2.2.3. Résultats et
interprétation du modèle de gravité
Notre variable dépendante est représentée
dans le modèle par les exportations des pays africains. L'estimation du
modèle permet d'identifier quatre (4) blocs de variables : le bloc
des variables traditionnels (PIB, Dist), le bloc des variables de
résistance multilatérale (Infl), le bloc des variables muettes de
contrôle (MonU, Enclav, Froncom, Langcom, Coloncom) et enfin, le bloc des
variables muettes d'intégration (UEMOA, Fta).
Les coefficients des variables traditionnelles
présentent les signes attendus conformément à la
théorie. Le PIB du pays exportateur contribue positivement et
significativement à 1% à son commerce bilatéral. La
croissance du PIB entraine un pouvoir d'achat supplémentaire. Le pouvoir
d'achat supplémentaire favorise les importations accroît les
moyens de production et avec un effet multiplicateur sur la production et le
volume des exportations. Par conséquent, le commerce total du pays
augmente. Cette analyse est pareille pour le pays importateur.
La distance réduit le volume du commerce
bilatéral. Ce résultat implique que toutes choses égales
par ailleurs, l'augmentation de la distance d'une unité entre deux pays
réduit leur commerce bilatéral de 0,49 unités. Ces
résultats reflètent ceux obtenus dans les études
antérieures (Avom, 2005 ; Gbetnkom et Avom, 2005 ; Gbetnkom,
2006 ; Agbodji, 2007).
Les signes associés à la variante de
résistance multilatérale (inflation) sont positifs pour les
partenaires et globalement significatifs à 1%. Notons que l'augmentation
des prix dans le pays i explique positivement et significativement ses
exportations ainsi que son commerce total. Cela signifie qu'un niveau
général des prix qui augmente constitue une capture de rente pour
le pays exportateur, notamment lorsque la demande de ses produits continuent
d'être forte. Nous pouvons donc dire que c'est l'élasticité
de la demande étrangère face aux prix domestiques qui explique ce
phénomène. L'analyse du niveau d'inflation dans notre
modèle révèle que l'augmentation de l'inflation dans le
pays i augmente son commerce bilatéral. C'est le même cas pour le
pays j. L'augmentation du commerce du pays j avec l'inflation pourrait
s'expliquer par le fait que, malgré les coûts de transaction
seraient théoriquement élevés, les pays partenaires
parviennent à augmenter leurs marges commerciales.
Quant aux variables muettes de contrôles nous avons des
coefficients avec des signes attendus et significatifs. Les partenaires qui ont
une langue commune commercent 0,41 fois plus entre eux qu'avec les autres.
L'enclavement d'un pays ne favorise pas les échanges. Et les
échanges avec le pays colonisateur réduit le commerce
intra-africain. Les résultats du modèle montrent que
l'appartenance à un accord commercial et à une zone
monétaire unique exerce une influence déterminante sur le
commerce entre les économies membres. Par conséquent, les pays
qui partagent une monnaie unique échangent 0,32 fois plus que les pays
hors de l'union monétaire. Ces résultats confirment donc
l'idée selon laquelle « l'harmonisation des politiques
commerciales accroît les échanges commerciaux dans
l'UEMOA ». Cependant, faut-il signaler que son effet est faible et
non statistiquement significatif. Il est important de rappeler que l'un des
problèmes que soulève l'analyse des effets de
l'intégration en Afrique de l'Ouest est de distinguer l'impact
spécifique des aspects monétaires par rapport à celui des
accords commerciaux. Cette difficulté serait liée à celle
de la création ou du détournement des flux. Par
conséquent, l'effet de détournement de flux commerciaux pourrait
être lié aux caractéristiques même de l'union
douanière (Tarif extérieur commun). Car la nature même du
régime monétaire (ancrage sur l'euro, garantie de
convertibilité) plaide pour plus d'ouverture commerciale (Guillaumont,
2002) (table 16).
Table 16: Résultats économétriques
Source : auteur, à partir du logiciel STATA
2015
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