La surliquidité des banques au Sénégal
est déterminée par l'évolution des fuites en billets vers
le public et par l'importance des dépôts bancaires . Les AENB y
exercent aussi une influence modérée à la baisse compte
tenu de la préférence des banques pour les devises , suite
à la décision de la BCEAO de ne plus rémunérer les
réserves excédentaires en monnaie locale des banques primaires
auprès d'elle .
La faiblesse des fuites en billet et du taux de
réserves obligatoires n'a pas eu un impact sur le multiplicateur ; La
BCEAO, du fait que la masse monétaire n'est pas exogène, a
initié une politique d'encadrement du crédit qui consiste
à fixer le taux d'évolution de la masse monétaire. Cette
mesure contraignante qui ne permet pas au multiplicateur de manifester tout son
potentiel traduit un caractère structurel de la surliquidité.
A partir de 1989, on note une augmentation sans
précédent des réserves de change des banques primaires
à la BCEAO. Celle ci coïncide avec les réformes de
système bancaire, la restructuration des banques. Elle s'explique aussi
par le fait que la balance des paiements est un phénomène
essentiellement monétaire et que la politique monétaire est
l'instrument privilégié de recherche de l'équilibre.
La décision de non rachat des francs F.CFA hors de la
zone, prise en Août 1993, s'est traduit dés 1994 par une
très forte augmentation des dépôts bancaires qui sont
passés de 240,21 milliards à 316 milliards en 1994 , puis 344,76
milliards en 1995 ; soit des taux de croissance de 37% et 43% relativement
à l'année 1993. Mais , l'accroissement des dépôts a
surtout bénéficier aux DAT. Depuis 1987, ils constituent plus de
50% des dépôts .
Le volume de dépôts excédentaires devrait
en principe être étroitement lié aux DAV. Dans le cas
présent, cette corrélation est négative, compte tenu du
fait que le phénomène de surliquidité se traduit par une
absence de craintes d'illiquidité des banques.
Les fuites de billets des banques .
La surliquidité des banques au Sénégal
soulève plusieurs problèmes d'ordre monétaire,
économique et juridique.
La politique monétaire d'inspiration
néoclassique, dans un régime de change fixe, peut être
résumé à travers les quatre équations suivantes:
1/Md*V=P*Q10
2/ M = Cg + Ce + AEN
3/ M = Md 4/p=e*p'
'0 Md est la demande de monnaie; M est l'offre de
monnaie;
P est le taux d'inflation du Sénégal;
p' est le taux d'inflation de
l'étranger;
e est le taux de change nominal, cotation à
l'incertain;
AEN représente les avoirs extérieurs nets; ils
doivent au moins être égaux à 20% des
engagements à vue.
Cg et Ce représentent le volume de crédit
intérieur (CE); Cg est le volume de crédit à
l'état;
Ce est volume de crédit à
l'économie.
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La BCEAO se soumet à une certaine discipline
monétaire. L'évolution de la
masse monétaire est un indicateur fiable de la politique
monétaire, notamment à travers le degré de
monétarisation de l'économie. Elle est liée à
l'évolution des AEN, qui sont négatifs depuis 1972 au niveau de
l'économie; cependant, les AEN des banques sont devenus positifs depuis
Juin 1994 et s'élevaient à cette date à environ
7900 millions F.CFA.
Le contrôle effectif du volume de liquidité de
l'économie par la banque centrale est un impératif,
sinon , il planerait sur I 'économie une menace d'excès du taux
de liquidité,
dés le moment où, par suite d'un optimisme
généralisé, le système bancaire se met subitement
à réinjecter les liquidités qu'il détient . Ceci va
entraîner une décélération et une forte tension sur
les ressources qui pourrait être source d'une grande inflation, et aussi,
d'une détérioration de la balance extérieur, contrariant
ainsi les objectifs de croissance et de stabilité de la banque centrale
.
La nécessité de défendre la valeur
externe de la monnaie passe par la maîtrise du taux d'inflation,
d'où la nécessité de contrôler l'offre de monnaie,
notamment celle des banques primaires.
Les interventions hebdomadaires de la BCEAO sur le
marché monétaire rénové se font au moyen des
réserves obligatoires et des bons du trésor à court terme.
Pour éponger la surliquidité sur le marché
monétaire, la banque centrale pourrait rendre plus attractif les bons du
trésor par
. L'approfondissement du marché monétaire par la
création d'un marché secondaire où interviendraient, en
sus des banques primaires, de la banque centrale et des établissements
financiers, d'autres investisseurs institutionnels comme la caisse de
sécurité sociale, les compagnies d'assurances et certaines
grandes entreprises agrées au marché .
. L'élargissement de ce marché en y permettant
l'accès à d'autres titres négociables.
.11 faudrait aussi restaurer et consolider la confiance des
banques et du public sur l'Etat afin d'assurer la négociabilité
des bons du trésor et faciliter l'émergence du marché
secondaire.
En l'état des choses, la surliquidité traduit
le caractère endogène de l'offre de monnaie, empêchant le
parfait contrôle de la liquidité par la banque centrale.
Pour cette raison, la BCEAO se devrait d'utiliser d'une
manière plus dynamique la politique de réserves obligatoires, en
vue d'une plus grande efficacité dans le contrôle de la
liquidité bancaire; d'autant plus que le comportement prudentiel des
banques s'assimile à cette contrainte (Cf: tableau ci dessous), surtout,
depuis la décision prise par la banque centrale de ne plus
rémunérer les excédents de réserves placés
dans ses comptes.