Quand la violence impacte la relation soignant-soignépar Clara Kuntz iFMS Mulhouse - Diplôme d'Etat d'Infirmier 2019 |
1.2) Les différentes formes de violences.La violence peut se manifester de différentes formes. On retrouve la violence physique se manifestant par des atteintes physiques comme des coups, des projections d'objets, des bousculades etc. portées à autrui dans le but de le blesser, d'avoir un contrôle sur lui, ou de lui nuire. Il y a la volonté d'intimider la personne, de créer un sentiment de peur, et d'avoir une emprise physique sur elle. On retrouve aussi la violence psychologique qui se manifeste par des critiques, de l'intimidation, des insultes etc. La violence psychologique est aussi grave que la violence physique car elle est un facteur des sentiments de peur, d'insécurité, d'humiliation. La violence psychologique marque profondément la victime. Cette forme de violence a la particularité d'être difficile à détecter car elle ne laisse pas de traces directement visibles comme les marques de coups par exemple. Elle peut donc facilement passer inaperçu. Cela demande à l'entourage de la victime de porter une attention particulière aux éventuels propos de cette personne, à ses changements de comportement inexpliqués pour pouvoir lui venir en aide etc. La philosophe Claire Marin, à travers son ouvrage Hors de moi24(*), nous expose un concept différent. Celui de « la violence symbolique ». Elle explique que « la froideur dans les prescriptions », les difficultés de compréhension des discours médicaux, ou encore la pathologie en elle-même peuvent créer chez un patient un « sentiment de dépossession ». Elle qualifie cela d'un effacement de « la vie ordinaire ». Elle évoque même le terme d'un « exil hors de soi ». On comprend bien qu'à travers les propos de cette philosophe que l'identité du patient, sa manière d'être, de vivre, de choisir, et de maitriser le court de sa vie est alors altéré. Le patient est victime de sa pathologie, et de tout ce que cela implique. Sa vie est bouleversée par une suite d'événement sur lesquels il n'a plus le contrôle. Il ne peut garder la maitrise sur quelque chose qui s'impose à lui, et cela devient une angoisse parfois extrême. Dans cette forme de violence personne n'a la volonté de faire du mal à autrui. Il s'agit d'un évènement sur lequel personne n'a le contrôle, entrainant un ensemble de changement dans la vie d'une personne qui ne s'attendait à rien de tout ce qu'elle doit vivre. On peut retrouver une autre forme de violence. Les violences dites économiques. Par définitions elles se caractérisent par le fait de priver quelqu'un de ses biens, de ses revenus, ou de ses ressources. Didier Sicard, médecin et ancien président du comité consultatif national d'éthique expose le fait que les hôpitaux sont soumis à des choix budgétaires qui impliquent parfois toute une réorganisation, la prise de nouvelles décision25(*). Il s'agit comme le caractérise Catherine Le Grand-Sebille, socio-anthropologue et enseignante-chercheuse à la faculté de Lille, d'une « pression économique sur les établissements de santé »26(*). Ces choix là peuvent être alors à l'origine de la priorisation des soins techniques au détriment des soins relationnels. Cela peut s'expliquer par un manque de temps, de moyens matériels ou encore humains. En effet, Docteur Sicard, parle lui, de la logique comptable des établissements de santé comme ce qui entraine le fait de « privilégier les aspects biologiques [...] de la médecin au détriment de ses autres dimensions »27(*).
* 24 Marin, C. Hors de moi. Paris. Allia. 2008 * 25 Sicard, D. L'évolution éthique à l'hôpital à l'heure de la tarification à l'activité. Ethique et santé. Paris. Elsevier Masson vol 7 n°3. Septembre 2010. P 148-151 * 26 Le Grand-Sebille, C. Formes et raisons de la violence à l'hôpital. Bientraitance et relation de soins. Soins n° 805. Paris. Elsevier Masson. mai2016. P 29. * 27Sicard, D. L'évolution éthique à l'hôpital à l'heure de la tarification à l'activité. Ethique et santé. Paris. Elsevier Masson vol 7 n°3. Septembre 2010. P 148-151 |
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