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La surliquidité des banques et l'investissement au Sénégal


par Amadou Mbaye DIOP
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (UCAD) - DEA PTCI 1998
  

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CONCLUSION

La surliquidité des banques au Sénégal est déterminée par l'évolution des fuites en billets vers le public et par l'importance des dépôts bancaires . Les AENB y exercent aussi une influence modérée à la baisse compte tenu de la préférence des banques pour les devises , suite à la décision de la BCEAO de ne plus rémunérer les réserves excédentaires en monnaie locale des banques primaires auprès d'elle .

La faiblesse des fuites en billet et du taux de réserves obligatoires n'a pas eu un impact sur le multiplicateur ; La BCEAO, du fait que la masse monétaire n'est pas exogène, a initié une politique d'encadrement du crédit qui consiste à fixer le taux d'évolution de la masse monétaire. Cette mesure contraignante qui ne permet pas au multiplicateur de manifester tout son potentiel traduit un caractère structurel de la surliquidité.

A partir de 1989, on note une augmentation sans précédent des réserves de change des banques primaires à la BCEAO. Celle ci coïncide avec les réformes de système bancaire, la restructuration des banques. Elle s'explique aussi par le fait que la balance des paiements est un phénomène essentiellement monétaire et que la politique monétaire est l'instrument privilégié de recherche de l'équilibre.

La décision de non rachat des francs F.CFA hors de la zone, prise en Août 1993, s'est traduit dés 1994 par une très forte augmentation des dépôts bancaires qui sont passés de 240,21 milliards à 316 milliards en 1994 , puis 344,76 milliards en 1995 ; soit des taux de croissance de 37% et 43% relativement à l'année 1993. Mais , l'accroissement des dépôts a surtout bénéficier aux DAT. Depuis 1987, ils constituent plus de 50% des dépôts .

Le volume de dépôts excédentaires devrait en principe être étroitement lié aux DAV. Dans le cas présent, cette corrélation est négative, compte tenu du fait que le phénomène de surliquidité se traduit par une absence de craintes d'illiquidité des banques.

Les fuites de billets des banques .

La surliquidité des banques au Sénégal soulève plusieurs problèmes d'ordre monétaire, économique et juridique.

La politique monétaire d'inspiration néoclassique, dans un régime de change fixe, peut être résumé à travers les quatre équations suivantes:

1/Md*V=P*Q10

2/ M = Cg + Ce + AEN

3/ M = Md 4/p=e*p'

'0 Md est la demande de monnaie; M est l'offre de monnaie;

P est le taux d'inflation du Sénégal;

p' est le taux d'inflation de l'étranger;

e est le taux de change nominal, cotation à l'incertain;

AEN représente les avoirs extérieurs nets; ils doivent au moins être égaux à 20% des

engagements à vue.

Cg et Ce représentent le volume de crédit intérieur (CE); Cg est le volume de crédit à l'état;

Ce est volume de crédit à l'économie.

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La BCEAO se soumet à une certaine discipline monétaire. L'évolution de la

masse monétaire est un indicateur fiable de la politique monétaire, notamment à travers le degré de monétarisation de l'économie. Elle est liée à l'évolution des AEN, qui sont négatifs depuis 1972 au niveau de l'économie; cependant, les AEN des banques sont devenus positifs depuis Juin 1994 et s'élevaient à cette date à environ 7900 millions F.CFA.

Le contrôle effectif du volume de liquidité de l'économie par la banque centrale est un impératif, sinon , il planerait sur I 'économie une menace d'excès du taux de liquidité,

dés le moment où, par suite d'un optimisme généralisé, le système bancaire se met subitement à réinjecter les liquidités qu'il détient . Ceci va entraîner une décélération et une forte tension sur les ressources qui pourrait être source d'une grande inflation, et aussi, d'une détérioration de la balance extérieur, contrariant ainsi les objectifs de croissance et de stabilité de la banque centrale .

La nécessité de défendre la valeur externe de la monnaie passe par la maîtrise du taux d'inflation, d'où la nécessité de contrôler l'offre de monnaie, notamment celle des banques primaires.

Les interventions hebdomadaires de la BCEAO sur le marché monétaire rénové se font au moyen des réserves obligatoires et des bons du trésor à court terme. Pour éponger la surliquidité sur le marché monétaire, la banque centrale pourrait rendre plus attractif les bons du trésor par

. L'approfondissement du marché monétaire par la création d'un marché secondaire où interviendraient, en sus des banques primaires, de la banque centrale et des établissements financiers, d'autres investisseurs institutionnels comme la caisse de sécurité sociale, les compagnies d'assurances et certaines grandes entreprises agrées au marché .

. L'élargissement de ce marché en y permettant l'accès à d'autres titres négociables.

.11 faudrait aussi restaurer et consolider la confiance des banques et du public sur l'Etat afin d'assurer la négociabilité des bons du trésor et faciliter l'émergence du marché secondaire.

En l'état des choses, la surliquidité traduit le caractère endogène de l'offre de monnaie, empêchant le parfait contrôle de la liquidité par la banque centrale.

Pour cette raison, la BCEAO se devrait d'utiliser d'une manière plus dynamique la politique de réserves obligatoires, en vue d'une plus grande efficacité dans le contrôle de la liquidité bancaire; d'autant plus que le comportement prudentiel des banques s'assimile à cette contrainte (Cf: tableau ci dessous), surtout, depuis la décision prise par la banque centrale de ne plus rémunérer les excédents de réserves placés dans ses comptes.

Coefficients de réserves en (%)

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994 -

octobre

11.4

12.3

14.4

20.9

19.6

20.2

19.8

9.5

13.8

 

Source: BCEAO Notes d'information et statistiques janv.1995.

Etant donné la tendance de la banque centrale à créer de la monnaie centrale pour financer le déficit structurel de l'Etat, cette tendance renforce la liquidité bancaire

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en ce sens qu'il n'existe pas de séparation entre le trésor et la sphère bancaire. D'où la recommandation consistant à interdire à l'Etat de détenir des dépôts dans les banques primaires. Les dépôts de l'Etat ou du trésor devraient se loger uniquement à la banque centrale.

J

La surliquidité est plus liée aux DAT qu'aux DAV, d'où l'intérêt de mesurer l'impact de la surliquidité sur l'investissement.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand