de fournisseur d'information (gestion , surveillance et résultat de l'investissement) et de liquidité .

A/ Le traitement de l'information.

A la suite des travaux d'Akerlof, la plupart des modèles développés (Leland and Pyle; Diamond; Dybvig; etc...) prennent les asymétrie d'information et la malhonnêteté de certains investisseurs comme la source de la naissance des intermédiaires financiers.

Ils sont présentés comme des agents ayant pour fonction de collecter des fonds auprès des agents à capacités de financement pour ensuite les répartir entre les agents à besoins de financement.

L'existence des banques s'explique par la nécessité de gérer deux types d'asymétrie d'information :

·

26

l'asymétrie d'information entre la banque et ses déposants : l'impossible connaissance de la position et des besoins en liquidité de chaque individu permet de rendre compte de l'utilité des contrats de dépôt; mais elle explique aussi l'instabilité des ressources bancaires.

· l'asymétrie d'information entre les prêteurs et les emprunteurs, et elle explique l'existence d'une " institution déléguée" chargée de contrôler le bien fondée et les résultats de l'allocation des capitaux prêtés.

Pour Diamond (1984), l'avantage des banques dans le traitement de l'information ne peut exister que grâce à une politique jointe d'évaluation (création d'informations) et de diversification

1/ Le modèle de Diamond.

A l'origine du modèle, on trouve une asymétrie d'information ex post entre des prêteurs potentiels et l'entrepreneur à la recherche de capitaux pour investir dans un projet risqué.

les prêteurs ne peuvent connaître expost le rendement réel du projet qu'au prix d'un effort d'information coûteux alors que l'information est gratuite pour l'emprunteur. Or, c'est sur la base de cette information que l'entrepreneur reversera une partie des profits aux investisseurs.

Diamond montre que dans une telle situation, le financement optimale prend la forme d'un prêt à échéance fixe, accompagné d'une pénalité de défaut, au moins égale à l'échéance.

Pour être sûr de ne pas être trompé par l'emprunteur (annonce d'un rendement fictif), les prêteurs se doivent donc de surveiller la gestion et le résultat de l'investissement.

Ce sont ces coûts de surveillance qui font naître les intermédiaires financiers bancaires.

Ceux-ci vont comme chez LELAND et PYLE procurer le financement des projets sous forme de prêts à pénalités, et en assurer le monitoring.

Mais, ces institutions ne possèdent un avantage comparatif par rapport à un investisseur particulier (le marché ) que si leur portefeuille d'actifs est diversifié.

Si l'intermédiaire n'a investi que dans un seul projet, au coût lié à la pénalité anticipée que lui même est en droit de verser à ses créanciers, s'ajoute les coûts de surveillance de la banque elle même. De ce fait, cette solution reste inférieure à la solution de prêt direct.

Dans ce cas, la diversification de l'actif bancaire sur de nombreux projets indépendants va permettre de faire tendre la prime de pénalité de l'intermédiaire vers zéro et cela minimise la probabilité de faillite.

De plus, le fait de posséder un portefeuille de prêts diversifiés va permettre d'alléger les coûts de faillite bancaire supportés par les déposants. En effet, les déposants, s'ils n'ont plus à s'intéresser aux entreprises, doivent maintenant surveiller les banques pour éviter qu'à leur tour elles ne les trompent ou qu'elles ne prennent des risques inconsidérés.

Le fait que le portefeuille bancaire soit diversifié, permet aux contrats de dette ( dépôt) entre les intermédiaires financiers et leurs créanciers de supporter un risque de défaut inférieur à celui du prêt direct non diversifié. Plus le nombre de prêts bancaire augmente, et plus le coût fixe de faillite des emprunteurs ( supporté par chaque déposant) baisse.

27

Le coût de surveillance de la banque (Cs) est alors assimilé au coût engendré par sa faillite.

Si l'on note par :

S : la somme totale retirée par la banque de ses investissements;

H : la valeur nominale des dépôts;

P : la probabilité que les investissements soit telle que la banque ne rentre pas dans

ses

fonds;

alors,

Cs=P(S-H)

Si les rendements des investissements sont indépendants (Covariance = 0), alors plus les prêts sont importants et diversifiés, plus sera petit le risque de faillite, et plus les coûts de surveillance de la banque seront faible.

Donc les banques possèdent un avantage comparatif en termes de gestion des prêts qui pousse les individus à les préférer par rapport à l'investissement direct.

Les investisseurs financiers sont donc nés de la nécessité d'obtenir et de gérer un certain nombre d'informations qui ne sont pas connus du marché, ou soit qui font l'objet de sélection adverse.

L'illiquidité de certains actifs s'explique alors par le fait que leur transmission fait supporter à l'acheteur tous les coûts de surveillance déjà mis en place par le vendeur.

On retrouve ici deux idées développées par AKERLOF, à savoir :

n . tous les actifs sur le marché ne sont pas liquides du fait d'un manque d'information;

n . une structure centralisée est parfois plus efficace qu'une structure décentralisée.

L'article de DIAMOND présente une qualité supplémentaire. Il montre clairement que l'avantage comparatif des banques vis à vis du marché ne peut exister que grâce à une politique jointe d'évaluation (de création d'information ) et de diversification.

La surliquidité des banques primaires au Sénégal pose fondamentalement la problématique du financement bancaire de l'investissement. Une réelle politique de résolution de ce problème passe par l'identification des déterminants de la surliquidité permettant un meilleur éclairage de la politique d'action des autorités monétaires afin de prendre les décisions idoines. Elle sera complétée par le passage en revue des critères d'octroi des crédits par les banques ainsi que par l'analyse de la structure financières des PME/PMI sénégalaises.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon