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La surliquidité des banques et l'investissement au Sénégal


par Amadou Mbaye DIOP
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (UCAD) - DEA PTCI 1998
  

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Section 2/ LES CRITERES D'OCTROI DES PRETS BANCAIRES.

Généralement, les banques sont définies comme étant des institutions financières qui ont pour fonction principale de recevoir des dépôts et de les mettre à la disposition des agents économiques qui en ont besoin, moyennant un coût appelé taux d'intérêt débiteur.

Dans le processus d'octroi du crédit, les banques respectent souvent trois critères suivants :

· la rentabilité

· la liquidité

· la sécurité

Avant d'aborder les critères d'octroi des crédits, nous examinerons d'abord la nature des relations entre les banques et les entreprises.

L'étude des critères d'octroi des crédits bancaires sera complétée par l'analyse du bilan des entreprises ainsi que de leur structure financière. On se fondera sur les données économiques et financières de la DPS ainsi que les résultats du programme cadre II.

A/ La relation banque-entreprise

La relation banque-entreprise peut être décrite à l'aide de deux modèles polaires: la banque à l'acte et la banque de relation.

La banque à l'acte illustre une conception de partenariat minimaliste avec

l'entreprise. La relation est contractuelle et limitée dans le temps. Les entreprises sont multibancarisées et font jouer la concurrence entre les établissements jusqu'à procéder par appels d'offres; les banques et les entreprises cherchent à minimiser le coût de construction de l'information. Par exemple, les banques utilisent des

procédures standardisées d'analyse des risques; les entreprises limitent la fourniture d'informations à des documents comptables. Cette relation peut conduire à des rétentions d'information.

Dans cette approche, les banques sont organisées par produit et multiplient les filiales spécialisées. leur "pricing" est fondé sur une comptabilité analytique; la rentabilité est recherchée par produit. De ce fait, les marchés sont très concurrents et peu rentables. En matière de gestion de risque, les banques recherchent la diversification et assortissent leurs crédits de sûretés réelles.

Le model de la banque à l'acte est dominant dans les pays Anglo-saxons; la finance désintermédiée est majoritaire. La concurrence entre banques est forte et se traduit notamment par la libre rémunération des dépôts à vue, et par une offre de produits évolués et diversifiés. Les entreprises sont multibancarisées, et les banques, peu engagés financièrement sur un même client.

Le schéma opposé s'appuie sur la banque de relation et sur une conception de partenariat engagé avec l'entreprise. Ici, la relation banque-entreprise est fondé sur un principe de coopération à long terme. L'entreprise entretient une relation privilégiée avec son banquier de référence dont le rôle est dominant, notamment en matière d'apport de crédits. Il bénéficie d'un droit d'ingérence dans la vie de l'entreprise, qui peut notamment prendre la forme de participation au conseil d'administration. Le banquier est aussi un conseiller pour l'entreprise. Des dépenses importantes sortit

48

consacrées à la construction de l'information pour un usage partagé entre les deux partenaires.

La banque est organisée par type de clientèle d'entreprise. Elle fournit un ensemble intégré de produits et services, cherchant à globaliser la relation. La rentabilité est appréciée par client permettant des subventions entre produits. La concurrence est moins âpre, la profession est cartellisée. La banque pallie une concentration du risque relativement forte par un contrôle très poussé et une surveillance du débiteur rendue possible par les importantes échanges d'informations. L'objectif poursuivi est d'anticiper les difficultés des entreprises et les aider à les résoudre. Ce modèle s'applique au Japon et en Allemagne.

Le cas sénégalais.

La relation banque-entreprise au Sénégal serait plutôt une variante du modèle de banque à l'acte. L'octroi de crédits bancaires est sujet à des sûretés réelles ou personnelles et au versement de l'apport personnel qui traduit la volonté du banquier de limiter le coût de l'information et de transférer tout le risque à l'entreprise; l'asymétrie d'information est très forte et la fourniture d'informations par l'entreprise se limite à la production de documents comptables. Les entreprises détiennent souvent des comptes dans des banques différentes, ce qui ne permet pas à la banque de gérer efficacement l'information. Mais le financement est ici totalement intermédiée et la profession bancaire est oligopolistique. Les banques sont de simples apporteurs de crédits; elles ne procèdent pas à la mutualisation des risques. Le coût élevé du crédit fait que les promoteurs ont tendance à enjoliver leur projet, en réajustant à la hausse leur TRI (taux de rentabilité interne) (effet d'incitation). De plus, les études de préfactibilité sont souvent négligées, ou encore, l'étude du projet est confié à des cabinets informels pour minimiser les coûts.

Depuis la restructuration du secteur bancaire en 1989, les banques sont

devenues plus sélectives dans leur offre de crédit, et subordonnent leur stratégie de développement sur le marché des entreprises à une stratégie de maîtrise des risques.

Cette tendance a été appuyée par les exigences en matière de contrôle prudentiel, et par l'insuffisance du système de garantie, qui freinent la prise de risque des établissements bancaires.

1/ LA RENTABILITE DE L'INVESTISSEMENT.

Quand l'investisseur se présente au guichet de la banque X pour solliciter un crédit, la préoccupation première du banquier sera de s'assurer de la rentabilité du projet.

Le concept de taux de rentabilité interne (TRI ) traduit cette préoccupation. Elle est calculée au niveau de la phase d'évaluation financière de l'étude de factibilité.

A ce niveau de l'évaluation du projet, le TRI est mis en relation avec le taux débiteur (rd).

· Si le TRI > rd , alors le projet est dit rentable

· Si le TRI < rd , alors le projet n'est pas rentable.

Pour le cas où le TRI > rd , il existe un seuil dit de rentabilité effective que l'on peut définir comme étant la différence entre le TRI et rd qui fait que

- l'investissement réel est préférable à l'investissement financier.

49

- le banquier apprécie le caractère bancable du projet.

Au premier Janvier 1996, les taux de base bancaires s'établissait comme suit:

banques

taux de base

CITY BANK

8%

CLS , CBAO , SGBS

9,5%

BICIS

10,25%

 

Le taux de base bancaire est l'élément central dans la détermination du taux d'intérêt bancaire. S'y ajouteront différents éléments dont notamment, la taxe sur les opérations bancaires (TOB ) qui est de 17% de rd.

Pour les crédits à moyen et long terme (qui nous intéressent plus particulièrement), rd avoisinait les 13% au FPE (Fonds de Promotion Economique), et 21% au niveau des banques primaires.

D'après les milieux bancaires, un projet est considéré comme bancable si le TRI> 30 %. Si on ajoute à cette position bancaire, les exigences de garanties (hypothèque sur titre foncier, nantissement du matériel, nantissement du fonds de commerce), on peut apprécier la pertinence au Sénégal du non financement bancaire de l'investissement. Les banques, dont la majeure partie ne disposent pas de services d'évaluation des projets autonomes, rejettent généralement les projets dont le TRI < 35%20; alors que les détenteurs de bons projets vont préférer se tourner vers d'autres sources de financement , notamment , les financement sur fonds propres.

Cependant, les banquiers étant rationnels par hypothèse, il convient de chercher une explication à leurs comportement. C'est ainsi que la notion de risque intervient. Il est défini comme la probabilité pour le créancier de ne pas recouvrer tout ou partie de sa créance. Il permet d'expliquer pourquoi les banques sont réticentes à abaisser leur taux débiteur malgré la volonté affichée des autorités monétaires de relancer les investissements pour tirer tout le potentiel de croissance qu'offre la dévaluation du franc f.CFA.

2/ LA LIQUIDITE DES PRETS A L'INVESTISSEMENT.

La difficulté majeure à laquelle se heurtent les prêts destinés à l'investissement, notamment les prêts à long terme est, qu'ils ne sont pas escomptables auprès de la BCEAO

Le caractère non mobilisable de ces prêts font que souvent les banques procèdent à de faibles transformations. Or la transformation joue un grand rôle dans le financement du haut du bilan. Au niveau de la réglementation prudentielle de la BCEAO, le ratio de couverture des emplois à moyen et long terme par des ressources stables est fixé à un minimum de 75%. D'où 25% seulement de transformation des ressources courtes en emplois longs est permise.

Années

Creco à

dépôt des

dépôt à vue

25% des

 
 

moyen et

particulier

des

dépôts à vue

 
 

long terme

s et des

particuliers

des

5=(1) + (4)

 

2" A titre de comparaison, la ligne de crédits APEX exige que le taux de rentabilité financière additionnelle soit de 12% au moins.

50

(1)

entreprise s à terme (2 )

et des

entreprises ( 3 )

particuliers

et des
entreprises (4)

 

1988

150479,9

119584,7

117028,6

29257

148841,7

1989

142830,8

138110,6

124482,6

31120,6

169231,2

1990

167950,5

146977,5

104679,6

26170

173147,5

1991

165836

158392,9

112279,9

28070

186462,9

1992

177491,3

167563,2

106626,5

26656,6

194219,8

1993

183483

138776,7

101429,1

25357,3

164134

1994

188096,2

159908,7

141222,4

35305,6

195214,3

 

evolutions comparées des dépôts et des crédits à terme .

