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La surliquidité des banques et l'investissement au Sénégal


par Amadou Mbaye DIOP
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (UCAD) - DEA PTCI 1998
  

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CONCLUSION.

Les banques sénégalaises pratiquent une politique sélective de crédits traduisant une situation de «credit crunch ». Ainsi, malgré la baisse continue des taux d'escompte de la BCEAO, les banques pratiquent toujours des taux usuraires et exigent des sûretés réelles. Les efforts de la banque centrale pour promouvoir le financement de l'investissement sont ignorés par les intermédiaires monétaires qui privilégient les crédits au gouvernement, aux grandes entreprises (qui sont à dominantes étrangères), aux institutions financières non monétaires et la détention de comptes créditeurs au niveau de leurs correspondants à l'étrangers et qui sont rémunérés. Leur préférence dans la distribution du crédit va donc en faveur d'actifs sûrs et aussi, sur le court terme traduisant une aversion pour le risque. L'exigence de sûretés réelles en sus des taux usuraires décourage les détenteurs de bons projets qui ont de plus en plus recours à l'autofinancement où aux lignes de crédits destinés au financement des PME/PMI (CF :tableau de financement des PMI/PME) .

Les banques poursuivent une logique de distribution du crédit fondée sur la recherche du maximum de profit. C'est ce qui explique que les secteurs véritablement productifs (ayant des effets d'entraînement sur d'autres activités économiques et donc une forte valeur ajoutée induite) ne bénéficient pas de suffisamment de crédits eu égards à leur contribution relativement faible dans le RIB. De plus, les taux de croissance erratique constatés au Sénégal ne plaident pas à une reprise de la confiance des banques primaires en l'économie. C'est ainsi que les taux de croissance négatifs sont souvent suivis d'un repli du crédit, et inversement. La distribution du crédit est plutôt favorable aux crédits à court terme.

Le redéploiement des crédits à moyen et long terme dans les secteurs réellement productifs, passe par un effort dans ces secteurs considérés pour se placer dans un sentier de croissance stable, permettant ainsi un certain optimisme sur leur avenir, qui incite les banques primaires à augmenter le volume de crédits qui leur est octroyés.

Depuis la dévaluation, avec le retour de la croissance, les CRECO ont renoué avec la croissance à la hausse. Les efforts financiers des banques ont surtout porté sur les crédits à terme. Cependant, leur distribution sectorielle s'est fait au bénéfice du secteur tertiaire, alors que la stratégie de croissance et de création d'emploi cible les secteur primaire et secondaire qui sont à forte valeur ajoutée. Les banques commerciales ont une position débitrice vis à vis de l'Etat.

Depuis le restructuration du secteur bancaire, les seules banques à avoir distribué des bénéfices sont la CNCAS (1991 et 1992) et la CITIBANK (1993 ; 1994 ). La phénomène de surliquidité peut alors être interprété comme une stratégie des banques pour minimiser les risque de l'activité économique réelle grâce à une ventilation judicieuse des crédits qu'elles octroient en vue de satisfaire la sécurité de dépôts et la rentabilité légitime que leurs actionnaires sont en droits d'attendre de leur investissement.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus