A/ Les variations de billets et pièces.
Elles traduisent les échanges entre la monnaie
scripturale et la monnaie fiduciaire. Les échanges entre le public et le
secteur bancaire ont une influence sur la liquidité des banques. Plus la
proportion de monnaie fiduciaire dans les moyens de paiement est importante,
plus sont aigus les problèmes de liquidité des banques.
Le modèle étudié ici nous
révèle qu'une baisse de 1% des fuites en billets du circuit des
banque vers le public entraîne une augmentation des réserves
bancaires de 1,056% .
1. Evolution des fuites en monnaie centrale.
La monnaie centrale (H) se décompose en
billets (B) et réserves (R).
H=B+R
Lorsqu'un agent économique retire de l'argent dans son
compte tenu par la banque, ou lorsqu'il paye par chèque qui est
transformé en monnaie, il y a une fuite de monnaie hors du circuit
bancaire.
Les billets constituent une fraction (b) de la masse
monétaire (MM) . Elle dépend des habitudes de paiement des agents
économiques, et elle est souvent stable.
B=b*M
Ainsi, lorsque les habitudes de paiement, loin de se faire par
chèque ou par virement bancaire, se font d'un compte à un
particulier, alors la démultiplication des opération de ce genre
réduit la liquidité des banques.
Au Sénégal, compte tenu de la
surliquidité du secteur bancaire, ne pourrait on pas dire que la
fraction de billets dans (M) est faible, et que l'essentiel des paiements se
fait par virement bancaire. Dans le tableau suivant, nous allons assimiler
toute la circulation fiduciaire à B;
M1 est la disponibilité monétaire;
14
Les données sont en milliards de francs F.CFA. Ml, M,
et B sont puisés dans les notes d'information et statistiques de
la BCEAO- octobre 1994-statistiques monétaires.
15
Tableau des fuites en billets au
Sénégal.
Années
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
B
|
92,8
|
102,7
|
95,2
|
97,5
|
107,2
|
93
|
145,6
|
|
M1
|
214,9
|
230,8
|
204
|
213,2
|
217,4
|
197,7
|
304,1
|
|
B/M1
|
0,43
|
0,44
|
0,46
|
0,45
|
0,49
|
0,47
|
0,47
|
|
M
|
334,5
|
368,9
|
351,2
|
371,6
|
384,9
|
336,5
|
468.5
|
|
B/M
|
0,27
|
0,27
|
0,27
|
0,26
|
0,27
|
0,27
|
0,26
|
|
Source /BCEAO
Si on tient seulement en compte les disponibilités
monétaires, on constate une circulation fiduciaire relativement
importante. Elle .tourne autour d'une moyenne "b1 =
47%. Ceci traduit le caractère sous
développé du pays. Ceci fait que les habitudes de paiement, en
raison du caractère primaire et informel de l'économie, sont
surtout manuelles. Cette situation contraint le pouvoir de transformation
monétaire des banques qui sont obligées de garder beaucoup de
liquidités pour faire face aux retraits importants de la
clientèle. Elle explique aussi la raison pour laquelle la BCEAO, dans le
cadre de sa politique prudentielle, a fixé le coefficient de
liquidité2 à un seuil plancher de 60%.
Ainsi, pour éviter le risque d'illiquidité, les
banques sont obligées de procéder avec d'autant plus de
précaution, que le multiplicateur sera faible. A ce niveau, si on fait
l'hypothèse que le ratio de réserves obligatoires est nul, alors
le multiplicateur du potentiel de création monétaire serait en
moyenne de:
m=1/"b1 ;m=2.12
b est appelé réducteur monétaire;
m = f (b) avec f '(b) < 0.
L'importance de b pourrait aussi s'expliquer
par l'existence d'un vaste secteur informel, où les transactions se font
en numéraires pour échapper au contrôle fiscal .
Cependant, si nous prenons en compte la liquidité globale
de l'économie, en l'occurrence la M2 que nous définiront ici
comme étant M1 et les dépôts à terme (DAT) : M2 = M1
+ DAT;
alors le ratio de liquidité baisse et devient stable
grâce à la prise en compte de ressources financières
stables, permettant en toute sécurité d'accroître le
potentiel de création monétaire des banques , qui passe à
m' = 3,7.
EVOLUTION INSTABLE DU MULTIPLICATEUR
MONETAIRE.
Sur la période 1988-1989, le multiplicateur
monétaire a évolué comme suit :
années
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
m'
|
2.5
|
2.2
|
0.7
|
2.1
|
2.1
|
2.6
|
2.7
|
Source BCEAO.
L'instabilité du multiplicateur la rend
inopérationnel comme instrument de politique monétaire. Les
valeurs figurant dans ce tableau découlent de la politique d'encadrement
du crédit de la banque centrale qui traduit toute la difficulté
qu'elle a pour contrôler la masse monétaire en vue de
réaliser ses objectifs de stabilité et d'équilibre
extérieur. Ce qui la pousse a intervenir directement sur le rythme
d'évolution de cette masse monétaire.
2 (actif disponible ou réalisable à CT)
/ (passif exigible ou engagement par signature susceptible d'être
exécutés à CT)
16
Dans cette économie d'endettement, il est plus
approprié de raisonner en terme de diviseur du crédit, car, en
dernière analyse, le volume de crédit distribué
détermine la base monétaire (H).
H = (1/m)'* M
Plus les dépôts à terme sont importants
relativement aux dépôts à vue, toute chose étant
égale par ailleurs, le ratio de liquidité baisse. Cette baisse du
ratio de liquidité entraine une augmentation des réserves
bancaires dans la monnaie centale.
H = B + R; d'où ( B/H) + (R/H) = 1
Si la banque centrale contrôle l'Offre de monnaie, alors la
quantité de monnaie centrale en circulation est tout juste égale
à celle nécessaire pour fournir à l'économie, le
volume de liquidité nécesssaire aux transactions.
M*V=P*Q
Si nous reprenons le multiplicateur de crédit :
M = m * H
H=B+R (1)
M=B+D alors D= M-B
Nous savons que: B= b*M;(2)
et que R = r * D
Alors D = M -b* M ou bien D= M*(1-b)
R= r*(1-b)*M (3)
on remplace (2) et (3) dans (1):
H = b*M + r*(1-b)*M
H = (b + r - rb)*M
Nous pouvons alors exprimer le multiplicateur de crédit
:
M = [1/(r + b - rb)]*H m=[(1/(r+b-rb)]
La situation de surliquidité va à l'encontre des
trois conditionalités3 à la manifestation du
multiplicateur monétaire, et donc du caractère exogène de
l'offre de monnaie.
Plus la proportion de monnaie fiduciaire dans les moyens de
paiement est faible, moins les banques ont des problèmes de
liquidités et plus elles sont indépendantes de l'institut
d'émission.
3 Le multiplicateur de crédit est un instrument
de contrôle de la liquidité bancaire, aux trois
conditions suivantes:
· . il n'existe que deux sortes de fuites en monnaie: b et
ro;
· . les banques ont un comportement passif: tout ce
qu'elles reçoivent, elles le prêtent ;
· .il existe une demande illimitée de crédit
de la part des emprunteurs.
17
Le problème de la surliquidité est que le
multiplicateur monétaire n'exprime pas tout son potentiel, du fait que
les banques détiennent des volumes de réserves au delà de
ceux nécessaire compte tenu de la réglementation
conjoncturelle.
Si ^R et ^B sont les volumes de réserves et de billets
que les autorités monétaires désirent voir
s'établir dans l'économie.
Compte tenu de la valeur de m, la
quantité de monnaie que les banques peuvent créer est
limitée à m fois la quantité de monnaie
centrale émise par les banques.
En principe, au fur et à mesure que les banques
octroient des crédit, le volume de B augmente jusqu'à ce que :
H=^B+^R
En ce moment, la masse monétaire se stabilise
jusqu'à ce que la banque centrale réinjecte de nouvelles
liquidités dans l'économie, par exemple, par l'achat de titres
d'Etat sur le marché monétaire.
Pour le cas du SENEGAL, on peut dire que R > ^R et B <
^B . C'est donc dire que les banques n'utilisent pas tout leur potentiel de
crédit permettant assez de fuite en billet pour assurer
l'équilibre: B = ^B et R = ^R; alors la conversion monnaie scripturale
et monnaie fiduciaire est insuffisante alors que les réserves sont
excessifs.
Alors pour garder le contrôle de la liquidité
des banques, donc de l'offre de monnaie, il ne reste plus d'autre solution
à la banque centrale que de ponctionner sur les réserves des
banques, en vendant des titres d'Etat ce qui réduit R à AR.
Mais ce comportement des banques qui freine le multiplicateur
de crédit, donc le volume de crédits et de dépôts
pose un problème certain dans cette période de
libéralisation économique, qui suppose un engagement constant des
banques auprès des agents économiques pour le financement de
leurs activités source de croissance et de création d'emploi, et
d'accroissement des recettes fiscales.
La faiblesse de la fuites en billet par rapport à la
masse monétaire (M2) introduit des éléments d'incertitudes
dans la politique monétaire en ce sens que, la banque centrale qui
compte sur la maîtrise des réserves pour contrôler le volume
de liquidité , est dessaisie au profit des banques primaires. En effet,
ces dernières introduisent une fuite supplémentaire en monnaie
dont l'importance est telle que ce sont elles qui contrôlent le taux
d'évolution de la monnaie qui est ainsi endogène .
B/ Les dépôts
Dans le cadre de sa politique réglementaire et
conjoncturelle, la banque centrale intervient par l'application du taux de
réserves obligatoires (ro) sur le volume des dépôts
bancaires, compte tenu d'un niveau donné du réducteur
monétaire, de manière à contrôler l'évolution
de la masse monétaire. Elle poursuit deux objectifs qui sont
complémentaire, à savoir :
· Eviter que les banques se retrouvent dans une situation
d'insolvabilité ;
· Fixer le volume de liquidité de
l'économie qui permet d'atteindre la croissance et l'équilibre
extérieur désiré sans qu'il ait une inflation ;
Chaque dépôt effectué par la
clientèle accroît la quantité de monnaie centrale et donc
le pouvoir de création monétaire des banques secondaire.