200000 180000 160000 140000 120000 données 100000 80000 60000 40000 20000 0

 
 
 
 
 

--
·--creco à moyen et long terme ( 1)

--III-- dépôt des particuliers et des entreprises à terme (2 )

 

1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994

années

Si les banques ont octroyé un volume de crédit à terme supérieur à celui des dépôts à terme, ceci répond à une certaine prudence dans leur gestion. Les dépôts à terme étant rémunérés, les banques sont obligées de les rentabiliser par une marge rémunératrice qui est le différentiel de taux d'intérêt.

La véritable contribution des banques à l'activité de financement doit se mesurer à travers le degré de transformation des ressources courtes en ressources longues sous contrainte du seuil plafond de 25% fixé par la réglementation bancaire.

Si l'on considère le seuil de 25% comme celui au delà duquel la banque prend des risque compte tenu du caractère non escomptable des prêts à terme, on constate que les banques dépassent rarement ce seuil, depuis la restructuration du secteur bancaire en 1989.

Le potentiel de crédit bancaire ( dépôts à moyen et long terme augmentés des 25% de transformation permise) a rarement été entièrement utilisé depuis 1989, hormis l'année 1993 qui est celle où la décision de non rachat des francs F.CFA hors de la zone a été prise (arrêt des fuites de capitaux, reflux francs F.CFA qui étaient en dehors de la zone).

3/ la sécurité des prêts à l'investissement.

La question de la sécurité des prêts à l'investissement peut être appréhendée à travers des critères tels que la personnalité de l'investisseur (réputation, qualité de gestionnaire, etc.), le secteur d'activité (l'état et les caractéristiques du marché) et surtout la structure des capitaux permanents ( dette à moyen et long terme / capitaux permanents ) où la règle est celle des "50-50". L'idée de base est que les capitaux propres constituent une garantie pour les tiers. Le souci du banquier est de partager les risques avec l'emprunteur car il intervient le plus souvent à ses risques et sur sa trésorerie, engageant dans la plupart des cas, des fonds de leurs déposants.

La nécessité de sécuriser les prêts à moyen et long terme fait qu'ils sont systématiquement assortis de garanties réelles (hypothèque sur titre foncier, nantissement du matériel, nantissement du fonds de commerce). A cela, s'ajoute un apport personnel d'au moins 30% du prêt.

Elle explique aussi la distribution sectorielle du crédit qui profite surtout au commerce

gros et détails ; aux restaurants et hôtels ; au transport et aux particuliers
(construction et équipement ménagers).

La poursuite de l'analyse des critères d'octroi des crédits que sont la rentabilité des projets, leur sécurité et leur liquidité nous incite à déterminer un indice de risque bancaire, et aussi , à nous intéresser à la structure du bilans des entreprises sénégalaise et aux, aux relations banques entreprises. Cette réflexion permettra d'éclairer d'avantage le comportement des banques qui est à l'origine de la surliquidité.

4/ Détermination d'un indice de risque bancaire.

Le risque peut être défini comme la probabilité pour la banque de ne pas recouvrer sa créance. Ici, on pourrait le mesurer par Rq.

Soit : Crecos, les crédits à l'économie en souffrance = crédits impayés et immobilisés; alors

Rq = Crecos / Creco

Tableau d'évolution du risque.

Années

Crecos

Creco

Rq

 
 

25167,6

436734,7

0,05

1989

48880,2

444161,4

0,11

1990

42389,7

412295, 7

0,10

1991

51471

397951,1

0,129

1992

51336,9

419555,3

0.122,

1993

57787,6

425889,7

0,13

1994

61690,2

431389,3

0,14

 

la tendance générale traduit une évolution à la hausse du risque de crédits bancaires à l'économie. Ainsi, la probabilité dans l'économie, pour le banquier de ne pas recouvrer son crédit est passé de 5% en 1988 à 14% en 1994 ; soit une hausse de 180%.

Années

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

dPib21

5.1

-1.4

4.5

-0.7

2.8

-2.1

2.0

 

Si on fait la relation entre l'évolution du risque et le taux de croissance de l'économie, on se rend compte que l'évolution du risque s'améliore avec la croissance du rythme d'évolution du PIB, d'une année à l'autre.

Les risques les plus faibles correspondent aux années,1987 et 1988 où les taux de croissance sont relativement les plus élevés.

Ainsi, le taux de croissance positive de l'économie est un indicateur de fiabilité des crédits octroyés pour les banques car elles anticipent un risque de crédit moindre.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire