Quand la violence impacte la relation soignant-soignépar Clara Kuntz iFMS Mulhouse - Diplôme d'Etat d'Infirmier 2019 |
1.3) Gestion de la violenceSi l'on veut réagir face à la violence il est nécessaire de la reconnaitre, et de chercher à mettre en oeuvre des moyens afin de maitriser au mieux la situation. Pour madame Françoise Bourgeois, la violence doit toujours être gérée en équipe. Elle explique qu'il est important de mettre en place des réunions qui favorisent des « temps d'expression »28(*). Il est nécessaire de permettre à chaque soignant de s'exprimer, de mettre en lumière ses difficultés et d'y réfléchir en équipe pour ne pas laisser un soignant seul face à une situation qui l'a mis en difficulté. Cela permet aussi à l'équipe de soins de se rendre compte des éléments déclencheurs de la situation et de pouvoir alors proposer des solutions adaptées aux difficultés du patient. MadameBalahoczkyexplique que pour apporter des réponses à une situation de violence il est important « de renforcer ses capacités de défense contre un agent stressant en augmentant l'estime de soi, en créant un climat de confiance, en favorisant le développement de la capacité à faire face »29(*). Pour elle, il est important d' « - Encourager la personne à exprimer verbalement sa colère et son hostilité, au lieu d'agir par des actes compulsifs. - Aider la personne à identifier les facteurs qui augmentent son stress. - Inviter la personne à chercher plusieurs réponses ou alternatives dans une situation donnée. - Eviter d'augmenter sa sensation d'être prise au piège. Le deuxième niveau consiste à agir sur l'environnement ; parmi les actions possibles, retenons : - Eloigner la personne de la source de stress. - Diminuer les pressions extérieures. - L'aider à identifier un système de support dans son entourage. - Réduire les stimulations sensorielles. - Encourager la personne à retrouver le contrôle de sa situation »30(*). En matière d'adaptation à un évènement bouleversant, ou stressant comme une situation de violence la victime peut mettre en place des méthodes de défenses. Il est important de distinguer « les défenses psychiques » des « stratégies de coping »31(*). En effet, les défenses psychiques sont inconscientes, alors que les stratégies de coping sont conscientes. Tout d'abord il y a plusieurs stratégies de coping, comme l'explique Docteur Da silva, basées sur « les difficultés et sur les émotions »32(*). Les stratégies centrées sur les difficultés vont permettre à la personne de faire face à la situation en s'y adaptant. Par exemple une personne qui présente un problème de santé va consulter un médecin. C'est une manière de s'adapter à la situation en y apportant une réponse logique. Les stratégies centrées sur les émotions permettent de les réguler pour pouvoir faire face à la situation qui nous pose problème. Par exemple lorsqu'une personne est confrontée à une situation qui est difficile pour elle, le fait de minimiser les évènements va lui permettre de s'adapter à ce qui est source de problème. C'est une manière de détourner les évènements pour arriver à les accepter avec plus de facilité. Ces stratégies de coping sont extrêmement variées, plusieurs classifications ont été proposées. La typologie réalisée grâce aux travaux de Houston, de Skinner, Edge, Sherwood nous propose une classification en trois familles33(*). La première des stratégies relève de la « confrontation aux problèmes »34(*) (recherches de solutions par exemple), la deuxième celle de « l'évitement »35(*), et la troisième est celle de la « confrontation improductive »36(*) (comme l'agression, la rumination etc.) Ces trois grandes familles sont toutes divisées en deux catégories qui sont, la sphère cognitive et la sphère comportementale. La sphère cognitive permet d'apporter des solutions à l'émotion, par l'utilisation de distraction mentale, l'acceptation, la planification mentale etc. La sphère comportementale permet de proposer des solutions à la situation grâce à l'utilisation de l'évitement, par l'agression, etc. Lorsqu'un individu est confronté à une situation qui s'avère être source de difficulté émotionnelle, de stress, de peur etc. Cette personne va mettre en place des mécanismes de défenses pour s'adapter à la situation. Comme l'explique Docteur Henri Chabrol37(*), Ils font partie intégrante du fonctionnement psychique. Ils ne sont considérés comme étant anormaux uniquement lorsque la personne les utilise de manière abusive. Docteur Chabrol expose le fait qu'en psychologie il existe une liste d'environ vingt-neuf mécanismes de défenses, parmi lesquels on retrouve la dénégation, le déni, l'humour, le refoulement etc. * 28 Bourgeois, F. Violences et soins. Définir et repérer les situations de soins sources de violence. La revue de l'infirmière n°217. Elsevier Masson. Janvier 2016. P 46. * 29Balahoczky, M. la violence dans les soins : la repérer et la gérer, revue médicale suisse n°85, 2006 https://www.revmed.ch/RMS/2006/RMS-85/31746 * 30 Ibid. * 31 Da silva, M. Psychologie de la santé - Cours IFSI Mulhouse. Année 2016-2017. * 32Ibid. * 33Luminet, O. Psychologie des émotions. Typologie réalisée à partir des travaux de Houston, de Skinner, Edge, Altman et Sherwood. De Boeck. Année 2013. P 158-160. * 34 Ibid. * 35 Ibid. * 36 Ibid. * 37 Chabrol, H. Les mécanismes de défenses. Recherches en soins infirmiers. Année 2005. P 31-42. |
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