Cependant, le modèle étudié ici
révèle qu'un accroissement de 1% des dépôts
entraîne une augmentation de 0,59% des réserves, ce qui est
relativement excessif.
18
On peut donc dire que les banques fixent un taux de
réserves (obligatoire et de précaution) égale à Ce
qui revient à
dire que les banques anticipent un taux de réserves de
précaution de 0,58 %4. L'analyse de l'évolution des
dépôts et de leur distribution temporelle permettra de comprendre
le comportement des banques qui s'apparente à une
préférence pour le présent.
Evolution du volume de dépôt
Le volume des dépôts à progressé
régulièrement de 1966 à 1995. Il est passé d'abord
de 13,46 milliards en 1976, puis de 77,39 milliards en 1976, ensuite de 223,89
milliards en 1986 et enfin, de 344 milliards en 1995 ; ce qui traduit un
dynamisme certain. La moyenne annuelle qui est de 127 milliards permet de
découper la période en deux sous périodes à partir
de 1981 qui est I 'année du PREF5. L'écart type des
dépôts qui est de 103 milliards révèle une
très grande dispersion. La restructuration du secteur bancaire est
marquée par un léger fléchissement des
dépôts. A partir de 1993, avec la décision de rachat des
francs F.CFA hors de la zone, les dépôts ont été
dopés pour se situer au dessus des 300 milliards F.CFA, niveaux qui
n'ont jamais été atteints auparavant . La Surliquidité
coïncide avec des périodes de dépôts
élevés et des taux de croissance géométrique compte
tenu de la moyenne. Sur la période 1966-1995 les dépôts
à termes ont représenté une moyenne de 30% des
dépôts contre 70% pour les dépôts à vue.
° r1= 0,596% - 0,015% = 0,581 %
S Programme de Redressement
Economique et Financier.
19
Cf. : Tableau de l'évolution des
dépôts.
Les dépôts àvue(DAV).
Ils sont constitués de l'ensemble des dépôts
liquides, gérés par les établissements de crédit ou
le Trésor, et mobilisables par chèques. Leur rôle est de
financer les besoins de trésorerie des entreprise et de consommation des
ménages. La transformation bancaire doit se faire avec beaucoup de
précaution compte tenu des risques liquidité qui peut
entraîner la perte de confiance des déposants envers les banques
et même, envers le secteur bancaire ; C'est ainsi que la BCEAO
réglemente la transformation en édictant le ratio de
liquidité et de couverture des emplois à long termes
.
En 1966, ils constituaient environ 95% des dépôts
bancaires. Ils ont accusé le taux le plus faible sur la période
1990-1992 où ils sont en déca des 50%.
Les dépôts à terme.
Ils sont une composante de la quasi monnaie en ce sens que
leur transformation monnaie entraîne un coût et un certain
délai. Ils constituent un moyen de placement pour les agents
économiques car ces types de dépôts sont
rémunérés. Leur mobilisation avant le délai
fixé entraîne un coût. Leur rôle est de financer
l'investissement. Ils contribuent à la stabilité de la banque qui
n'a pas à constituer des réserves de précaution car elle
connaît avec certitude le terme et la préserves aussi des retraits
intempestives ; Compte tenu du coût supporté par la banque pour
attirer ce type de dépôts, son intérêt est de la
prêter le plus rapidement possible pour couvrir le coût et faire un
gain financier grâce au différentiel d'intérêt.
Au Sénégal, les DAT ont connu une évolution
si remarquable qu'ils dépassent les DAV depuis 1987 ; Ce qui constitue
un potentiel de crédit important.
la répartition des dépôts en DAT et
DAV .
Ceteris paribus, Si nous reprenons la régression »
pas à pas » en déglobalisant les dépôts en
DAV et DAT, on obtient le modèle' selon lequel, la surliquidité
est fonction
6 Le taux de couverture des emplois
à long terme par les ressources à long terme est fixé par
la BCEAO à un seuil plancher de 75% entraînant un taux plafond de
transformation de 25%.
7 R = - 0,509 B + 0,633 DAT -- 0,281 AENB
+ 5,420 Les coefficients sont stables et
significatifs
Variables
|
Coe icients
|
Ecart type
|
T de student
|
Constant
|
MO
|
3,419
|
1,585
|
B
|
-0,509
|
0,126
|
-4,035
|
DAT
|
0,603
|
0,085
|
7,414
|
AENB
|
-2,81
|
0,101
|
-2,772
|
|
20
du volume de billets détenus par le public, des DAT et
des AENB8 . Relativement, l'impact des billets est réduit
alors que celui des réserves se renforce .
Les variations négatives des avoirs extérieurs
nets sont une fuite en monnaie centrale vers l'extérieurs . baisse de 1%
des AENB entraîne une hausse des réserves de 0,2% . De 1966
à 1993, les AENB sont négatifs .
Les DAV sont faiblement corrélés au volume de
réserves excédentaires des banques . Donc, on peut dire que la
surliquidité des banques est déterminé par une importante
quantité de DAT qui n'est pas recycler dans le secteur productif .
|