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CONCLUSION
L'étude de la surliquidité des banques au
Sénégal a mis en évidence deux déterminants
principaux qui sont les billets et les DAT.
La part des billets dans la masse monétaire M2 est
appelé réducteur monétaire en ce sens que sont
évolution à la hausse réduit le pouvoir de création
monétaires des
banques primaires. La masse monétaire se
décomposant en billets et pièces, une baisse des billets
détenus par le public a pour conséquence immédiate, toute
chose étant égale par ailleurs, une augmentation des
dépôts bancaires. Ces dernières années ont vu une
augmentation relative des DAT sur les DAV, entraînant un potentiel de
crédits à l'investissement et le financement des fonds de
roulement très important.
Les DAT qui représentent actuellement prés de
50% des dépôts des particuliers et des banques dans les banques
ont certes une influence positive sur l'investissement, surtout
lorsque les détenteurs de ces DAT, par suite d'un
optimisme sur l'avenir, les mobilisent moyennant une pénalité,
pour l'autofinancement. Ce qui introduit à l'importance des fonds
propres dans le financement du haut du bilan.
Dans la situation favorable que constitue l'aprés
dévaluation qui a permis au Sénégal de renouer avec les
taux de croissance positive et supérieure au taux de croissance de la
population à partir de 1995, entraînant un effet levier par suite
de la hausse de la rentabilité des activités économiques,
les agents économiques rationnels auraient dû
préférer recourir à l'endettement pour améliorer la
rentabilité de leurs capitaux propres, en réalisant la structure
optimale de leur capital.
L'absence de recyclage suffisant des DAT dans les
crédits à long et moyen terme à destination des
investissements réellement productif, notamment les secteurs primaire et
secondaire, pose un problème pour le financement de la croissance apte
à améliorer les conditions socio-économiques des
populations grâce à la création d'emploi par suite de
l'accroissement de la production et de la demande.
Si l'accès au financement bancaire est aisé aux
grandes entreprises du fait de leur actif très élevé et de
leur réputation, il n'en va pas de même pour les PMI/PME qui sont
souvent faiblement capitalisé et aussi, elles manquent de
notoriété.
Les grandes entreprises ont souvent accès aux
marchés financiers internationaux. Elles bénéficient du
crédit interentreprises et d'une politique de gestion optimale des
stocks optimal des stocks qui permettent de réduire les besoin de
trésorerie des entreprises permettant ainsi de canaliser au maximum
l'intervention bancaire aux besoins de financement essentiels, notamment
à, les crédits à moyen et long terme.
Les amortissements qu'elles réalisent sont
placés sous formes de DAT, de bons du trésor, d'obligations qui
seront mobilisés le cas échéant, pour renouveler ou
moderniser leurs équipements.
L'accès des PMI/PME au financement bancaire passe par
l'acquisition et le maintien d'une notoriété par l'entrepreneur
et pour l'entreprise, permettant de résoudre l'asymétrie
d'information au niveau du banquier afin de pouvoir bénéficier de
crédits à un coût juste proportionnel au risque de
défaut. A cela, s'ajoute la nécessité d'une bonne gestion
de la clientèle et des stocks afin de réduire les besoins de
trésorerie et par ricochet, le fonds de roulement de l'entreprise et
l'endettement à moyen et long terme. Le résultat est une
amélioration de la capacité d'endettement des entreprises et une
meilleure solvabilité. Le secteur productif et surtout PME/PMI doivent
se lancer dans une politique permanente de communication :
· L'instauration d'un dialogue social avec les
employés s'explique par le fait que, ce qui intéresse le banquier
en dernier ressort, c'est la rentabilité de l'entreprise. Or,
celle-ci
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est le fruit du travail de la structure décisionnelle
et de celle opérationnelle. La fluidité de l'information entre
ces différentes structures permettra une meilleure harmonie dans le
travail en vue d'une dynamique productive dans l'entreprise.
· Transparence des comptes
· Fixation des objectifs en tenant compte des avis des
différentes structures de décision
· Appropriation des objectifs par chaque
employé
· On connaît les forces et faiblesses de
l'entreprise
· Les retombées positives et négatives de
l'entreprises sont partagées par tout le monde
Les employés sont les meilleurs experts pour authentifier
les bilans des entreprises.
Tout le monde se met au service du maintien, du
développement et de la rentabilité de I 'entreprise.
Sept années se sont écoulées depuis la
restructuration du secteur bancaire. Les deux indicateurs de résolution
de la crise sont
. le renouveau de la confiance des déposants envers les
banques; . la reprise des anciens canaux de financement;
La surliquidité traduit la non résolution de ce
deuxième indicateur de crise et pose la nécessité pour les
banques de résoudre le hasard de moral présente l'emprunteur.
Elle est aussi une source de coût d'opportunité
élevée pour les banques, avec la décision prise par la
BCEAO de ne plus rémunérer les dépôts des banques
primaires auprès d'elle.
Cette décision traduit la confiance que la BCEAO
affiche pour l'économie et qui s 'est traduite par les baisse
successives du taux d'escompte qui est passé de 14,5 points à 6
points entre 1994 et 1997 afin de pousser les taux débiteurs à la
baisse et relancer l'investissement. Le comportement baissier de la banque
centrale n'a cependant pas eu les effets escomptés, car les taux
d'intérêt débiteurs sont demeurés rigides à
la baisse. Ceci fait que la baisse de 8,5 points du taux d'escompte n'a pas
servi à desserrer les contraintes de financement de l'économie
sénégalaise, mais plutôt à augmenter les gains des
banques puisque les taux d'intérêt créditeur ont
évolué à la baisse. La politique monétaire de la
BCEAO fixe le taux usuraire au double du taux d'escompte ; ce fixe le plafond
du taux d'intérêt normatif à 12%. Or, les taux
débiteurs bancaires à terme tourne actuellement aux alentours de
21%, entraînant une perte pour l'économie équivalente au
cumul des valeurs ajoutées des projets de l'ensemble des projet dont le
taux de rentabilité interne est compris entre 16% et 20% (si on fait
l'hypothèse qu'un taux de profitabilité de 4% est
considéré comme satisfaisant).
Le comportement frileux des banques dans le financement des
entreprises peut s'expliquer par une évolution à la hausse du
risque de défaut qui est estimé à 14%. Les banques
répercutent ce risque dans le coût de financement de
l'économie. Ainsi, l'objectif de la BCEAO de fournir à
l'économie un financement adéquat et à un coût
compétitif passe par un partage des risques entre l'Etat, les banques
primaires et les agents économiques privés non
monétaire.
Dans le but d'asseoir les relations banques-entreprises sur
des bases saines et sur la transparence des documents comptables et financiers,
sur le modèle de la banque de relation, il serait nécessaire de
relâcher la réglementation
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prudentielle afin de permettre aux banques d'acquérir le
minimum de part sociale des entreprises autres qu'immobilières et
financières, permettant leur accès au conseil d'administration
afin de mieux s'imprégner des politiques économiques et
financières de l'entreprise et de pouvoir prendre ses décisions
en avenir certain. Les mesures prises dans ce sens pourraient être
renforcées par la création et la démultiplication des
banques d'affaires qui sont spécialisées dans la prise de risque
aux côtés des entrepreneurs.
La loi sur les faillites gagnerait à une plus grande
diligence dans les procédures collectives afin de mieux sécuriser
les créanciers et assurer la sauvegarde de l'entreprise et des emplois.
De plus, il faut anticiper sur les faillites par un suivi statistique des
entreprises qui ne sont pas en règles vis à vis de certaines
institutions comme le trésor, l'IPRES, et la Caisse de
sécurité sociale. D'où la nécessité
d'assainir le cadre macro-économique d'entrée - sortie pour
assurer la sécurité des créanciers et la stabilité
du système économique qui repose sur le crédit.
La mise en place de la bourse régionale des valeurs va
permettre aux grandes entreprises d'échapper au carcan du financement
intermédié pour bénéficier du financement direct.
Ceci va obliger les banques à s'intéresser d'avantage au
financement des PME/PMI dont le préalable passe par une
amélioration des relations banque-entreprise qui doivent reposer sur la
confiance et sur la transparence dans la gestion, dans le modèle de la
«banque de relation ». Ainsi, la réussite du partenariat entre
les banques et les PME/PMI dépendra du degré de proximité
qui sera établie entre elles.
La relance de l'investissement passe par la diversification
du paysage financier sénégalais qui ne doit pas seulement se
limiter à quelques banques commerciales qui se contente de veiller
tranquillement sur leur propre rendement. A l'exemple de la CBAO qui a ouvert
une société de capital risque (la SENINVEST) et une autre de
crédit bail (la SOGECA) et de la BICIS qui s'est lancé dans le
«crédit-bail » en mobilisant en un temps record un montant de
sept (07) milliards de francs f.CFA grâce à une émission
d'obligations totalement souscrite, les banques doivent innover en mettant en
place d'autres produits financiers.
La principale contrainte au financement des PME/PMI
est que les banques réclament très souvent des
sûretés réelles qui ne servent à rien (les
entreprises ne les
ont pas très souvent et elles pénalisent la
production (sur protection) . La «City bank » ne réclame plus
des sûretés réelles mais des sûretés
personnelles ou l'aval d'une autre institution. Il faut tendre vers une
substitution des sûretés réelles par des
sûretés personnelles grâce notamment, à un
système de mutualisation qui apporte sa caution à l'emprunteur
potentiel (les entrepreneurs cotisent en contrepartie de la caution
mutuelle).
Il faudrait tendre vers la diversification des structures de
financement bancaire :
· Il existe un type d'organisme qui s'appuie
exclusivement sur la mobilisation des dépôts : les
sociétés d'épargne et de crédits
spécialisés dans les prêts à LT destinés au
financement des projets immobiliers et activités connexes : Elles
mobilisent des dépôts pour se procurer les ressources
nécessaires aux prêts ; elles exigent aussi que l'emprunteur soit
déjà enregistré comme déposant. Elles pourront
aussi proposer des prêts à long terme qui ne sont pas toujours
liés à la construction.
· Intermédiation de proximité pour une
meilleure évaluation des risque et des coûts de crédits :
actuellement, il se développe une forte dynamique de création de
mutuelle d'épargne et de crédits qui sont des structures qui
mettent en commun leurs ressources pour promouvoir l'intérêt de
ses membres . Elle
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manifeste le grand besoin de crédits qui se manifeste pour
satisfaire l'esprit
d'entrepreneuriat qui émerge rapidement au
Sénégal comme alternative au désengagement progressif de
l'état. Sa force réside dans la péréquation des
risques grâce à la solidarité agissante qui la fonde.
Cependant, il serait opportun d'organiser les mutuelles d'épargne
· Adaptabilité du type de crédits (certain
segment ne sont pas pris en compte alors que d'autres segments sont redondant
(on trouve plusieurs sources de crédits qui s'encombre)
· Méthode de sélection des emprunteurs
solvables
· Mise au point de technique incitant les emprunteurs
potentiellement moins sûrs à rembourser plus rapidement
· Une bonne mobilisation des dépôts permet
d'obtenir des informations utiles sur les capacités financières
des emprunteurs potentiels et permet ainsi de mieux cibler les prêts et
par conséquents, d'atteindre des taux de remboursement
supérieurs
· Affacturage ( convention entre pays qui s'occupe de
factoring et qui n'est
pas trop cher : préfinancement de l'opérateur
économique contre présentation du bon de commande au banquier (le
factor) ; la banque va se charger de récupérer la somme due . La
banque va récupérer le paiement auprès du factor (il n'y a
pas de garantie réelle pour l'entreprise ; la banque va faire le
recouvrement ; l'entreprise ne gère pas les risque de change.
L'affacturage ne fonctionne pas pour
certains secteurs comme pour le bâtiment) . Le
financement est efficace et flexible.
En dernière analyse, la surliquidité introduit
à la réflexion concernant la structure optimale en terme
d'institutions financières (banques d'affaires, société de
caution mutuelle, société financière de capital-risque, ,
l'affacturage, le crédit-bail, etc..) aptes à soutenir la
politique de croissance fondée sur la libre entreprise et l'initiative
privée.
Les banques commerciales, du fait de la contrainte de
liquidité qui pèse sur elles, sont astreintes à une
réglementation très stricte en matière de financement du
fait que le coefficient de transformation est limité à 25%. Ceci
découle du fait que leur rôle fondamentale n'est pas d'intervenir
dans le financement à long terme des entreprises, mais de recevoir des
dépôts de leur clientèle et de percevoir des
rémunérations sous formes d'agios et de commissions. Ses
interventions sont surtout à court terme (inférieur à deux
ans). Sa vocation n'est pas de prendre des risques, mais d'assurer la
liquidité de son passif
en vue de conforter la confiance que lui accorde le public
.
Ainsi, une véritable politique de promotion des
investissements passe par la mise en place de structures financières
appropriées. Dans le cas des banques, celles dites d'affaires sont
toutes indiquées car elles interviennent le plus souvent sur des fonds
propres ou des ressources stables (elles ne prennent pas de dépôts
de moins de deux ans). Malheureusement, le paysage bancaire
sénégalais se traduit par une domination des banques
commerciales. Il n'existe qu'une seule banque d'affaire : la CITYBANK.
Cependant, la mise en place de la centrale des
incidences de paiement va permettre au système bancaire de mieux
connaître les mauvais débiteurs qui font
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planer un risque sur leur stabilité. Il s'agit d'un
instrument qui va permettre aux banque de vaincre l'aléa moral car
disposant d'information certaines sur la qualité des emprunteurs.
Grâce au SYSCOA, il sera mis en place une centrale des
bilans permettant de
garantir une fiabilité et une transparence des
informations financières et comptables des entreprises .
Dorénavant, la perte de la moitié du capital social oblige les
organes compétents à délibérer sur la continuation
des activités ou la dissolution anticipée des la
société, permettant ainsi de préserver les
intérêts des créanciers dont les banques. Le commissaire
aux compte pourra aussi anticiper les difficultés afin d'amener les
entrepreneurs à réfléchir sur la situation
économiques des entreprises , mais aussi, prendre les mesures de
redressement nécessaires .
Le traité d'harmonisation du droit des affaires va
permettre une consolidation de fonds propres des entreprises avec le
relèvement du capital social minimum qui passe de :
1. 500.000f.F.CFA à 1.000.000 f.F.CFA pour les SARL ;
2. 2.000.000 f.F.CFA à 10.000.000 f.F.CFA pour les S.A
;
Pour pallier au manque de fonds propres des entreprises, les
sociétés de capital-investissement (exemple : la SENINVEST
fondée par la CBAO en décembre 1992) qui interviennent dans le
capital sont tout indiquées . Leur intervention en fonds propres
minoritaires dans des entreprises à fort potentiel . il s'agit d'un
partenariat dense entre l'établissement financier et la
société financée. Les participations ne dépassent
rarement 25% du capital de l'entreprise financée. Les entreprises
visées sont celles qui n'ont pas accès à la cotation d'une
bourse de valeurs mobilières. L'intérêt pour les PME/PMI
est que le capital--investisseur ne prend pas de garanties. Il partage les
risques avec le chef d'entreprise et espère qu'au terme du partenariat
(01 ou 06 ans), il pourra céder sa participation au capital et
réaliser une plus value. En France, les entreprises qui ont eu à
bénéficier de ce mode de financement sur la période
1987-1991, ont réaliser des performances largement supérieure
à celles des entreprises comparables qui n'y ont pas eu recours (42% de
croissance du chiffre d'affaires ; 80% pour les exportations ; 99% pour les
investissement ; 34% pour l'emploi).
En sus du capital fourni, le capital investisseur se comporte
comme un partenaire attentif pour le chef d'entreprise en lui apportant des
conseils et appuis dans l'organisation, la gestion et dans les moments
importants de l'entreprise (définition de la stratégie,
négociation avec les banques commerciales, recherche de partenaires
extérieurs, etc.).
Les sociétés de caution mutuelle constituent un
cadre favorable et fructueux pour l'entreprise (insuffisance des fonds propres
et contraintes de garanties réelles) et la banque (insuffisance des
méthodes d'évaluation des risques) . Le cautionnement mutuel tend
à créer des groupement professionnels à l'échelon
local, régional et national, en vue de faciliter à leurs membres,
l'accès au crédit. Le principe étant de permettre à
des emprunteurs de se réunir autour desdits organismes d caution
mutuelle, capables de fournir à leur place la garantie qu'ils n'ont pas.
Il consiste donc à substituer à un débiteur isolé,
une collectivité suivant le principe de la mutuelle.
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L'avènement de la bourse des valeurs d'Abidjan devrait
sonner la fin de la surliquidité des banques car elle va permettre une
diversification des opportunités de placement des dépôts
bancaires grâce à un élargissement de l'espace
économique et financier qui va dorénavant englober les huit
pays23 . Sa mise en place vise trois objectifs principaux :
1. Le relèvement du taux d'épargne afin de
réduire son écart avec le taux d'investissement ;
2. Le renforcement de la structure financière des
entreprises
3. La réduction du coût de
l'intermédiation
La bourse qui va démarrer -avec des produits simples
(actions, obligations24
d'entreprises dont le capital est supérieur ou
égal à 200 millions F.CFA), , pourra permettre aux
épargnants de placer leurs capitaux, mais aussi, aux entreprises et aux
états de couvrir leurs besoins de financement en ressources
permanentes. L'avantage de la bourse est qu'elle offre d'autres alternatives
aux épargnants que les dépôts bancaires. La diversification
des sources de financement assure aux entreprises une source de financement
efficace et adaptée.
23 Benin, Burkina, Côte d'Ivoire, Guinée
Bissau, Mali, Niger, Sénégal.
24 Pour les valeurs à revenu à revenu
fixe, le montant nominal total d'une émission doit être à
500 millions, et le nombre minimum de titres émis d'au moins 10.000.
ANN EXES
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