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CONCLUSION.
Les banques sénégalaises pratiquent une
politique sélective de crédits traduisant une situation de
«credit crunch ». Ainsi, malgré la baisse continue des taux
d'escompte de la BCEAO, les banques pratiquent toujours des taux usuraires et
exigent des sûretés réelles. Les efforts de la banque
centrale pour promouvoir le financement de l'investissement sont ignorés
par les intermédiaires monétaires qui privilégient les
crédits au gouvernement, aux grandes entreprises (qui sont à
dominantes étrangères), aux institutions financières non
monétaires et la détention de comptes créditeurs au niveau
de leurs correspondants à l'étrangers et qui sont
rémunérés. Leur préférence dans la
distribution du crédit va donc en faveur d'actifs sûrs et aussi,
sur le court terme traduisant une aversion pour le risque. L'exigence de
sûretés réelles en sus des taux usuraires décourage
les détenteurs de bons projets qui ont de plus en plus recours à
l'autofinancement où aux lignes de crédits destinés au
financement des PME/PMI (CF :tableau de financement des PMI/PME) .
Les banques poursuivent une logique de distribution du
crédit fondée sur la recherche du maximum de profit. C'est ce qui
explique que les secteurs véritablement productifs (ayant des effets
d'entraînement sur d'autres activités économiques et donc
une forte valeur ajoutée induite) ne bénéficient pas de
suffisamment de crédits eu égards à leur contribution
relativement faible dans le RIB. De plus, les taux de croissance erratique
constatés au Sénégal ne plaident pas à une reprise
de la confiance des banques primaires en l'économie. C'est ainsi que les
taux de croissance négatifs sont souvent suivis d'un repli du
crédit, et inversement. La distribution du crédit est
plutôt favorable aux crédits à court terme.
Le redéploiement des crédits à moyen et
long terme dans les secteurs réellement productifs, passe par un effort
dans ces secteurs considérés pour se placer dans un sentier de
croissance stable, permettant ainsi un certain optimisme sur leur avenir, qui
incite les banques primaires à augmenter le volume de crédits qui
leur est octroyés.
Depuis la dévaluation, avec le retour de la
croissance, les CRECO ont renoué avec la croissance à la hausse.
Les efforts financiers des banques ont surtout porté sur les
crédits à terme. Cependant, leur distribution sectorielle s'est
fait au bénéfice du secteur tertiaire, alors que la
stratégie de croissance et de création d'emploi cible les secteur
primaire et secondaire qui sont à forte valeur ajoutée. Les
banques commerciales ont une position débitrice vis à vis de
l'Etat.
Depuis le restructuration du secteur bancaire, les seules
banques à avoir distribué des bénéfices sont la
CNCAS (1991 et 1992) et la CITIBANK (1993 ; 1994 ). La phénomène
de surliquidité peut alors être interprété comme une
stratégie des banques pour minimiser les risque de l'activité
économique réelle grâce à une ventilation judicieuse
des crédits qu'elles octroient en vue de satisfaire la
sécurité de dépôts et la rentabilité
légitime que leurs actionnaires sont en droits d'attendre de leur
investissement.
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