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La surliquidité des banques et l'investissement au Sénégal


par Amadou Mbaye DIOP
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (UCAD) - DEA PTCI 1998
  

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CONCLUSION

L'étude de la surliquidité des banques au Sénégal a mis en évidence deux déterminants principaux qui sont les billets et les DAT.

La part des billets dans la masse monétaire M2 est appelé réducteur monétaire en ce sens que sont évolution à la hausse réduit le pouvoir de création monétaires des

banques primaires. La masse monétaire se décomposant en billets et pièces, une baisse des billets détenus par le public a pour conséquence immédiate, toute chose étant égale par ailleurs, une augmentation des dépôts bancaires. Ces dernières années ont vu une augmentation relative des DAT sur les DAV, entraînant un potentiel de crédits à l'investissement et le financement des fonds de roulement très important.

Les DAT qui représentent actuellement prés de 50% des dépôts des particuliers et des banques dans les banques ont certes une influence positive sur l'investissement, surtout

lorsque les détenteurs de ces DAT, par suite d'un optimisme sur l'avenir, les mobilisent moyennant une pénalité, pour l'autofinancement. Ce qui introduit à l'importance des fonds propres dans le financement du haut du bilan.

Dans la situation favorable que constitue l'aprés dévaluation qui a permis au Sénégal de renouer avec les taux de croissance positive et supérieure au taux de croissance de la population à partir de 1995, entraînant un effet levier par suite de la hausse de la rentabilité des activités économiques, les agents économiques rationnels auraient dû préférer recourir à l'endettement pour améliorer la rentabilité de leurs capitaux propres, en réalisant la structure optimale de leur capital.

L'absence de recyclage suffisant des DAT dans les crédits à long et moyen terme à destination des investissements réellement productif, notamment les secteurs primaire et secondaire, pose un problème pour le financement de la croissance apte à améliorer les conditions socio-économiques des populations grâce à la création d'emploi par suite de l'accroissement de la production et de la demande.

Si l'accès au financement bancaire est aisé aux grandes entreprises du fait de leur actif très élevé et de leur réputation, il n'en va pas de même pour les PMI/PME qui sont souvent faiblement capitalisé et aussi, elles manquent de notoriété.

Les grandes entreprises ont souvent accès aux marchés financiers internationaux. Elles bénéficient du crédit interentreprises et d'une politique de gestion optimale des stocks optimal des stocks qui permettent de réduire les besoin de trésorerie des entreprises permettant ainsi de canaliser au maximum l'intervention bancaire aux besoins de financement essentiels, notamment à, les crédits à moyen et long terme.

Les amortissements qu'elles réalisent sont placés sous formes de DAT, de bons du trésor, d'obligations qui seront mobilisés le cas échéant, pour renouveler ou moderniser leurs équipements.

L'accès des PMI/PME au financement bancaire passe par l'acquisition et le maintien d'une notoriété par l'entrepreneur et pour l'entreprise, permettant de résoudre l'asymétrie d'information au niveau du banquier afin de pouvoir bénéficier de crédits à un coût juste proportionnel au risque de défaut. A cela, s'ajoute la nécessité d'une bonne gestion de la clientèle et des stocks afin de réduire les besoins de trésorerie et par ricochet, le fonds de roulement de l'entreprise et l'endettement à moyen et long terme. Le résultat est une amélioration de la capacité d'endettement des entreprises et une meilleure solvabilité. Le secteur productif et surtout PME/PMI doivent se lancer dans une politique permanente de communication :

· L'instauration d'un dialogue social avec les employés s'explique par le fait que, ce qui intéresse le banquier en dernier ressort, c'est la rentabilité de l'entreprise. Or, celle-ci

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est le fruit du travail de la structure décisionnelle et de celle opérationnelle. La fluidité de l'information entre ces différentes structures permettra une meilleure harmonie dans le travail en vue d'une dynamique productive dans l'entreprise.

· Transparence des comptes

· Fixation des objectifs en tenant compte des avis des différentes structures de décision

· Appropriation des objectifs par chaque employé

· On connaît les forces et faiblesses de l'entreprise

· Les retombées positives et négatives de l'entreprises sont partagées par tout le monde

Les employés sont les meilleurs experts pour authentifier les bilans des entreprises.

Tout le monde se met au service du maintien, du développement et de la rentabilité de I 'entreprise.

Sept années se sont écoulées depuis la restructuration du secteur bancaire. Les deux indicateurs de résolution de la crise sont

. le renouveau de la confiance des déposants envers les banques; . la reprise des anciens canaux de financement;

La surliquidité traduit la non résolution de ce deuxième indicateur de crise et pose la nécessité pour les banques de résoudre le hasard de moral présente l'emprunteur. Elle est aussi une source de coût d'opportunité élevée pour les banques, avec la décision prise par la BCEAO de ne plus rémunérer les dépôts des banques primaires auprès d'elle.

Cette décision traduit la confiance que la BCEAO affiche pour l'économie et qui s 'est traduite par les baisse successives du taux d'escompte qui est passé de 14,5 points à 6 points entre 1994 et 1997 afin de pousser les taux débiteurs à la baisse et relancer l'investissement. Le comportement baissier de la banque centrale n'a cependant pas eu les effets escomptés, car les taux d'intérêt débiteurs sont demeurés rigides à la baisse. Ceci fait que la baisse de 8,5 points du taux d'escompte n'a pas servi à desserrer les contraintes de financement de l'économie sénégalaise, mais plutôt à augmenter les gains des banques puisque les taux d'intérêt créditeur ont évolué à la baisse. La politique monétaire de la BCEAO fixe le taux usuraire au double du taux d'escompte ; ce fixe le plafond du taux d'intérêt normatif à 12%. Or, les taux débiteurs bancaires à terme tourne actuellement aux alentours de 21%, entraînant une perte pour l'économie équivalente au cumul des valeurs ajoutées des projets de l'ensemble des projet dont le taux de rentabilité interne est compris entre 16% et 20% (si on fait l'hypothèse qu'un taux de profitabilité de 4% est considéré comme satisfaisant).

Le comportement frileux des banques dans le financement des entreprises peut s'expliquer par une évolution à la hausse du risque de défaut qui est estimé à 14%. Les banques répercutent ce risque dans le coût de financement de l'économie. Ainsi, l'objectif de la BCEAO de fournir à l'économie un financement adéquat et à un coût compétitif passe par un partage des risques entre l'Etat, les banques primaires et les agents économiques privés non monétaire.

Dans le but d'asseoir les relations banques-entreprises sur des bases saines et sur la transparence des documents comptables et financiers, sur le modèle de la banque de relation, il serait nécessaire de relâcher la réglementation

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prudentielle afin de permettre aux banques d'acquérir le minimum de part sociale des entreprises autres qu'immobilières et financières, permettant leur accès au conseil d'administration afin de mieux s'imprégner des politiques économiques et financières de l'entreprise et de pouvoir prendre ses décisions en avenir certain. Les mesures prises dans ce sens pourraient être renforcées par la création et la démultiplication des banques d'affaires qui sont spécialisées dans la prise de risque aux côtés des entrepreneurs.

La loi sur les faillites gagnerait à une plus grande diligence dans les procédures collectives afin de mieux sécuriser les créanciers et assurer la sauvegarde de l'entreprise et des emplois. De plus, il faut anticiper sur les faillites par un suivi statistique des entreprises qui ne sont pas en règles vis à vis de certaines institutions comme le trésor, l'IPRES, et la Caisse de sécurité sociale. D'où la nécessité d'assainir le cadre macro-économique d'entrée - sortie pour assurer la sécurité des créanciers et la stabilité du système économique qui repose sur le crédit.

La mise en place de la bourse régionale des valeurs va permettre aux grandes entreprises d'échapper au carcan du financement intermédié pour bénéficier du financement direct. Ceci va obliger les banques à s'intéresser d'avantage au financement des PME/PMI dont le préalable passe par une amélioration des relations banque-entreprise qui doivent reposer sur la confiance et sur la transparence dans la gestion, dans le modèle de la «banque de relation ». Ainsi, la réussite du partenariat entre les banques et les PME/PMI dépendra du degré de proximité qui sera établie entre elles.

La relance de l'investissement passe par la diversification du paysage financier sénégalais qui ne doit pas seulement se limiter à quelques banques commerciales qui se contente de veiller tranquillement sur leur propre rendement. A l'exemple de la CBAO qui a ouvert une société de capital risque (la SENINVEST) et une autre de crédit bail (la SOGECA) et de la BICIS qui s'est lancé dans le «crédit-bail » en mobilisant en un temps record un montant de sept (07) milliards de francs f.CFA grâce à une émission d'obligations totalement souscrite, les banques doivent innover en mettant en place d'autres produits financiers.

La principale contrainte au financement des PME/PMI est que les banques
réclament très souvent des sûretés réelles qui ne servent à rien (les entreprises ne les

ont pas très souvent et elles pénalisent la production (sur protection) . La «City bank » ne réclame plus des sûretés réelles mais des sûretés personnelles ou l'aval d'une autre institution. Il faut tendre vers une substitution des sûretés réelles par des sûretés personnelles grâce notamment, à un système de mutualisation qui apporte sa caution à l'emprunteur potentiel (les entrepreneurs cotisent en contrepartie de la caution mutuelle).

Il faudrait tendre vers la diversification des structures de financement bancaire :

· Il existe un type d'organisme qui s'appuie exclusivement sur la mobilisation des dépôts : les sociétés d'épargne et de crédits spécialisés dans les prêts à LT destinés au financement des projets immobiliers et activités connexes : Elles mobilisent des dépôts pour se procurer les ressources nécessaires aux prêts ; elles exigent aussi que l'emprunteur soit déjà enregistré comme déposant. Elles pourront aussi proposer des prêts à long terme qui ne sont pas toujours liés à la construction.

· Intermédiation de proximité pour une meilleure évaluation des risque et des coûts de crédits : actuellement, il se développe une forte dynamique de création de mutuelle d'épargne et de crédits qui sont des structures qui mettent en commun leurs ressources pour promouvoir l'intérêt de ses membres . Elle

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manifeste le grand besoin de crédits qui se manifeste pour satisfaire l'esprit

d'entrepreneuriat qui émerge rapidement au Sénégal comme alternative au désengagement progressif de l'état. Sa force réside dans la péréquation des risques grâce à la solidarité agissante qui la fonde. Cependant, il serait opportun d'organiser les mutuelles d'épargne

· Adaptabilité du type de crédits (certain segment ne sont pas pris en compte alors que d'autres segments sont redondant (on trouve plusieurs sources de crédits qui s'encombre)

· Méthode de sélection des emprunteurs solvables

· Mise au point de technique incitant les emprunteurs potentiellement moins sûrs à rembourser plus rapidement

· Une bonne mobilisation des dépôts permet d'obtenir des informations utiles sur les capacités financières des emprunteurs potentiels et permet ainsi de mieux cibler les prêts et par conséquents, d'atteindre des taux de remboursement supérieurs

· Affacturage ( convention entre pays qui s'occupe de factoring et qui n'est

pas trop cher : préfinancement de l'opérateur économique contre présentation du bon de commande au banquier (le factor) ; la banque va se charger de récupérer la somme due . La banque va récupérer le paiement auprès du factor (il n'y a pas de garantie réelle pour l'entreprise ; la banque va faire le recouvrement ; l'entreprise ne gère pas les risque de change. L'affacturage ne fonctionne pas pour

certains secteurs comme pour le bâtiment) . Le financement est efficace et flexible.

En dernière analyse, la surliquidité introduit à la réflexion concernant la structure optimale en terme d'institutions financières (banques d'affaires, société de caution mutuelle, société financière de capital-risque, , l'affacturage, le crédit-bail, etc..) aptes à soutenir la politique de croissance fondée sur la libre entreprise et l'initiative privée.

Les banques commerciales, du fait de la contrainte de liquidité qui pèse sur elles, sont astreintes à une réglementation très stricte en matière de financement du fait que le coefficient de transformation est limité à 25%. Ceci découle du fait que leur rôle fondamentale n'est pas d'intervenir dans le financement à long terme des entreprises, mais de recevoir des dépôts de leur clientèle et de percevoir des rémunérations sous formes d'agios et de commissions. Ses interventions sont surtout à court terme (inférieur à deux ans). Sa vocation n'est pas de prendre des risques, mais d'assurer la liquidité de son passif

en vue de conforter la confiance que lui accorde le public .

Ainsi, une véritable politique de promotion des investissements passe par la mise en place de structures financières appropriées. Dans le cas des banques, celles dites d'affaires sont toutes indiquées car elles interviennent le plus souvent sur des fonds propres ou des ressources stables (elles ne prennent pas de dépôts de moins de deux ans). Malheureusement, le paysage bancaire sénégalais se traduit par une domination des banques commerciales. Il n'existe qu'une seule banque d'affaire : la CITYBANK.

Cependant, la mise en place de la centrale des incidences de paiement va permettre au système bancaire de mieux connaître les mauvais débiteurs qui font

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planer un risque sur leur stabilité. Il s'agit d'un instrument qui va permettre aux banque de vaincre l'aléa moral car disposant d'information certaines sur la qualité des emprunteurs.

Grâce au SYSCOA, il sera mis en place une centrale des bilans permettant de

garantir une fiabilité et une transparence des informations financières et
comptables des entreprises . Dorénavant, la perte de la moitié du capital social oblige les organes compétents à délibérer sur la continuation des activités ou la dissolution anticipée des la société, permettant ainsi de préserver les intérêts des créanciers dont les banques. Le commissaire aux compte pourra aussi anticiper les difficultés afin d'amener les entrepreneurs à réfléchir sur la situation économiques des entreprises , mais aussi, prendre les mesures de redressement nécessaires .

Le traité d'harmonisation du droit des affaires va permettre une consolidation de fonds propres des entreprises avec le relèvement du capital social minimum qui passe de :

1. 500.000f.F.CFA à 1.000.000 f.F.CFA pour les SARL ;

2. 2.000.000 f.F.CFA à 10.000.000 f.F.CFA pour les S.A ;

Pour pallier au manque de fonds propres des entreprises, les sociétés de capital-investissement (exemple : la SENINVEST fondée par la CBAO en décembre 1992) qui interviennent dans le capital sont tout indiquées . Leur intervention en fonds propres minoritaires dans des entreprises à fort potentiel . il s'agit d'un partenariat dense entre l'établissement financier et la société financée. Les participations ne dépassent rarement 25% du capital de l'entreprise financée. Les entreprises visées sont celles qui n'ont pas accès à la cotation d'une bourse de valeurs mobilières. L'intérêt pour les PME/PMI est que le capital--investisseur ne prend pas de garanties. Il partage les risques avec le chef d'entreprise et espère qu'au terme du partenariat (01 ou 06 ans), il pourra céder sa participation au capital et réaliser une plus value. En France, les entreprises qui ont eu à bénéficier de ce mode de financement sur la période 1987-1991, ont réaliser des performances largement supérieure à celles des entreprises comparables qui n'y ont pas eu recours (42% de croissance du chiffre d'affaires ; 80% pour les exportations ; 99% pour les investissement ; 34% pour l'emploi).

En sus du capital fourni, le capital investisseur se comporte comme un partenaire attentif pour le chef d'entreprise en lui apportant des conseils et appuis dans l'organisation, la gestion et dans les moments importants de l'entreprise (définition de la stratégie, négociation avec les banques commerciales, recherche de partenaires extérieurs, etc.).

Les sociétés de caution mutuelle constituent un cadre favorable et fructueux pour l'entreprise (insuffisance des fonds propres et contraintes de garanties réelles) et la banque (insuffisance des méthodes d'évaluation des risques) . Le cautionnement mutuel tend à créer des groupement professionnels à l'échelon local, régional et national, en vue de faciliter à leurs membres, l'accès au crédit. Le principe étant de permettre à des emprunteurs de se réunir autour desdits organismes d caution mutuelle, capables de fournir à leur place la garantie qu'ils n'ont pas. Il consiste donc à substituer à un débiteur isolé, une collectivité suivant le principe de la mutuelle.

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L'avènement de la bourse des valeurs d'Abidjan devrait sonner la fin de la surliquidité des banques car elle va permettre une diversification des opportunités de placement des dépôts bancaires grâce à un élargissement de l'espace économique et financier qui va dorénavant englober les huit pays23 . Sa mise en place vise trois objectifs principaux :

1. Le relèvement du taux d'épargne afin de réduire son écart avec le taux d'investissement ;

2. Le renforcement de la structure financière des entreprises

3. La réduction du coût de l'intermédiation

La bourse qui va démarrer -avec des produits simples (actions, obligations24

d'entreprises dont le capital est supérieur ou égal à 200 millions F.CFA), , pourra permettre aux épargnants de placer leurs capitaux, mais aussi, aux entreprises et aux états de couvrir leurs besoins de financement en ressources permanentes. L'avantage de la bourse est qu'elle offre d'autres alternatives aux épargnants que les dépôts bancaires. La diversification des sources de financement assure aux entreprises une source de financement efficace et adaptée.

23 Benin, Burkina, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal.

24 Pour les valeurs à revenu à revenu fixe, le montant nominal total d'une émission doit être à 500 millions, et le nombre minimum de titres émis d'au moins 10.000.

ANN EXES

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire